mardi 7 novembre 2017

Crevaisons. Larcenet Casanave.

Je n’avais pas croisé Larcenet depuis deux ans
alors cette « aventure rocambolesque du soldat inconnu » était bien tentante, tant j’apprécie la variété de sa tendre production.
Un homme vit dans un cimetière ; ayant envie de voir du pays, il s’aventure au-delà des murs pour n’apercevoir que d’autres tombes à perte de vue.
Revenu dans son gourbi, le voilà en présence du « soldat inconnu » qui ne mérite pas forcément d’être connu, mais « à la guerre  comme à la guerre »…
Je trouve que ce récit se lit trop vite : ne connaissant pas le punk rock qui occupe plusieurs pages dans la langue des Sex Pistols et des Clash, un texte traduit est bienvenu :
« Léon part pour le front,
La fleur au canon
En chantant comme un con
" C'est nous qu'étions les bons "
Il est content, il a raison,
Il va morfler pour la nation
Quatre ans dans les tranchées,
Ta fleur est toute fanée
Mais mec si tu t'voyais,
Je serais toi j'm'inquièterais
Et il tire sur les teutons,
Pour la patrie, pour la nation
On est le 11 novembre,
Tu t'es pas fait descendre
Tu as même tous tes membres
Mais ton cœur est en cendre »
Sous un titre coriace, le propos est pacifiste et un retour vers ces années qui amenèrent 10 millions de morts sous terre n’est pas inutile, malgré quelques inscriptions au dessus des croix :
« Se souvenir n'est pas produire » ou « Honorer ses défunts, c'est négliger son gagne-pain ».

lundi 6 novembre 2017

Au revoir là-haut. Albert Dupontel.

La bande annonce laissait craindre trop de scènes baroques pour décrire une époque impitoyable, mais encouragé par des avis favorables, j’ai apprécié ces deux heures de cinéma. Le premier plan est bien vu, à la suite d’un chien traversant le champ de bataille. La conclusion est plus convenue.
Entre temps les péripéties s’enchaînent, les images aux angles multiples sont magnifiques, patinées à souhait, le salaud est vraiment typé, et les malhonnêtetés de deux rescapés du grand carnage, pardonnables.
Les thèmes abordés sont forts : quand le « stress post- traumatique » concernait des nations entières, quelles traces garder pour un futur rédempteur? « L’arnaque était monumentale »
Les différences de classes perdurent voire paraissent avec encore plus d’évidence en regard de la fraternité entre poilus quand la mort frappait à égalité. Les identités des vivants et des morts sont trafiquées. Les masques pour cacher le visage arraché d’un artiste soulignent la comédie tragique de cette période insensée, tout en évoquant le riche contexte culturel de l’époque.
Bien que portée à son paroxysme, la haine du fils à l’égard de son père offre une scène poétique qui à mon avis, enlève de la force à un des fils conducteurs d’un scénario bien mené. Il parait que le film est fidèle au livre de Pierre Lemaitre qui obtint le Goncourt en 2013, mais si le réalisateur Dupontel est convainquant, son personnage naïf est joué d’une façon qui m’a semblé quelque peu mécanique, alors que son partenaire dissimulé est plus émouvant.   

dimanche 5 novembre 2017

En état d’urgence. Mathieu Madénian.

Les comiques variés venus à Saint Egrève aiment souvent jouer avec le manque de notoriété de la commune: 
L’ancien de chez Drucker et chroniqueur à Charlie qui se produisait chez nous avait bien retenu, ce qui fonde notre identité, depuis toujours et jusqu’au fond des campagnes de l’Isère : l’hôpital psychiatrique.
Et toute la soirée fut aussi directe, « sans filtre », rafraîchissante, émouvante, rythmée, sincère, drôle.
En ces temps où les plagiats en littérature de Macé-Scaron, Attali, PPD, Minc… finissent par s’oublier, c’est au tour des humoristes, Gad Elmaleh, Arthur, Jamel Debbouze,Tomer Sysley… s’inspirant trop servilement des textes de collègues américains.
Cette fois, quelques vannes de l’artiste intéressant qui se produit en première partie, Ahmed Sparrow, sont reprises par le natif de Perpignan : qui a commencé ?
Mais l’heure et demie de Madénian est bien personnelle et si les jeux avec le public m’embarrassent toujours, quelques récits d’enfance parlent aux spectateurs vite emballés.
Ainsi la caricature des jeunes choyés d’aujourd’hui avec des grands parents ne laissant pas aller leurs petits enfants au jardin par peur du danger, alors que lorsqu’ils étaient parents, ils distribuaient force claques à l’aveugle dans la voiture enfumée.
Le choix de la musique de « La vie en rose » en version live, pour l’enterrement de la tante qui « avait pris toute sa vie ses cinq fruits dans la sangria », a fait que son cercueil est entré dans l’église sous les applaudissements.
Il vaut mieux se retenir de rire de peur de rater la saillie suivante, la boutade qui fait mouche à venir, l’improvisation qui surprendra : ça va vite.
Son trash joue à cache-cache avec la tendresse et fait du bien.

samedi 4 novembre 2017

Charles. Le Un. FF.

