jeudi 4 mai 2017

Fêtes à Venise. Fabrice Conan.

Au XVII° et au XVIII° siècle « toute l’Europe » se retrouvait à Venise, entre deux carnavals qui ne duraient peut être pas six mois comme on le dit, cependant les occasions de festoyer ne manquaient pas.  Ce dessus: un bateau, « La terre » d’après Giorgio Fossati, Gerolamo et Antonio Mauri .  Le conférencier, devant les amis du musée de Grenoble, nous détaille cette liste des fêtes, célébrations, réjouissances, processions et régates…
« Le couronnement du Doge de Venise sur l'escalier des Géants » tel que le saisit Guardi permet de rappeler que le duc est élu par un conseil de 3000 personnes issues des familles patriciennes. Le choix se portant parfois sur une personne âgée pour éviter un règne trop long . Si son pouvoir est modéré par les conseils, son influence est forte grâce à ses nominations.
Ses obligations religieuses l’amènent en « Procession à l’église de San Zaccaria, le jour de Pâques » mais il ne doit plus quitter la lagune.
Lorsque « Le Doge Alvise IV Mocenigo porté sur la place Saint-Marc » (musée de Grenoble), est présenté au peuple, la foule doit être repoussée car des sequins, pièces fraîchement frappées, seront lancés.
Depuis 1177, le mariage de la ville avec la mer est célébré le jour de l’Ascension. Toujours de Guardi « Le Bucentaure» : depuis l’embarcation de parade, un anneau d’or est jeté dans l’Adriatique. A l’arrivée de Napoléon Bonaparte, le bateau qui nécessitait 200 rameurs sera brûlé.
Sous le plafond de Véronèse, pour « L'audience accordée par le Doge de Venise dans la salle du Collège au palais Ducal de Venise », les habits de Carnaval sont admis. C’est l’époque où les ambassadeurs de Perse étaient bienvenus pour contrarier les turcs.
Sans remonter aux saturnales antiques, depuis lesquelles se bâtissent bien des légendes, une tradition née des luttes contre les villes voisines au XII°siècle mettait en jeu 12 cochons jetés depuis la tour Saint Marc et un boeuf sacrifié en souvenir d’un tribut payé après la capture d’un patriarche et ses 12 chanoines. D’autres divertissements cruels étaient de mise à la Chandeleur : courses de taureaux, jeux consistant à décrocher une oie vivante, voire écraser un chat à coups de tête.
Le carnaval ressuscité en 1945 conserve dans ses rites « Le vol de l’ange » Gabriele Bella. A l’origine un marin turc aurait rejoint le campanile sur un filin, mais la reproduction d’un tel exploit par les ouvriers les plus agiles de l’arsenal s’étant terminée tragiquement, une colombe en bois remplaça les acrobates et distribua depuis le ciel des friandises. Aujourd'hui, c’est l’heureuse élue parmi douze « Marie » qui doit s’élancer, en toute sécurité, au dessus de la foule compacte. La fête des Marie (pluriel de Maria) qui marque le début du Carnaval remonte au X° siècle, quand après l’enlèvement de 12 jeunes filles promises au mariage, elles furent retrouvées.
« Le Portrait de jeune femme au Carnaval de Venise » de Tiepolo serait celui de sa maîtresse ; c’est ainsi que classiquement on nomme les anonymes même quand elles ne sont pas aussi dissimulées. Le déguisement appelé la bauta (domino) comporte une cape noire, un tricorne et  un masque, la larva, qui laisse un espace pour boire et manger sans se démasquer. Ces éclatantes manifestations se déroulant sous l’illusion de l’anonymat ont pu attirer jusqu’à 30 000 prostituées.
Canaletto « Régates sur le Grand Canal ». La fête du Rédempteur, en juillet, célèbre la fin d’une terrible épidémie de peste (1575) qui tua un tiers de la population. On accède ce jour là par un provisoire pont de bateaux à l'église de la Rédemption construite à cette époque. Les vénitiens du monde entier couvrent alors le grand canal de 3000 bateaux avant de somptueux feux d’artifices.
Ces siècles de fêtes étourdissantes, dont la munificence accompagne le déclin économique, sont riches dans le domaine culturel.
Pour la visite  du théâtre de La Fenice, « le phénix », brûlée à plusieurs reprises et reconstruite  « com'era e dov'era » (« comme il était et où il était »), il conviendrait que soient joués des airs de Monteverdi, père de l’opéra, d’Albinoni au célèbre adagio, de Vivaldi, le « prêtre roux », ou de Farinelli qui fut envoyé à la cour d’Espagne pour tenter de guérir le roi Philippe V de sa dépression.
C’est le temps aussi de Goldoni qui alla au-delà des improvisations de la comédia del arte en écrivant les répliques de ses pièces de théâtre.
« Pour mettre la raison sur la voie de la vérité, il faut commencer par la tromper ; les ténèbres ont nécessairement précédé la lumière » Casanova.
Le galant intrigant, incarcéré  pour avoir commercé avec l’étranger, dans la prison des Plombs, Piombi, sous les combles du palais des doges, s’en échappa-t-il d’une façon aussi spectaculaire qu’il l’a racontée ?  Ma : « Se non è vero è bene trovato »

