L’historien sociologue http://blog-de-guy.blogspot.com/2019/09/notre-histoire-intellectuelle-et.html apporte une nouvelle fois des éléments
passionnants aux débats qui constituent l’âme même de la démocratie, visant à
sortir du « cimetière de critiques
et de mise en garde impuissantes à modifier le cours des choses. »
Son sens de la pédagogie nous aide à nous dépêtrer de
"notions de caoutchouc", tel Le Peuple (99% versus 1% de riches) : « Le reconnaître dans la diversité de ses
conditions et de ses attentes, l’arracher à son enfermement dans des images
pieuses ou des incantations creuses. »
Il ne regarde pas de haut les émotions (sentiment d’être
méprisé, complotisme, dégagisme)
« La
masse tient sa cohésion du pouvoir de l’Eros » Freud
Pour le vocabulaire, ne pas s’éloigner de son portable: une « aporie » étant une « difficulté logique
insoluble ». Le professeur au collège de France, qui vient souvent à la
Librairie du Square, nous aide justement à les dominer quelque peu, ces
apories, dont l’une d’elle rappelle les équivoques de la démocratie
représentative.
Si j’ai eu des difficultés à suivre quelques développements,
j’apprécie sa rigueur méthodologique et sa modestie quand il se dispense de
discuter du protectionnisme, car il « ne maîtrise pas assez le domaine
économique » : rare.
Par contre sont bien claires:
- l’opposition de la « démocratie
d’acclamation » à « la démocratie discutante »
- et la notion
de « peuple-principe » qui valorise le travail des cours
constitutionnelles.
Napoléon III tient une place importante dans la partie
historique du livre:
« Je considère
le peuple comme propriétaire et les gouvernements quels qu’ils soient comme des
fermiers. »
Plutôt que de creuser toujours au même endroit là où la
sociologie examine les catégories, il suggère de s’intéresser aux parcours des
individus alors que le « capitalisme
d’organisation » est passé au « capitalisme d’innovation ».
L’ancien cédétiste ébranle mon assurance critique vis-à-vis
des référendums :
« Dénoncer le risque
référendaire n’est dans tous ces cas qu’une façon euphémisée d’afficher son
scepticisme démocratique. »
Il reconnaît la force des populistes à capter les émotions
même si le refus systématique éloigne toute capacité à proposer : « la colère lie la violence et le flou,
la radicalité et l’impuissance. »
Il ne jette pas l’anathème sur une idéologie qui gagne de
considérables parts de marché, pas plus qu’il ne se prosterne devant une
bannière, même si les masses protestataires n’ont pas forcément « l’intelligence de leurs indignations ».
Il propose des « dispositifs
permanents de consultation, d’information, de reddition des comptes », d’avoir
l’œil et pas seulement donner de la voix.
Il met en évidence les insuffisances de la démocratie dans laquelle le
citoyen serait réduit à l’électeur, nourrissant des idéologies dont il
distingue les origines géographiques (Amérique latine, pays de l’Est européen)
différenciant gauche et droite mais analysant leurs points communs.
La démocratie, écrit-il, « est
par nature expérimentale. Elle
reste à ce titre le meilleur instrument pour permettre aux sociétés d’apprendre
à vivre dans le changement perpétuel. »
………
Je vais laisser refroidir le clavier en juillet août.
Bel été à mes lectrices et à mes lecteurs fidèles.