Lorsque les piliers de la chanson française se font attendre (Souchon, Cabrel…), qu’il n’y a que des reprises de Barbara, qui ne
valent pas l’originale, pour attirer l’oreille,
que ma dernière découverte remonterait à Albin De La Simone,
ce CD est une trouvaille, de valeur, avant que je
l’abandonne dans une brocante où il n’y a pas de raison que les vinyles soient
les seuls vénérés.
Sans exagérer dans les œillades, les textes de la jeunette arrivent à
rafraîchir le genre chanson d’amour, avec sincérité, sensualité et humour.
Cordes discrètes et sensibles : cette économie de
moyens donne l’impression d’écouter des messages intimes adressés à soi, rien
qu’à soi.
Dans la chanson titre « Mille
bouches » :
« J’ai besoin que
tu sois mille hommes
Mille hommes pour
emplir mon ventre étroit »
« Si demain » :
intense mais connaissant les issues incertaines.
« Et jamais ce
qu’on s’est échangé cette nuit
Ne me sera volé, ne me
sera repris
Non jamais la douceur
offerte cette nuit
Ne sera abimée puisque
tu es parti ».
« Il m’plait
pas » mais la rend drôlement folle :
« Oui je sais
qu’il faut pas
Se sécher les cheveux
au mixer
Mais en même temps, si
t’essayes pas
Tu peux pas savoir que
c’est l’horreur »
Joli paysage qu’un manège refuge après soirée arrosée :
« Les pirates »
« c’est juste un
gros jouet posé au milieu de la ville »
« Ma
retenue »
« Et les frisons
que j’ai dedans
Si je pouvais les
faire sortir
Ben, t’en tremblerais
jusqu’aux os »
« Marry the road »
sensible, fragile, terrible.
« T’as encore
rien compris, tu voulais aller boire l’hiver
Les frissons sur ta
peau, les hommes imaginaires »
« Lies »
est en anglais et si je soupçonne des coquineries que je ne maîtrise pas,
par contre pour « Pablo » :
« Démêle mes
cheveux
Dans chaque nœud,
J’ai mis un baiser
pour toi », c’est clair.
« J’veux
pas » c’est clair aussi dans le genre classique des
contradictions :
« Je veux pas que
tu t’en ailles
Un jour j’ai mis les
bouts
C’était pour te faire
peur »
« La
vagabonde » : la chanteuse aux pieds nus plutôt qu’en escarpins,
s’appelait « la demoiselle inconnue » dans un disque précédent :
« Je m’en vais
comme une autre
Je m’enfuis comme une
femme
Je marche comme une
reine
Je pleure comme une
voleuse »
Riche et prometteuse.