Alors que le papier journal ne sert surtout plus à emballer le poisson, la découverte, au prix de quelques arbres, de revues et journaux relativement neufs peut être réjouissante.
La revue « Charles » trimestrielle en est à son 22° numéro. La présence de son rédacteur en chef Arnaud Viviant au « Masque et la plume » laissant supposer une certaine finesse, le dossier «  littérature et politique » m’a convaincu d’aller voir de plus près.
« Charles » prénommé comme "notre général", laisse deviner une certaine élégance à l’imitation de « George » de John John Kennedy dans les années 90.
Ce numéro rédigé avant l’élection d’ Emmanuel Macron dépasse les petites histoires sitôt dites sitôt oubliées. Par ailleurs dans la série des goodies ( produits dérivés) en politique, je n’avais pas souvenir de l’humour des jeunes républicains distribuant sur les plages des préservatifs sous l’intitulé : « Merci pour ce moment ».
Je n’ai pas lu le texte de l’ « allergique administratif », Thomas Thévenou,  se glissant dans la peau de Mitterrand, mais n’ai pas manqué un mot de l’interview de François Bayrou qui se fait rare, par l’ancien directeur de campagne d’Alain Juppé,  E. Philippe, ni les anecdotes d’Anne Fulda qui vient d’écrire «  Un jeune homme si parfait » au sujet de notre juvénile président, ajoutant:
«  François Baroin n’est pas un gentil ».
Yann  Moix, « mec de gauche de droite » est vraiment dans l’air du temps, et Henri Guaino ou Bernard Pivot, tellement monde ancien, restent intéressants. J.L Debré est connu pour avoir écrit quelques polars mais c'est aussi le cas d’Eva Joly, Eric Halphen, Alain Lipietz et Edouard Philippe. Le récit de la mauvaise fortune des « Editions du moment » pariant sur des livres suivant l’actualité dans l’instant est instructif. « Le roman vrai de DSK » par exemple n’a pas  rencontré son public alors que « Carla et Nicolas » avait bien marché. La rencontre de la littérature et de la politique est d’une autre teneur avec Léon Blum, critique littéraire se retrouvant avec Barrès devant la dépouille de Jaurès et le nationaliste de confier :
«  Votre deuil est aussi le mien ».
Figurent aussi  dans ce numéro: le proustien Bruno Lemaire, le plus jeune maire de France, Marcela Iacub en littéraire victime de la politique. Cécile Guilbert nostalgique de la culture inouïe des révolutionnaires de 89 regrette qu’Hollande n’ait pas connu Shakespeare pour prévenir les trahisons ou Balzac et Stendhal pour mieux voir venir l’élève de Paul Ricœur qui cite volontiers René Char.
«  Le un » en est à son 163° numéro d’hebdomadaire en traitant chaque fois une seule question d’actualité avec plusieurs regards, sous une forme dépliante passant du format A4 au A3 puis à son double. L’agencement m’a paru plus innovant que le fond, concernant cette fois : «  que dit la chanson de notre époque ? » L’équilibre est respecté entre les contributeurs  inconnus Georgio ou Safia Nolin et les plus chevronnés Dick Annegard, Jeanne Cherhall, Camille, Albin de la Simone. J’ai  par contre été déçu par mes chers Philippe Meyer, Yves Simon et le tellement conventionnel Didier Varrot qui ne veut surtout pas l’être, citant sempiternellement Souchon et Renaud, avec évidemment Gainsbourg à la rescousse dans deux articles à propos de la chanson «  art mineur ». 
Les dessins ne sont pas très neufs non plus.
Finalement la nouveauté la plus fraîche viendrait à mon goût de France football comptant 3000 numéros derrière lui qui peut séduire dans sa nouvelle formule à la maquette dynamique, tout en  rappelant des souvenirs anciens. Le foot est une nostalgie,  qui se met  au goût du jour en adoptant un ton mordant et rigolo avec Julien Cazarre et ses « tacles à retardement ». Un making off lors d’une interview complète est bienvenu, assurant le recul nécessaire et la transparence attendue dans toute entreprise de presse. Et ils savent de quoi ils parlent, eux, quand ils analysent l’évènement Neymar.

vendredi 3 novembre 2017

Votez pour moi ! La clique des Lunaisiens.