mercredi 3 mai 2017

Point barre.

Cette ponctuation surlignée est fort usitée sur les réseaux sociaux quand dans l’empilement des paroles définitives s’intensifie la réalité de l’enfermement sur soi, à double tour, avant ce second tour. Les opinions fragiles se  camouflent dans les exclamations les plus péremptoires.
Moi qui fis profession d’instruire, je m’insurge contre ceux qui se défendent de recevoir ou de « donner des leçons » et qui plus est de « morale » ! Quant à ceux qui annoncent ne pas vouloir « faire cours », il y a tout à craindre, comme avec les interminables qui promettent de « faire court ».
Entre parenthèses : une jolie variante orthographique croisée récemment : « une France « en descente » pour « indécente ».  
Bien de nos difficultés viennent à mes yeux, de ne pas appeler un chat : un chat, un abstentionniste : un irresponsable. Les litotes doucereuses cohabitent avec les mots les plus excessifs, les insultes les plus avilissantes.
Il y a toujours à apprendre des professeurs, des autres ; la morale qui fit tant défaut à l’action publique, n’est pas un vilain mot.
Nos convictions sont constituées d’un assemblage d’acquis d’ici ou là, de nos égaux, de nos maîtres, et non venues de nulle part, inébranlables. Tellement rigides qu’une pichenette les ferait voler en éclat. Plus ceux qui obstruent nos écrans ont des airs martiaux, plus ils sont versatiles : Vals et le 49.3, Dupont le dit gaulliste rejoignant ceux qui ont Pétain comme référent.
Combien de doux, de pacifiques, se sont étourdis dans les manifs, sûrs de leur force et se sont heurtés encore plus durement à la réalité ? Lorsque je lis que « Benoît Hamon aurait dû être élu parce qu’il avait le meilleur programme », il y a de quoi s’interroger sur la lucidité du rédacteur dans son évaluation de l’état de l’opinion. Quant aux « on va gagner (la prochaine fois) » en épargnant La Pen, ils risquent de perdre quelques socs’ en déshérence.  
Lorsque Macron 2017 est jugé pire que Chirac 2002, pour justifier une abstention dimanche, les bras m’en tombent. Mais de tels arguments dans l’ère du temps de la post-vérité sont balancés ainsi sans s’embarrasser de rationalité, ils ne sont qu’une façon de souhaiter le pire pour se la jouer pour les plus anciens, genre guerre d’Espagne : «  Le pont des Français tiendra (ter) Rien ne passera… Mamita mia ». Leurs indulgences sont coupables envers les véloces intermittents de l’émeute qui continuent d’apporter par brouettes des bulletins au FN, comme ces comédiens qui en insultant l’adversaire, le fortifient. De même que ce mari braquant un pistolet formé par ses doigts dans le sillage de sa femme voilée qui avait attiré des regards depuis la terrasse d’un bistrot.
Varoufakis qui révèle le rôle positif de Macron au moment où la Grèce était à défendre, et  Plenel, le procureur, appellent à voter Macron. Feront-ils bouger les fâchés?
JLM a perdu tout « sens commun » mais pas de ses propensions autoritaires et joue avec les marrons bien brunis à retirer du feu. La plaine serait-elle cramée à ce point pour que se révèle chez moi un Giscard qui perçait depuis un moment sous Rocard ? Et du coup je m’ancre du côté de Macron : « Quand on aspire à être homme d’état et à conduire son pays, on doit porter son regard vers l’avenir autant que vers son passé »
Point barre.
………
J’ai encore dérogé cette semaine à mon calendrier, le mercredi étant réservé sur ce blog à des récits de voyage. Cette entorse aux habitudes est bien dérisoire, mais je n’aimerais pas porter la honte d’être français, quand nous irons hors de chez nous où la France est aimée, ayant bien vérifié à chaque sortie, la grandeur et la beauté de notre pays.  Alors je m’agite du clavier pour apporter la contradiction à ceux qui acceptent les risques de fermeture de notre pays et qui pourtant n’ont cessé de franchir les frontières ou qui s’apprêtent à devenir étranger ailleurs sans admettre ceux d’ici. J’en suis même disposé à joindre une citation un peu niaise :
« Le fascisme se soigne en lisant, le racisme en voyageant » Miguel de Unamuno.
En n’oubliant pas d’aller voter : Macron.

