Ah qu’il faisait bon autour de la cinquantaine, de se
dire vieux pour faire protester l’entourage ! Maintenant que ça se sait,
il convient de manier l’adjectif avec prudence en de désuètes déclinaisons :
hein vieille branche !
En sortant du livre d’Olivier Roy « Le Djihad
et la mort » où l’auteur souligne le côté générationnel de l’engagement
des candidats au port de la kalachnikov et de la ceinture d’explosifs, je me
demande si les caractérisations depuis la date de naissance ne vaudraient pas
celles de l’adresse de la maternité : Ouah ! La Tronche du mec né dans le
3-8 avant 83 !
Quand le parti socialiste a proposé de
rétablir le service militaire le mouvement des jeunes socialistes (MJS)
s’est exprimé :
« Je trouve
curieuse cette propension de vieux messieurs qui ne souffrent ni des
inégalités, ni des discriminations, à expliquer aux jeunes comment ils
doivent « aimer la
République », « faire corps avec la
nation », « s'engager au service du pays »
Il ne manquera pas de vieux messieurs pour trouver
cela plaisant, alors que ce type de réponse vise à ridiculiser toute exigence
morale, et bien sûr toute leçon.
« Aimer la République »
voilà une phrase de vieux !
Maintenant que le concept de classe sociale ne s’exprime plus guère, y compris
dans les succursales du socialiste parti, voilà la jeune garde à
l’avant-garde : pépé prends garde à toi !
Ceux qui ont eu vingt ans pendant les trente
glorieuses, avons à payer la situation insouciante et confortable de ces années
patchouli et les dettes parfumées à la particule fine que nous laissons à nos
enfants concernant l’épuisement de la planète. Les leçons que nous avons
dispensées à foison ont lassé, alors que s’inversait le sens des apprentissages
avec l’arrivée massives des technologies de l’information : aphones devant
l’ Iphone ! Mais je préfèrerai
toujours Rocard en vieillard indigne au Philippot
de tout acabit.
Au-delà de ces facilités, retour dans mes terres
familières : l’école.
Comment ne pas avoir des élèves à histoires lorsque des
géniteurs qui n’ont jamais accédé à la position de parents ont négligé toute
histoire familiale. Ils ont rencontré une société qui ne sait plus entrevoir
dans le passé que des évènements propres à assoupir toute envie d’envisager un
monde raisonnable : horreurs et repentance. Il faut parler du commerce
triangulaire au temps de Louis XIV mais
pas que…
Une jeune prof de musique n’avait jamais entendu parler de
Jacques Brel !
«Ils étaient usés à
quinze ans
Ils finissaient en débutant
Les douze mois s´appelaient décembre
Quelle vie ont eu nos grands-parents
Entre l´absinthe et les grand-messes
Ils étaient vieux avant que d´être
Quinze heures par jour le corps en laisse
Laissent au visage un teint de cendres
Oui notre Monsieur, oui notre bon Maître
Ils finissaient en débutant
Les douze mois s´appelaient décembre
Quelle vie ont eu nos grands-parents
Entre l´absinthe et les grand-messes
Ils étaient vieux avant que d´être
Quinze heures par jour le corps en laisse
Laissent au visage un teint de cendres
Oui notre Monsieur, oui notre bon Maître
Pourquoi ont-ils tué
Jaurès?»
On pourrait lui proposer aussi Brassens:
« Quand ils sont
tout neufs,
Qu'ils sortent de l'œuf,
Du cocon,
Tous les jeun's blancs-becs
Prennent les vieux mecs
Pour des cons.
Quand ils sont d'venus
Des têtes chenu’s,
Des grisons,
Tous les vieux fourneaux
Prennent les jeunots
Pour des cons.
Moi, qui balance entre deux âges,
J' leur adresse à tous un message :
Le temps ne fait rien à l'affaire,
Quand on est con, on est con.
Qu'on ait vingt ans, qu'on soit grand-père,
Quand on est con, on est con…»
Qu'ils sortent de l'œuf,
Du cocon,
Tous les jeun's blancs-becs
Prennent les vieux mecs
Pour des cons.
Quand ils sont d'venus
Des têtes chenu’s,
Des grisons,
Tous les vieux fourneaux
Prennent les jeunots
Pour des cons.
Moi, qui balance entre deux âges,
J' leur adresse à tous un message :
Le temps ne fait rien à l'affaire,
Quand on est con, on est con.
Qu'on ait vingt ans, qu'on soit grand-père,
Quand on est con, on est con…»
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Le dessin du « Canard » de cette semaine :