«  La droite qui boîte, emboîte, déboîte ses preux.
    La gauche qui fauche, qui embauche, débauche ses gueux.
    Le centre qui rentre son ventre, reste entre les deux »
A la MC 2, l’allègre trio lyrique nous a régalé de ses airs d’opérette XIX°, quand les clins d’œil valant pour le XXI° siècle ne manquent pas.
Le spectacle est plaisant mais ce recueil de chansons bien troussées m’a paru presque trop divertissant par rapport aux enjeux présents.
Pourtant les revendications féministes sont toujours d’actualité, les opportunistes toujours prêts, ceux qui se saoulent de grands mots, ceux qui se gavent, ceux qui se drapent dans le drapeau : on a les mêmes depuis des lustres.
Est-ce que la rime déprime de voir la persistance de tant d’injustices, de faux-semblants ?
Les musiques finissent-elles par être complices de la comédie du pouvoir ?
« Voulant pénétrer vos secrets ;
On dit c’est d’la politique !
Refrain :
Grâce à ce mot magique
On peut avec simplicité
Se moquer de la loyauté,
On peut, avec sérénité
Manquer à la moralité,
Ou s’arroger la privauté
D’ignorer la légalité
L’honnêteté, la dignité, l’équité
On peut n’avoir nulle capacité
D’un mot tout est escamoté,
Chut ! C’est de la politique »
Le document d’accompagnement proposé aux spectateurs comporte toutes les paroles des chansons bien que sopranos et baryton aient été clairs. Cette initiative prolonge notre plaisir et pourrait inspirer d’autres spectacles dont l’intelligibilité n’est pas forcément à la portée de tous.
…………..
Dessin du « Canard enchaîné » de cette semaine :

jeudi 2 novembre 2017

Caspar- David Friedrich. Gilbert Croué.