mardi 2 mai 2017

Jiseul. O Muel. Keum Suk Gendry-Kim

Jiseul signifie  « pomme de terre »  dans la langue parlée sur l’île de Jeju.
Une île en Corée du Sud où eut lieu le massacre de 120 villageois considérés comme des communistes en 1948. C’est que les rouges n’étaient pas qu’au Nord ; il y eut près de 30 000 morts.
Ces pommes de terre étaient le seul aliment de ces paysans qui se terraient dans des grottes où ils sont restés pendant deux mois d’hiver avant d’être massacrés.
Les références nous manquent sur un fait si lointain et même si bien des obscurités subsistent, cette histoire élémentaire est poignante. Réduits à un état végétatif dans les conditions les plus extrêmes, restent les passions amoureuses, les solidarités et les petitesses, les naïvetés et l’héroïsme, la violence, la lâcheté... 
Le trait ou plutôt les traces d’encre de Chine en lavis dans le style de la tradition asiatique conviennent parfaitement pour installer une ambiance dramatique où les destinées individuelles se confondent dans une issue que l’on sait fatale.
260 pages où l’encre ne semble pas avoir séché, quand neige et obscurité se boivent, jusqu’à des pages totalement noires qui ne font pas procédé chic mais prolongent de puissantes impressions.

lundi 1 mai 2017

Après la tempête. Kore-eda

Avec ce que je sais de ses réalisateurs, pour filmer les familles, ce sont les plus fins. 
Et comme leur pays vieillit encore plus que le nôtre, leurs vieilles, bien présentes, sont séduisantes.
Celle qui jouait dans  « Les Délices de Tokyo » reçoit son fils, son petit fils, son ex belle fille, chez elle le temps que le 23° typhon de l’année s’éloigne.
Ce fils, écrivain raté, mauvais menteur, détective privé minable, dégingandé, toujours à se plier, a hérité de son père qui vient de disparaître, l’addiction aux jeux de hasard qu’il risque à son tour de transmettre à son propre fils. Et parce qu’il pourrait être dépressif, se montre fort, finalement.
Dans cette chronique qui nous tient en éveil par l’étrangeté de certaines réactions, nous sommes en même temps parfaitement concernés par la question de ces patrimoines familiaux constitués de faiblesses, de tendresse ignorée, de maladresse, de générosité. Comme le ragoût préparé par la chèfe de famille a besoin de temps pour exprimer tous ses parfums, le film aurait pu durer au-delà de ses deux heures.
La retenue des beaux acteurs ne masque ni la violence qui nous atteint plus intimement que bien des boum boum, ni l’intensité des sentiments, ni leur ambiguïté.
Limpide, élégant et familier, délicat avec des pointes d’amertume, subtil, « d’une tristesse nonchalante » comme je l’ai lu sur le site «  Bande à part ».
http://www.bande-a-part.fr/cinema/critique/magazine-de-cinema-apres-la-tempete-hirokazu-kore-eda/

dimanche 30 avril 2017

Les "Indignés" m’indignent.

