lundi 16 novembre 2009

Le ruban blanc.

Un grand film, celui de la beauté du diable.
Contrairement à ce que je craignais : une démonstration sans nuance sur les origines du mal ; notre liberté de spectateur est totale, avec des nuances voire des contradictions portées par des images superbes, et des acteurs inoubliables, qu’ils expriment la dignité ou la perversité. Les portes restent fermées sur bien des secrets, mais ces deux heures et demie nous marquent. Je n’ai pu m’empêcher de penser au film « 1900 » puisqu’il s’agit aussi de la chronique d’une communauté paysanne et j’ai mesuré tout ce qui séparait ce film du Nord noir et blanc, miroir de notre siècle cruel, de celui de Bertolucci odorant, coloré, porté par l’énergie de la lutte pour un monde meilleur : les années 70 sont mortes. Les enfants, nombreux derrière les volets clos savent les noirceurs du monde, et il n’y pas que les coups de verge assénés qui sont violents. Les moments de paix ne durent pas, les rares fêtes finissent mal et s’il y a bien un enfant encore innocent, il n’entame pas la sévérité paternelle. L’instituteur qui tient le fil du récit, a renoncé à son métier. Un film pour aujourd’hui.

dimanche 15 novembre 2009

Objet mystérieux

Un ami a trouvé chez un tonton bricoleur ces douze pièces en deux tailles différentes.Une inscription "marque déposée" est gravée sur chaque barrette dentelée.
Si un lecteur de ce blog connait leur usage, et qu'il nous le fasse savoir, nous serons contents de lever ce petit mystère.

L’homme à (la) tête de chou

Marilou la shampouineuse disparue sous la neige carbonique aurait pu être ravie de cette œuvre consacrée à ses charmes par Gainsbourg (1976) Bashung(2008), et Galotta qui vient d’y rajouter sa touche, touche. D’un zip de Lewis nous basculons vers Caroll Lewis, l’humour nous chope par la braguette; la musique, les petits pas narguent la mort. Mes amis se sont lassés des manières du grenoblois, je lui suis resté fidèle. Je me régale de retrouver ses codes et de déguster ses trouvailles. La troupe de 14 danseurs a pris de l’ampleur, avec une énergie nouvelle qui fait se croiser la liberté singulière de chaque danseur avec des envolées, tous ensemble, au quart de poil. Des tableaux de toute beauté, 1h10 à retenir son souffle. Danser avec le slip aux chevilles et dire la violence, la vitalité primale, le désespoir. Courir. Fort.

samedi 14 novembre 2009

Le sénat ce rempart !

Tout ce qui peut contrarier l’énervé qui fait honte à notre identité républicaine, a du bon. Mais où en sommes nous rendus, si l’archaïque et somnolent sénat reste notre dernier rempart pour gérer un pays plus démocratiquement ?
Quelques propositions de réforme des collectivités locales les plus distrayantes sont données en pâture aux médias qui alimenteront ainsi les boites à blagues. Les plaques minéralogiques occuperont les alentours des machines à café et rien ne changera.
Nous avons voté le non cumul des mandats au P.S. en contrariant nos cumulards.
Pendant ce temps ceux qui cumulent un poste ministériel et la responsabilité d’un exécutif local ne lâchent rien.
Il conviendrait en outre de dénoncer l’empilement des rôles qui échappent à tout contrôle.
Mais que peut dire le journaliste qui fait des ménages au politique qui accumule les sièges, les présidences ?
Les instances se sont multipliées avec leurs réseaux, et là se fortifient les féodalités ; le pouvoir des technocrates s’exerce à plein. La présidentialisation n’est pas l’apanage de l’Elysée avec sa loi du secret implacable pour les éloignés des cabinets qui eux gouvernent pour de vrai.
L’affaire scandaleuse de Jean Sarkozy à l’EPAD n’était pas qu’un problème de fils à papa mais aussi celui de l’EPAD et de telles structures!
Nous sommes loin des fièvres participatives qui nous reprirent le temps d’une campagne et s’il faut bien connaître ces cuisines issues des mécanismes représentatifs, reste-t-il des espaces où la sollicitation de la parole du citoyen ne soit pas un leurre ?