« Le voyageur contemplant une mer de nuages » de l’Allemand né au bord de La Baltique, en terre anciennement suédoise est devenu l’image même du romantisme : nous pouvons nous identifier au solitaire vu de dos, s’arrêtant face à l’infini.
 « Lorsque je donne à l’ordinaire un sens élevé, au commun un aspect mystérieux, au connu la dignité de l’inconnu, au fini l’apparence de l’infini, alors je les romantise. » Novalis
Apprécié par un cercle restreint de son vivant, oublié après sa mort en 1840, Friedrich trouvera la faveur du public dans la seconde moitié du XX° siècle; il fait bon de mieux le connaître avec un fidèle conférencier auprès des Amis du musée de Grenoble.
Le tempérament mélancolique de Caspar, on dirait dépressif, peut s’expliquer par une enfance tragique avec la mort de ses sœurs et de son frère disparu en le sauvant après que la glace ait cédé sous leurs poids. 
« Deux hommes au bord de la mer, au coucher du soleil ».
L’homme si petit face à l’infini, n’est pas une posture affectée chez lui.
« Deux hommes contemplant la lune »
Né dans « Le port de Greifswald » en Poméranie, dans la circonscription d’Angela Merckel, il reçoit une éducation d’un protestantisme rigoureux. Hormis une période de formation artistique à Copenhague, il s’éloigne très peu d’un axe menant de l’île de Rangen sur la Baltique à Dresde.
Dans cette ville intellectuelle, « La fenêtre ouverte » donne sur l’Elbe. A bien observer cette aquarelle sépia (encre de seiche), on aperçoit une partie de son visage dans le miroir.
Il marche beaucoup dans cette « Suisse saxonne », multiplie les dessins d’arbres, âmes de la nature, mais réinvente les paysages dans son austère atelier.
Pendant ses séjours en forêt, il ne rencontre âme qui vive, alors sa sensibilité en accord avec la nature interroge la création : « Portrait rupestre d'Uttewald ».
« Le retable de Tetschen » exposé parmi des cierges dans son atelier d’où il s’est absenté, deviendra un manifeste de la nouvelle peinture romantique.
 « Clos ton œil physique afin de voir d’abord avec ton œil de l’esprit. Ensuite, fait monter au jour ce que tu as vu dans ta nuit.  »
La subjectivité permettrait de retrouver l’unité perdue avec la nature.
 « Matin sur le Riesengebirge » : la bien aimée amène vers Dieu, vers la croix toujours sur les hauteurs.
Le « Paysage de Bohême » est sublimé.
« Ce qu'il y a de plus sublime dans les œuvres de l'esprit humain est peut- être aussi ce qu'il y a de plus naïf. » V. Hugo.
Parmi les sapins, une église également élancée vers le ciel, apparaît près d’un homme priant, ayant abandonné ses béquilles : « Eglise dans un paysage d’hiver »
Dans le « Paysage d'hiver » le chêne est foudroyé parmi d’autres arbres coupés, comme le furent tant de vies fauchées par les armées napoléoniennes.
Le nationalisme allemand naît à cette époque, la «  tombe hunnique » marque le territoire au moment où les thèmes nordiques reprennent vigueur et que se réinvente le moyen âge.
L’ancre abandonnée du « Port au clair de lune », au premier plan de la toile où bateaux et clochers se côtoient, symboliserait l’espérance religieuse attaquée par la raison d’une révolution récente venue de chez nous.
Le silence du « Moine au bord de la mer » est radical, sans compromis.
« Il n’est rien de plus triste et de plus pénible qu’une pareille situation dans le monde: être la seule étincelle de vie dans l’immense empire de la mort, […] comme dans sa monotonie et son infinitude il n’a d’autre premier plan que le cadre, on a l’impression, en le contemplant, d’avoir les paupières coupées. » Kleist
Il se marie à 44 ans, elle en a 19. Caroline est en rouge dans « Falaises de craie à Rügen ».
Le tsar Nicolas Ier avait acheté « Sur le voilier » à la trajectoire sûre, au mouvement paisible.
« Le Naufrage de l'Espoir » du nom du bateau que les puissantes mâchoires de glace ont broyé. « Cet homme a découvert la tragédie du paysage. »  David D’Angers
Parmi tant de cimetières souvent sous la neige, « L’entrée du cimetière » est peut être le plus poignant : un couple reste à la porte, la tombe de leur enfant est encore ouverte. 
« L'arbre aux Corbeaux », propriété du Louvre où la peinture allemande est peu présente, est de taille modeste comme beaucoup de ses œuvres qui donnent pourtant de l’ampleur aux paysages, où la centralité des éléments naturels n’était pas évidente pour ceux qui fréquentaient pourtant les musées.
Et pourtant « Le grand enclos » pourra inspirer Hodler ou Valotton.
Son portrait  par Gerhard von Kügelgen dit bien l’intensité du  regard de l’artiste :
« Le peintre ne doit pas seulement peindre ce qu’il voit devant lui, mais aussi ce qu’il voit en lui-même »
« Je dois me donner à ce qui m'entoure, m'unir aux nuages et aux rochers pour être ce que je suis »

mercredi 1 novembre 2017

Venise en une semaine # 7

Nous passons à la caisse de la Galeria de l’Accademia acquitter nos entrées à 12 € par personne, sans file d’attente avec comme d’habitude des informations en français.
L’expo permanente est située à l’étage où nous pouvons admirer de somptueux plafonds à caissons et à poutres apparentes peintes.
La première salle est entièrement consacrée aux peintures sur bois de style byzantin avec la forte présence de couleur dorée.
Le musée renferme des œuvres de Bellini, Carpaccio dont le miracle de la relique de la Sainte croix à Venise, Tiepolo, Bosch, beaucoup de scènes religieuses.