Ah ! "Les Offusqués" ne souffrent pas les leçons, eux qui n’ont cessé d’en donner. Et si j’ai pu ferrailler gaiement avec certains de vive voix, les interventions sur Facebook me semblant un peu vaines, je tapote avec ma petite pelle ce petit château de sable avant la prochaine marée.
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2017/04/en-meme-temps.html 
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2017/04/vote-utile.html
Après avoir hystérisé les débats (« le sang dans la bouche » à propos de  Macron), alors que le FN est au bord du pouvoir, les "Vexés" fuient souvent le débat.
La situation leur semble tellement anodine, qu’elle ne les concerne pas : ils s’abstiennent ou votent «  blanc »… en face aussi ils votent : « blanc de chez nous » genre « Afrikaner ».
Je ne prends pas les électeurs qui ont parié Mélenchon pour des ignares en histoire, ni des imbéciles, ce qui rend leur positionnement abstentionniste, tactique, d’autant plus scandaleux,.
En ne désignant pas le FN comme infréquentable, en attendent-ils une reconnaissance aux législatives ?
Venant d’une deuxième gauche à présent évanouie, je renifle là le lambertisme (variante du  trotskisme) qui toujours nous énerva.
Comme au temps des meetings de Le Pen père, «  vous savez bien de qui je veux parler », le sous-entendu est de mise : «  vous savez bien quel sera mon vote » est une finasserie délétère.
Le minimum  à attendre d’un responsable, c’est la clarté. La grande gueule amère qui eut parfois de beaux accents, se tait, remâchant ses calculs politiciens.
Quant à quelques antiennes, n’insistons pas, comme disait Jean Eustache : « abaissons le débat » :
« Macron en 2017, c’est Le Pen en 2022 » : « Le Pen en 2017, c’est Le Pen en 2017 ».
« Le Pen c’est la faute à Macron » : Baby Hollande a 39 ans… et Trump la faute à qui ?
Si vous avez dans vos réseaux des contacts qui ne sont pas forcément d’accord avec vous, c’est plutôt bon pour se fortifier : je viens de voir un tableau comparatif où Macron apparaît comme un nazi : un sommet !
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Les dimanches sont réservés sur ce blog à des articles concernant des spectacles, ceux qui me connaissent sauront m’excuser d’avoir dérogé à ce rendez-vous.

samedi 29 avril 2017

Lointains souvenirs. Flore.

Une page avec une photographie légèrement sépia en face d’une phrase ou deux de Duras.
Images de la jeunesse indochinoise de l’auteure si proche, si forte, si familière et lointaine.
Elémentaire, sublime forcément, après une préface de Laure Adler – Ah ! la voix de Laure Adler :
«  Ecrire avec l’usé, le banal, faire advenir le presque rien » et l’essentiel.
Extrait de l’amant de la Chine du Nord :
«  L’odeur de la nuit est celle du jasmin. Mêlée à celle fade et douce du fleuve. »
Nous voilà partis hors du temps au seuil d’une maison coloniale entourée de végétation.
« Mais la marée de juillet monta à l’assaut de la plaine et noya la récolte »
Quelques mots pour nous sauver de l’engloutissement  et fouiller à nouveau dans des projets de lecture dont ces petits extraits ont ouvert l’appétit. La couverture de ses soixante pages  a des couleurs délavées ; personne ne peut aller dans la case abandonnée au milieu de l’eau qui a  tout envahi.
Trop tard, trop d’orgueil, trop de poésie.
Le nom de la photographe est pas possible, ses photos sont  belles et son site romantique: http://www.flore.ws

vendredi 28 avril 2017

« En même temps »

