En ce 8 mars, le conférencier devant les amis du musée de
Grenoble ouvre le cycle consacré à l’image de la femme dans l’art avec le
tableau d’autel du florentin, Giotto, la « Maestà di Ognissanti ».
La Madone en majesté présente l’enfant qui bénit. « La donna
angelica » était apparue au moyen-âge avec maris partis à la guerre ou aux croisades; sa beauté
spiritualisée « sacralise le culte de la pureté féminine ».Andrea di Bartolo peint une « Vierge d’humilité », assise sur le sol.
Piero della Francesca réalise une « Vierge de
miséricorde » protectrice.Sa fresque de la « Madonna del Parto »
met en valeur la divine parturiente d’une grande intériorité malgré la
théâtralisation.Bien plus fréquentes, les représentations de l’ « Annonciation »
peuvent surprendre, avec la vierge impassible pour l’église San Francesco à
Arezzo dans un coin de la fresque de Piero della Francesca, consacrée à l’ « Histoire
de la vraie croix ».
Interrompue dans sa lecture, sa main marque
la page.Elle est effrayée dans
l’ « Annonciation de Recanati» de Lorenzo Lotto
avec un ange Gabriel
impératif ; le chat diabolique s’enfuit.Marie, la servante du seigneur, savait que son fils mourrait
avant elle :
« La piéta » de Romanino de Brescia.Pierre et Gilles ont fait poser Lio pour la «
Madone aux sept douleurs » au cœur blessé.Au cours de l’ « Histoire de sainte Brigitte » commandée à Lorenzo Lotto, la famille Suardi assiste à la cérémonie de consécration de la religieuse.
Le couvent représentait souvent la seule alternative au mariage préservant
ainsi le patrimoine familial ; la chasteté étant le degré le plus élevé de
la condition féminine.Tous les couvents
n’étaient pas aussi mondains que « Il
Parlatorio delle monache di San Zaccaria » par le vidutiste
Francesco Guardi qui inspira Comencini avec un Casanova devant
honorer la mère supérieure pour se rendre à un rendez-vous avec une novice.Artemisia
Gentileschi se représente en « sainte Catherine
d'Alexandrie » patronne des écoles de filles et des élèves de
philosophie. Elle avait sidéré le César et Auguste Maximin II Daïa lorsqu’elle
convertit 50 philosophes païens convoqués pour la faire renoncer à sa foi.
« La légende dorée » de Jacques de Voragine relate
que la roue promise à la populaire martyre va se briser, elle sera décapitée.Son « Mariage mystique » par Le Corrège exprime une
grande douceur, une copie de Gaston Bazille d’après une version de Véronèse
figure à l’église de Beaune-la-Rolande où avait péri un des précurseurs des
impressionnistes pendant la guerre de 1870. « Sainte Agathe »
( Zurbarán),
protectrice des nourrices et des fondeurs de cloches, issue elle aussi d’un
milieu patricien, garde sa virginité même après un viol rituel. Au moment où l’Etna entrait en furie, la foule demanda la
suspension de son supplice aux charbons ardents, elle mourra de faim. Amenée dans un
lupanar pour être violée, « Sainte Lucie » clouée au
sol par le Saint-Esprit ne pourra être déplacée par mille hommes ni par mille
paires de bœufs, ainsi représentée par Lorenzo Lotto.La tendre et mélancolique « La Vierge et l'Enfant avec le
jeune saint Jean-Baptiste » de Botticelli permet d’aborder le
rôle des mères comme le fit aussi Le Caravage où un vrai bébé s’endort dans la
douceur et la quiétude lors du « Repos pendant la Fuite en Égypte »
de la sainte famille. Le bonheur de « Madame Vigée-Le
Brun et sa fille Julie » sera provisoire.« Le berceau » de Berthe Morisot est devenu
emblématique ainsi que « La mère laborieuse » de Chardin,
pendant de son « Bénédicité », marque le triomphe de la vie
domestique dans l’espace féminin respectant tradition et éducation.
Au XVIII° certaines femmes avaient tenu un rôle capital,
recevant l’élite intellectuelle dans les salons et avaient modifié leur image ;
l’une d’elle, Madame du
Deffand s’interrogeait :
Théo Mercier : « La famille invisible »