mercredi 21 avril 2021

Lens # 2

Nous sommes prêts de bonne heure pour accéder au but de notre voyage : 
Le Louvre Lens, le musée.
Pris par le temps, nous bâclons quelque peu la fin de l’exposition très complète pour ne pas manquer notre rendez-vous au comptoir de l’Office du Tourisme. 
Un petit groupe s’y forme autour du guide.
Il doit nous faire découvrir la mine autour du Louvre.
Le musée est construit sur l’ancien puits n° 5, rasé puis comblé avec les gravats de démolition, et de ce fait, il est un peu plus élevé que la rue et le stade proche.
La végétation actuelle « sauvage » rassemble essentiellement  des essences  méditerranéennes.
En effet, les bois d’étayage en pin avaient des écorces  imprégnées de pollens qui se sont implantés dans les sols de la mine alors qu’ils n’arrivaient pas à s’adapter dans les jardins.
Il ne reste des corons d’origine que quelques exemples tronqués.
C’était une grande barre horizontale cloisonnée en maisons identiques mais ses fondations reposaient sur un terrain fragile et instable, au- dessus de galeries minières.
Un autre style d’habitat apparait alors dans la rue d’en face, composé de pavillons plus vastes prolongés par un jardin à l’avant et un potager à l’arrière. Un agent surveillait l’entretien côté rue qui devait jouer le rôle de vitrine. Au début de la rue, près de la mine une maison bourgeoise, au loyer plus cher, était dévolue à l’ingénieur. En face, l’autre maison cossue était réservée au médecin, située au plus près de la mine en cas d’urgence. Des religieuses tenaient le dispensaire mitoyen.
Une  école  recevait tous les enfants  divisée en partie ménagère pour les  filles  et une partie plus scolaire pour les garçons.
Enfin une église de style campagnard complète ce quartier ouvrier ; clocher hollandais, porte de grange, absence de décoration et de statue, toiture percée d’ouvertures triangulaires la caractérisent et la rapprochent plus d’un temple que d’une paroisse catholique. Le paternalisme des patrons s’affirmait jusque dans l’absence d’estaminet  près et dans  la mine, où il était interdit d’emporter de l’alcool, on favorisait  plutôt la chicorée. L’unité de tous les bâtiments est accentuée par l’usage de la briquette rouge.
Nous ne nous éternisons pas à la fin, pressés encore par le temps et contents de nous éloigner de deux dames très envahissantes, retardant  le groupe par des commentaires sans intérêt ou répétant ce qui venait d’être dit, «  faisant leur prof ».
D’un coup de voiture, nous rejoignons  le centre-ville pour notre 2ème visite guidée autour de l’art déco à Lens. Les 2 employés de l’Office du tourisme nous offrent un verre d’eau fraiche  bienvenu avant de repartir sans autres touristes  avec Aloïs, le même accompagnateur que pour la mine.
Quand Lens est libéré par les Anglais, plus  aucun bâtiment ne tient debout, la destruction est totale. Cependant les gens reviennent s’installer dans leur cave ou dans des abris en demi-lunes recouverts de tôle. Le 1er édifice reconstruit est l’église, le reste nécessitera beaucoup plus de temps. Dans les années 20, le choix des maisons et des façades est proposé par des  catalogues. Nous commençons notre circuit par l’immeuble occupé aujourd’hui par l’office du tourisme, lui même. 
Cet ancien magasin de porcelaine art déco« A la ville de Limoges » porte encore son nom au sol à l’entrée  et sur le fronton sous fond de mosaïques colorées. A côté, une façade se distingue  par des pignons à redents de caractère plus nordique.
Beaucoup de maisons sont dotées de garde corps significatifs ainsi que de bow-windows, d’ornements végétaux, de cannelures ou de tourelles, éléments prisés à cette époque.
L’architecture s’inspire parfois des grands magasins en adoptant de baies vitrées juxtaposées favorables à l’entrée de la lumière.
Quant à la gare, elle ne manque pas d’originalité : elle prend la forme d’une locomotive dont l’horloge constituerait la cheminée.
Divisée en  cinq modules portés par un terrain troué comme du gruyère, elle est équipée de vérins hydrauliques permettant de hausser l’une des parties en cas de nécessité.
Les ferronneries et une frise de losanges, rouges, sont les seuls éléments décoratifs concédés car les fondations engloutirent tout le budget.
L’intérieur possède un plafond voûté  fait de pavés de verre sertis dans du béton, apportant de la lumière. Des mosaïques horizontales de style cubiste courent  le long des murs ; elles célèbrent d’une part  la mine et les mineurs coiffés de leurs barrettes (casques) allant et revenant du travail.
D’autre part, elles mettent en valeur l’ère industrielle, les machines et les  transports (bateaux, camions,) qui ont un  besoin impératif du charbon.
Nous traversons la rue pour faire face à l’emplacement de l’Apollo. La façade art déco de cette ancienne salle de cinéma et de spectacle réputée, trop vétuste, a dû être abattue. Mais l’entrepreneur  chargé des travaux pour un  hôtel de luxe  s’est engagé à restituer à l’identique ce bien patrimonial.
Aloïs n’a pas compté son temps et son énergie devant pourtant un public réduit, avec une prestation de qualité et une passion bien transmise.

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