vendredi 13 novembre 2009

L’immeuble d’en face. 2

J’ai repensé à des gravures du XIX° siècle où l’époque pouvait se résumer à l’écorché d’un immeuble; la vie se montrait à chaque étage avec sa famille bourgeoise et son artiste sous les combles. L’album de BD de Vanyda révèle avec virtuosité notre époque, façon manga avec une mise en page variée et une narration habile : la mère célibataire, le jeune couple et celui qui a un gros chien... La façade est tombée, mais les solitudes s’installent derrière les ordinateurs, ou les bavardages, mais des moments de tendresse arrivent comme ça sans en avoir l’air.
- Et toi Claire tu as commandé quoi au papa Noël ?
- Hum, tu sais, j’ai pas encore eu trop le temps d’y réfléchir en fait!
- Moi, je voulais trop de choses. Maman m’a dit qu’il fallait partager avec tous les autres enfants.
- Et alors finalement y avait quoi dans ta lettre ?
- Alors j’ai commandé une baguette magique, un chien en peluche, et aussi du maquillage avec des paillettes…

jeudi 12 novembre 2009

L’âge d’or de la Hanse.

Du XII° au XVII° siècle, l’association des marchands de la Baltique assoit la puissance de villes comme Lubeck, Wismar, Stralsund. Relativement épargnées par les bombardements de 1942 et préservées de modernisations intempestives par l’assoupissement économique de ces cités après la guerre de 30 ans, les vieilles villes gardent leur caractère moyenâgeux.
Daniel Soulé, le conférencier aux amis du musée, aurait pu prévoir une carte pour appuyer son propos érudit sur cette période faste, de même qu’il a évoqué le portrait d’un marchand par Holbein qui aurait pu rendre plus chaleureuse l’évocation de ces années. Il nous promène dans les rues qui descendent vers la Trave, le fleuve de Lubeck, la ville aux sept tours. Les pignons variés témoignent des différentes époques de construction en gardant une cohérence harmonieuse. Les marchandises s’entreposaient sous les toits près des quais, et dans des caves pour les maisons sur les hauteurs de la ville. Il subsiste des rez-de-chaussée aux volumes considérables et entre deux opulentes maisons patriciennes, des habitations modestes qui accueillaient alors les veuves et les filles ne pouvant aller au couvent, s’ordonnent de part et d’autre de couloirs à ciel ouvert.
Le sel, l’ambre, les fourrures, les œuvres d’art, le vin de Bordeaux, étaient commercialisés dans cette partie septentrionale de l’Europe jusqu’à l’intérieur des terres et vers des comptoirs à Bruges, à Londres, Novgorod qui ouvrira la route vers l’Orient. La brique est reine jusqu’aux arcs-boutants pourtant inutiles pour de gigantesques cathédrales, mais aussi dans l’architecture des hôtels de ville, un hospice splendide : du gothique allemand. Des retables, des polyptyques, des sculptures magnifiques ont échappé aux rigueurs du luthérianisme triomphant.

