Les amplis vont chercher de préférence du côté des informations
ronflantes et peuvent laisser croire que ceux qui ne voulaient pas sortir du
confinement en juin sous prétexte que la santé était sacrifiée à l’économie
sont les mêmes qui crient à « la dictature sanitaire » en
décembre : ce n’est pas impossible.
Quand la dette est passée de problème
majeur à no problem, nous n’en sommes
plus à quelques zigzags près.
Par contre l’effondrement des performances des écoliers en
maths et sciences suit une trajectoire continue vers le bas.
Ce sont bien les fils de leurs pères, confondant esprit
critique et abandon de toute confiance en quiconque, fussent-ils des
scientifiques agréés.
Maintenant que le bac est donné à tous, comme je l’ai moi
même obtenu en 68, je conserve cependant une retenue à la mesure de mes doutes,
plutôt que de crier au mensonge alors que je suis loin de maîtriser les
bienfaits de l’ARN messager. Devant tant de publications délirantes, d’avis
excessifs, je m’en remets de préférence aux médias meanstream plutôt qu’aux
informations « alternatives » dépréciant ce terme jadis voué à ajouter
à la complexité, alors qu’il a viré en son hystérique contraire.
Dans ce champ estampillé « sciences », au niveau
du primaire, en ancien praticien des « leçons de choses », je sais le
temps nécessaire aux mises en place préalables pour que chaque élève
expérimente, se mouille, et ne soit pas seulement abreuvé de séquences filmées
qui furent attractives quand elles n’étaient pas hégémoniques.
Voyages, films, intervenants extérieurs, jardins, appâtaient
« l’apprenant », construisaient l’écolier. Désormais ensevelies sous
les paperasses et les principes de précaution, ces activités sont devenues une
fin en soi plébiscitée par les consommateurs. Et de convoquer la presse au
premier haricot germant dans son coton.
Pour avoir eu le souci de valoriser le
travail des élèves, je regrette que la com’ ait envahi l’espace avec des excès
qui ont déprécié le travail ordinaire, quotidien, fondamental, pas forcément
« fun » ni « cool ».
Ces faiblesses structurelles de l’instruction, de la
formation, qui s’aggravent, émeuvent moins que le destin de Xavier
Dupont de Ligonnès, elles compromettent pourtant l’avenir qui voit plus de
candidats à l’intermittence ou d'influenceurs Youtube que d’ingénieurs.
Ces classements internationaux dont nous connaissons le fond
sont étrangers à ce qu’est devenue la société française où il convient de
rabaisser de préférence à élever. Un musicien se vantera qu’il n’a surtout pas
suivi de cours de solfège et qu’il vaut mieux avoir été un élève désinvolte
qu’appliqué. Les librairies n’ont jamais eu tant de prestige que lorsqu’elles étaient
fermées.
Les solutions ne se résument pas à des
augmentations de salaire revendiquées par des organisations qui fustigent par
ailleurs une société dominée par l’argent ; elles impliqueraient plus de
monde qu’un seul ministre.
La place envahie par les complotistes irait jusqu’à nous
faire douter de la nécessité de préserver la liberté d’expression. Au-delà de leurs divagations, leur
rencontre avec les Contretout paralyse bien des analystes, rêveurs, penseurs.
Depuis la formule de Brasillach : « L'histoire est écrite par les vainqueurs», les communicants
pensent qu’il suffit à leurs commanditaires de construire un récit pour gagner.
Ce n’est pas gagné à l’heure des statues de héros déboulonnées où les victimes
seulement peuvent accéder au statut de héros.
Les mots mis à toutes les sauces perdent
de leur saveur, pourtant j’apprécie l’adage :
« quand on et
conteur on s’en laisse moins conter »
qui nécessite à la fois prise de recul et engagement. Les
récits submergent la réalité lorsque celle-ci dérange, alors il convient de ne
pas se laisser embarquer.
« Comment osez-vous ?
Vous avez volé mes rêves et mon enfance avec vos paroles creuses. »