Juste une brève expiration déjà entendue comme ponctuation après
que Trump eut dû rabaisser son caquet. Il ne devenait même plus amusant de
parler du président du pays le plus puissant de la planète, tant nous n’avions
à partager que nos ahurissements, privés de matière pour discuter
Pourtant l’interrogation qui valait pour Sarkozy dont Badiou
se demandait de quoi était-il le nom, peut servir pour ce phénomène qui ne
disparaîtra pas une fois éteinte sa mèche crépitante.
Sous leur nez rouge, sont toujours là, les bubons d’une
société infectée par la haine, les rancœurs, le mépris de la vérité. Cette façon
d’être dont les caractéristiques les plus frappantes sont proches des suprématistes
blancs, ressemble finalement à celle de leurs ennemis : les fascistes
islamistes, cultivant la même aversion envers les modérés, les femmes, les
créateurs, les enseignants.
Ils aiment tous se poser en victimes, mais aiguisent leurs lames
et graissent les guns, car tout de même bourreau ça fait davantage mâle !
Pôles opposés, mais complices se retrouvèrent aussi, en moins dangereux, sur
les ronds points hexagonaux où les paradoxes aiment toujours jouer avec quelques
sens interdits.
Mélenchon qui aimait tant le bruit et la fureur joue en ce
moment les onctueux patelins sans hésiter à se poser en Lucifer (du latin signifiant « porteur de lumière »), lumière-au-bout-du-tunnel
après avoir abandonné le camp laïque pour courir derrière le premier comité non
mixte racisé.e., zigzaguant de nombril à l’air en tchétchène bashing. Il conjugue
la rhétorique troisième république avec les fantasmes d’une sixième: rien de
pire qu’un vieux de mon âge qui joue au djeun. Il est passé de l’expression
« les gens » à « braves gens » qui reste à mes oreilles aussi
méprisante et poussiéreuse que du temps où on disait dans la haute :
« gens de maison », fut-elle accompagnée d’une qualité de bravitude
qui devint péjorative pas loin d’être « un peu con. »
Alors que le COVID nous vide et que les lames s’effilent,
ces péripéties politiciennes occupent nos heures; nous ferions mieux de nous
réjouir d’un Biden pas seulement videur de bouffon, pour goûter un moment
d’apaisement sur une planète se passant un bref instant d’échauffantes
lumières.
Les gestes sont barrières et les mots jouent : l’euphémisation
est devenue une habitude pendant que la violence verbale est entrée dans les
mœurs des réseaux sociaux. Les médias traditionnels s’en alarment, alors qu’ils
laissent passer le pire sur leurs plates-formes et mettent en meilleure place
ce qui claque. « Dix petits nègres » s’effacent mais pour éviter de
passer pour un « grammar nazy », il vaut mieux s’abstenir de tweeter
des remarques concernant des éructations à l’orthographe postillonnante.
Dans le milieu éducation nationale où les regards se
détournant des problèmes sont systémiques depuis belle lurette, Samuel Paty
avait invité les élèves, qu’il pensait pouvoir choquer par ce qu’il allait leur montrer, à
fermer les yeux. Ceux qui ne veulent pas voir les dessins de Charlie s’en
nourrissent encore plus avidement que les lecteurs familiers de l’hebdomadaire.
Voilà encore un article occupé à la recension de paradoxes qu’une
citation pourrait relativiser autour du mot « souffle »:
« Certains
pensent qu’il suffit d’avoir mauvais caractère pour avoir du caractère, comme
s’il suffisait d’avoir mauvaise haleine pour avoir du souffle ! »
Grégoire Lacroix
Elle peut convenir aux tricoteurs de mots dont je suis, comme
on dit des tricoteuses qui attendaient en place de Grève que tombe la lame de
la guillotine, les voraces du virtuel pourront y souscrire. Par contre les
insuffisants respiratoires dans les lits de réanimation ne sauront pas combien
étaient indécents ces sourires dans les cimetières.
Pfff !
Quand c’est Hugo qui s’interroge, cette ultime petite couche
devient de l’art :
« Où Dieu
trouve-t-il tout ce noir qu’il met
Dieu n'a pas besoin de chercher/trouver le noir qui se pose sur les âmes. La.. LIBERTE de l'Homme le fait chercher et trouver... tout seul. Sinon, à quoi bon l'indépendance et l'autonomie ?...
RépondreSupprimerJe ne partage pas trop ton point de vue ce matin.
Je vois autour de moi beaucoup de pauvres gens de toutes les conditions qui ont perdu le noir, et j'essaie de ne pas (trop) le perdre non plus, en sachant qu'on ne peut jamais être tout à fait sûr quand on a perdu le nord... On vit nos vies sur un fil au dessus d'un abîme.
Eureka, j'ai trouvé quelque chose hier !
RépondreSupprimerIl y a 12 ans ? 14 ans ? quand je suis retournée aux U.S. la dernière fois, et que j'ai passé du temps dans le zoo de Washington pour trouver ce fameux panneau dont je bassine mon monde depuis... 12/14 ans maintenant... le panneau où les autorités demandaient au public ce qu'il préférerait, être dans l'enclos avec eau/nourriture à volonté, le véto en cas de bobo, la balle pour jouer en cas d'ennui ou.. être dans la nature, sans l'ASSURANCE du prochain repas, eau, sans véto, et même... LE RISQUE DE MOURIR.
Et bien, je ne savais pas à l'époque, mais maintenant je sais que les fauves étaient... CONFINES...