J’ai fait une pause (courte) dans mes interventions sur Facebook où il est plus facile de récolter des insultes que de semer une pointe de doute.
« Mettre un signe égal entre Macron et La Pen c’est la banaliser »,
Je vais comme chaque semaine essayer de poser ici quelques mots en évitant de faire le perroquet à la suite de quelques chroniqueurs comme Le Bras dans Télérama parlant de « ceux qui jouent Le Pen comme on joue au Loto ».
Et les joueurs de Loto sont plus nombreux que les lecteurs de journaux !
Dans un autre papier, j’ai préfère la formule qui prête à riches discussions de Dominique Reynié parlant de Macron : « Survivant d’un monde assiégé », que la formule sommaire très reprise :
« Ni patrie ni patron, ni Le Pen ni Macron».
J’ai transmis à mes camarades, l’article de Benoît Hopquin dans le Monde :  
« Que de bravades, de glorioles, de foire aux superlatifs, criées à pleins poumons. Que de fausses excuses, d’accusations puériles, bramées dans les oreilles. Que de gros mots, à défaut d’être grands… »
Si des militants résiduels du PS, mettent leurs déboires sur le dos de Vals, ils se fixent dans cette immédiateté qui nous aveugle ; un Cahuzac avait déjà fait autrement plus de mal. 
Les encartés ont été dépossédés de leurs pouvoirs par les primaires qui ont désigné un candidat à l’identité incertaine, porté par des supporters de dernière minute.  
Cette défaite des partis traditionnels ne s’est pas opérée en un jour, et pas seulement chez nous.
La professionnalisation des politiques pour faire face à la complexité des problèmes s’est installée alors qu’en parallèle, montaient les populismes aux solutions sommaires. 
Les usagers attendent de plus en plus des élites, par ailleurs de plus en plus méprisées.  Nous sommes dans cette ambiance, où un gamin dit "aimer le foot à la télé parce qu'il aime se moquer des joueurs".
Les engagements de jadis se monnayent désormais et le mot « revalorisation » ne s’entend plus qu’en €uros.    
La distance entre les élus et le peuple se maquille sous la démagogie et le clientélisme.
Entre parenthèses, le terme « les gens » n’a pas perdu pour moi sa teneur un peu distanciée, voire méprisante et je ne comprends pas s’il y a un degré particulier de lecture chez JL Mélenchon qui abuse de cette expression. 
Ces primaires avaient le goût de la démocratie, « son nom sonne comme un nom d’alcool, mais ce n’est pas de l’alcool », un produit qui vient du nouveau monde. Et les supporters, de tous les candidats de secouer des drapeaux fournis par les organisateurs et de scander : « Brigitte ! Brigitte » ou « Résistance ! Résistance ! » pour ceux qui ont quelques fantasmes héroïques.
Les enfants gâtés qui n’ont pas eu ce qu’ils espéraient, montent d’un cran dans une colère bien  entretenue sous le label juvénile : « Insoumis ». Le peuple, désormais jugé bien ingrat, n’a pas été assez fin pour apprécier en nombre suffisant tout ce qu’on lui octroyait. Il est devenu méprisable. Et ce ne sont pas seulement  les fondamentaux d’une certaine urbanité, base du « vivre ensemble », qui sont jetés aux orties, mais ceux de la démocratie; pourtant le peuple a parlé. A ce moment, le déni a effleuré les plus aguerris.
Le vote, c’est le passage à l’âge adulte et l’ajout du terme « utile » devenait inutile. 
Mon bulletin ne vaut pas plus que celui du voisin, ni moins, c’est l’égalité, et le capricieux a beau taper des pieds ou casser les abris bus ; la réalité est là.
Ceux qui avaient apprécié le « sang dans la bouche » qui leur viendrait au cas où leur adversaire serait élu, ont des « pudeurs de gazelle », des vapeurs, quand sont ressorties les paroles de leur discret leader :
« Quelle conscience de gauche peut accepter de compter sur le voisin pour sauvegarder l’essentiel parce que l’effort lui paraît indigne de soi ? Ne pas faire son devoir républicain en raison de la nausée que nous donne le moyen d’action, c’est prendre un risque collectif sans commune mesure avec l’inconvénient individuel. » 2002
Il n’empêche que l’hystérisation des enjeux, les voix en colère qui se trompent de voies, ont refroidi un certain nombre d’électeurs qui ont été rassurés par une vision plus positive de l’avenir de notre pays avec EM. Son amabilité énerve les cagoulés, ennemis déclarés de la démocratie.
Mais à l’instar d’Aimée Jacquet conseillant Pirès : « Muscle ton jeu, Robert ! » le jeune homme a posé le masque de Oui Oui.
L’expression  souvent retenue : « En même temps » qui ponctue ses réponses, me plait bien car elle empoigne la complexité des problèmes.
En ayant pris des personnalités des deux côtés ; il s’en prend des deux côtés, des flèches.
Dans tous ces chamboulements, j’ose m’avouer que Bayrou est tout à fait respectable, et trouvé Poutou qui prône par ailleurs la tolérance, stupide et bas, à ne pas vouloir s’asseoir à côté d’Estrosi. Le maire de Nice m’a paru le plus clair vis-à-vis du Front National.
Je voterai Macron pour la deuxième fois et n’hésiterai pas pour les législatives : « En Marche ! »
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Dessins du « Monde » au dessus et du « Canard » dessous :