Notre billet donne droit à une exposition temporaire concernant des poètes interprétés, revisités par un peintre contemporain nommé Gastun.
Bof ! Après l’art raffiné et la volonté de faire partager une recherche esthétique, spirituelle, éthique des anciens, cet art de notre temps parait bien inintéressant et régressif, autocentré, épate bourgeois qui sont les derniers à s’en offusquer puisqu’ils investissent dans ce type d’oeuvres.
Nous rentrons nous reposer ¾ d’heure à notre logement, afin de poursuivre nos visites sans bâillements et coup de fatigue.
Puis parmi les « incontournables » qu’il nous reste à voir, nous choisissons la Ca d’Oro, que l’on a pu rejoindre à pied par un chemin que nous commençons à connaître.
Heureusement que Le routard nous avertit à propos de l’étroit boyau dans lequel s’engager pour trouver la porte d’entrée discrète, que nous n’aurions pu remarquer sans l’affiche : « Sérénissime trame, tappei delle collezionne Zaleski e dispenti del rinascimento ».
Surpris, nous entrons demander s’il y a une expo permanente car une expo de tapis… ne nous inspire pas vraiment. Nous tentons l’expérience en pensant au moins profiter de la beauté du lieu. Nous ne sommes pas déçus ! Au rez de chaussée, une fois passé le petit patio nous accédons à un grand espace au pavement polychrome magnifique ouvert sur le canal, encadré par de fines colonnes dominées par des rosaces comme des fleurs de pierre, ou les nervures enserrant des vitraux, mais laissant passer ici l’air et le regard. Un puits et un escalier extérieur dans un style gothique pavé de marbre blanc sculpté participent à la richesse du lieu. Les hauteurs de crues exceptionnellement hautes sont soulignées d’un trait avec la date correspondante sur un pilier. Nous verrons plus tard du vaporetto que le perron de réception qui permet l’accès par voie d’eau est légèrement immergé c’est que le palais s’enfonce peu à peu.
Sur un mur, une silhouette projetée se déplace de haut en bas, seule présence sobre et moderne dans cet environnement qui exsude la richesse de ses anciens propriétaires et fondateurs. Nous entamons la visite de la collection Zaleski.
Elle propose beaucoup de tableaux, surtout des vierges à l’enfant du XII° et XIII° et des Saint Sébastien, sujets largement abordés dans les musés visités aujourd’hui, comme les anges rouges en escadrille, putti voyants accompagnant les scènes de la vie de la vierge. Quelques statues en bronze ou en terre (miniature de la statue du Nil appartenant aux quatre fleuves du Bernin de la fontaine de la place Navone à Rome).
A l’étage supérieur, d’immenses tapis étalés ou suspendus remplissent les salles souvent dans une dominante de rouges. Usés, laissant apparaître le quadrillage de la trame, ils datent du XVI° siècle et de temps immémoriaux pour ce type d’objets difficiles à conserver.
Nous comprenons leur présence dans un musée de peinture grâce à une petite vidéo sous titrée en anglais qui attire notre attention sur la présence et l’importance de tapis dans une multitude de peintures d’Italie ou des pays nordiques.
Venus d’abord d’Anatolie à Venise, ils s’affichent à l’intérieur comme à l’extérieur posés à cheval sur les rambardes des balcons, comme nappes sur les tables. Ainsi Holbein les place, modèles à l’appui, soignant les détails et la finesse de ces véritables œuvres dans l’oeuvre. La juxtaposition tapis/tableau renforce le propos de l’expo. Nous regardons ensuite différemment la variété des tapis, jouant plutôt avec les lignes et les dessins géométriques dans la production de la Turquie, plutôt avec des représentations florales ou animalières dans la production persane.
Des deux étages nous pouvons accéder au profond balcon donnant sur le Canal Grande où circulent vaporetti, gondoles et bateaux à moteur plein de touristes admiratifs. Pour une expo prévue afin de remplir une fin d’après midi, nous ressortons satisfaits d’avoir appris et avoir été surpris agréablement. Je suis quand même étonnée du peu de monde présent à l'intérieur de tous ces musées dans lesquels nous sommes entrés depuis le début du séjour, même si les lieux investis par Pinault recevaient un peu plus de gens, ce n’est pas la foule !
Par contre les rues grouillent de touristes et les langues se mélangent dans un brouhaha d’où sont absents les vrombissements des voitures et autres bus.
Nous remontons une fois de plus par le rio San Leonardo avec une halte au "Spar" installé dans un ancien théâtre, pour renouveler notre provision de biscuits vénitiens avant de suivre les indications du Routard : circuler en vaporetto dans toute la longueur du Grand Canal, voie unique au monde, et découvrir les palais qui le bordent.
Dommage que le soleil ait disparu derrière les nuages, puis de l’horizon.
Nous descendons à la station San Marco et nous nous promenons pour la première fois de notre séjour sur l’immense parvis de la basilique San Marco. Des deux galeries latérales s’échappent des musiques produites par des orchestres de chambre qui se concurrencent : piano, violon, clarinette et contrebasse. Un quatuor est disposé devant le café Florian face au palais des doges. La nuit tombe, nous nous restaurons d’une pizza précédée de la dégustation d’un Spritz consommé dans une venelle proche de la célébrissime place de la Sérénissime.






La journée se termine par la remontée du grand canal de nuit, dans une ambiance magique mais, sans clinquant. Des ombres chinoises se dessinent par les fenêtres éclairées des palais dont on aperçoit les plafonds et les lustres luxueux.