mercredi 11 novembre 2009

J8 : La baie d’Along

Réveil à 6h 30, nous avons 200 km à parcourir. Il pleuvine et le ciel ne laisse pas présager d’amélioration : le typhon numéro 5 est annoncé, il s’abattra sur Hanoï.
Nous traversons la région la plus pauvre du Viet Nam, avec ses rizières, la seule activité de la région. Pendant la guerre, elle a nourri gratuitement les armées du Nord. Tout au long de la route, les paysans pataugent dans les champs en eau, le dos courbé, repiquent le riz en espaçant les plans. Plus loin des jeunes coordonnent leurs gestes pour collecter l’eau d’un petit canal dans un panier fixé au bout de cordes et chasser l’eau dans la rizière. Nous remarquons beaucoup de cimetières. Nous nous rapprochons de Haiphong où l’activité est industrialisée. Nous stoppons dans un petit estanco à l’abri de la pluie fine. Nous nous régalons avec de petits ananas saupoudrés de sel. Le chauffeur reprend le volant jusqu’à Along qui signifie « le dragon qui descend ». Nous n’apercevons que la ville touristique et moderne, composée d’immenses hôtels luxueux et de casinos destinés à une clientèle chinoise. Un pont à haubans de construction japonaise nous fait penser à … celui de Saint Marcellin. Nous patientons avec un thé et nous montons sur un petit canot pour atteindre la jonque de notre croisière. C’est le ravissement ! Bateau sur trois niveaux, nous sommes dirigés directement dans une très jolie salle à manger aux nappes blanches et vraies roses sur les tables. Nos deux cabines sont en en bois sombre du sol au plafond.On accède à une petite salle de bain attenante par une porte à claire voie. Nous passons à table, c’est maintenant le ravissement de papilles. Au menu : soupe vietnamienne gluante, coques, crabes, crevettes, poisson grillé, légumes verts, riz et pomme. Nous prenons notre café à l’étage supérieur sur la terrasse aérée qui nous permet de découvrir le paysage d’où nous parviennent les chants des cigales semblables au cri des mouettes tant elles ciclent fort. Nous sommes « les rois du monde ». Des pains de sucre, des crocs, des chicots émergent des eaux émeraude sous des cieux superbes et des lumières changeantes. Nous sommes invités à quitter la jonque pour une petite embarcation afin de nous rapprocher de la grotte de la surprise » (Seing Sot). On y pénètre au bout de nombreuses marches. Ce qui nous surprend d’abord c’est la taille grandiose de ces salles que l’on traverse par un cheminement aménagé et éclairé tout confort. Le plafond est tapissé d’alvéoles naturelles à l’aspect artificiel. Stalactites et mites prennent des formes de bouddhas, de phallus obliques, de dragons, de tortues, d’une femme portant sa fille à cheveux longs. Le circuit accompli nous rejoignons notre petit bateau puis la jonque le temps de déguster un ananas préparé pour le goûter. Dix minutes plus tard nous reprenons le petit bateau pour visiter cette fois un îlot avec une pagode avec la possibilité de profiter d’une plage de sable. Nous escaladons les 420 marches de bonne taille. Mais nous ne regrettons pas notre suée. Nous débouchons sous un abri circulaire ouvert à 360° sur le paysage surprenant et légendaire. Couleurs, nuages, soleil qui s’y cache. Nous prenons toute la mesure de cette merveille du monde la dominant du regard. Je me sens si petit, niveau photo : comment s’y prendre pour refléter ça ?
Nous redescendons vers la plage car l’heure du rendez-vous approche. De gros nuages ardoise effleurés par moment par un rayon de soleil mettent en évidence les verts de la végétation des pains de sucre et les tons foncés de l’eau. Tout d’un coup le vent s’excite. Nous regagnons le petit bateau quand brutalement la pluie s’abat, en rideau sur la mer, vidant la plage et l’îlot de ses visiteurs. Malgré le toit de l’embarcation, la pluie pénètre à l’intérieur, cingle les occupants et leurs serviettes de baignade, surprenant les plus protégés dans une bonne humeur partagée de gens heureux. Nous regagnons nos cabines avant l’heure du repas, instant propice pour les photos, le jour décline vite et le temps se calme après le grain de la mousson. Nous aurons eu tous les temps, bruine, soleil, nuageux, grain. La jonque se déplace et part mouiller un peu plus loin. Les bateaux ont allumé leurs lumières qui se reflètent sur l’eau. Le repas du soir surpasse encore celui de midi. La compagnie nous offre un verre de vin blanc de Dalat et le repas défile à un tempo que nous voudrions ralentir pour prolonger notre émotion dans ce lieu grandiose où nous nous trouvons, subjugués. Au menu : soupe, crevettes avec tomates, mangues et fleurs de concombre, crabes farcis excellents, « panne d’électricité » pour les nems présentés autour d’un ananas évidé pour placer une bougie.Retour de l’électricité pour le riz cantonnais, des légumes blancs et pastèque ; un festin !
Nous gagnons nos couchettes cabines pour écrire ou lire, le réveil est branché sur 5h 30 heure du lever du jour, après une nuit dans un décor de rêve.