lundi 19 décembre 2011

Cinéma : rattrapage.

Certains films reviennent souvent comme des références, alors nous nous sommes prescrits une session de remédiation avec quelques DVD.
« Tant qu’il y aura des hommes »et sa séquence du baiser de Burt Lancaster et Déborah Kerr a été tellement vue, qu’elle a épuisé sa hotte, et si Burt est mieux en « Léopard » qu’en maillot de bain remonté très haut, Montgomery Clift lui peut faire tomber filles et garçons sans avoir à remettre les gants. Le film n’est plus très crédible aujourd’hui tant la patte de celui qui réalisa pourtant « le train sifflera trois fois » nous a semblé lourde dans un milieu militaire qui ne prête pas à la nuance.
« Sur les quais » de Kazan brille aussi par la personnalité de Brando mais le sujet des syndicats maffieux traverse les époques depuis 1954 et l’idylle est émouvante.
« Nos plus belles années » met à l’affiche le beau – décidément - Robert Redford et Barbara Streisand que j’ai bien aimée dans cette fresque qui reflète une époque sans avoir pris trop de rides.
La cruauté dans « Le chat » avec Gabin et Signoret est tout à fait contemporaine, il est vrai qu’inspiré de Simenon l’affaire était déjà bien engagée.
« L’homme de la rue » de Capra, c’est Garry Cooper devenu John Doe, un phénomène politique créé par Barbara Stanwyck en journaliste. Si le film de 1941 est manichéen à souhait, replacé dans le contexte historique, il illustre bien une façon très américaine d’envisager la politique avec des politiciens manipulateurs, une presse toute puissante, un peuple naïf, un dénouement heureux après un destin miraculeux.

dimanche 18 décembre 2011

Les clowns. François Cervantes.

« C’est un malheur du temps que les fous guident les aveugles. » Shakespeare
Cela faisait belle lurette que je n’avais vu de clowns et avant que je retourne sous chapiteau à l’Esplanade il faudra que ma petite fille grandisse un peu.
Dans la salle de création de la MC2, les nez rouges s’appellent Boudu, Arletti et Zig.
Une fois passés les rires de convenance, j’ai retrouvé la force dérangeante de ces personnages théâtraux qui m’avaient fait aduler le film de Fellini. Celui-ci leur rendait hommage en 1970.
Entre comique régressif et tragique à la Beckett, les gestes mécaniques des paillasses sont ceux des nourrissons, gestes premiers aux analogies animales. La chute est proche de l’envol, la barbarie de la tendresse, la naïveté de la roublardise, la finesse, des effets les plus gros. La poésie, le jeu, la couardise sont des ingrédients que l’on peut repérer dans la pièce du roi Lear redécouvert par les trois excellents acteurs sur fond de château en carton, où le pouvoir est mis à nu.
Problèmes de succession et vieillissement : de quoi remplir les salles.

samedi 17 décembre 2011

Ma grand-mère avait les mêmes. Philippe Delerm.

Ce titre s’explique par une réflexion ambiguë entendue dans une brocante entre tendresse vis à vis du passé et mépris.
Comme annoncé en sous titre, « les dessous affriolants des petites phrases » sont soulevés avec légèreté :
« n’oubliez pas de rallumer vos portables », « on ne vous fait pas fuir au moins ? » universels,
et des détresses plus personnelles : « c’est le soir, que c’est difficile »,
des élégances : « V’là le bord de la nuit qui vient »,
des fiertés : « j’ai moins huit su’l’plateau »
ou radiophoniques « merci de prendre ma question »
Mais le « maître confiseur », derrière le caractère anodin de certaines expressions, gratte le sucré pour révéler une frontière difficilement franchissable avec « du côté de mon mari »
où le ton comminatoire du « par contre, je veux bien un stylo » de celui qui ne veut pas partager l’addition.
« - Cette fois c’est presque l’hiver ! - Oui, on commence à coucher les oreilles ! Des ouvriers accrochent des guirlandes à l’angle de la pharmacie. Encore quelques jours avant d’allumer les lumières. On n’a rien dit de trop. Surtout ne pas effaroucher l’ombre légère de l’idée. Le thermomètre rouge est descendu encore d’un degré. Il pourrait bien neiger. » 
L’ancien prof de collège est devenu directeur de la collection « le goût des mots » qui a l’air de promettre d’autres bons moments de lecture.
Une fois encore « ça a été » avec l’écrivain reposant, « y a pas de souci ».

vendredi 16 décembre 2011

La gauche moche et la mouche du coche.

De Bouches du Rhône en Pas de Calais, les boulets que le PS traine depuis longtemps reviennent sous notre nez. Où le terme de mafia est employé avec naturel pour quelques uns qui se sont sans doute lavé la bouche avec Jaurès dans leur jeunesse.
Tant mieux si les abcès sont vidés.
Les soupçons à l’égard des porteurs de mauvaises nouvelles sont dérisoires bien que dans l’air du temps où le mobile de chaque action devrait être égoïste voire cynique.
La non résolution des problèmes nous accable.
Oui les médias organisent la remontée du compagnon d’Angela avec Pujadas en cireur de première et France Inter en propagandiste éhonté de BHL. Avec la ronde des éditorialistes qui expriment l’unique pensée, ils pourraient faire des économies, un seul suffit. Ils organisent la perte d’audition et la constatent, ils vérifient les délices de l’autoréalisation comme agences de notation.
En plus : « Nous au village aussi l’on a de beaux assoupissements »
Ici, à Saint Egrève, la Gauche dans l’opposition flatte tous les conservatismes au nom d’une démocratie qu’elle ne met guère en œuvre pour son propre compte. Pourtant ce n’est pas la taille de ses assemblées qui peut rendre difficile la plus infime circulation de l’information. Et ce ne sont pas que les socs’, les gâte-sauces qui sont concernés ; nos assocs’, elles, sont devenues muettes.
Nous voulions travailler sur le long terme, mais en ne proposant pas de personnalité sur le pré - biquet s’abstenir- nous nous sommes condamnés à l’indifférence, et sommes apparus comme des donneurs de leçons anodins.
Des ambitions se réveilleront peut être avant les élections municipales, est- ce qu’elles donneront matière à des primaires pour que justement la participative démocratie s’exerce, là?
....
Dans le Canard cette semaine

jeudi 15 décembre 2011

La fête des lumières 2011.

Sur la colline de Fourvière, celle qui priait, les catholiques ont cru bon d’écrire au néon : « Merci Marie », c’est que le sens premier de la fête échappe à beaucoup, comme est devenue bien lointaine la voix de cette religion.
Des sources bien informées débrouillent sur le web ce qui ressort du 8 septembre date de la naissance de la vierge, de la célébration le 8 décembre due à un report pour cause d’inondations de l’atelier du fondeur de la statue qui devait être inaugurée plus tôt.
La ferveur populaire a imposé en 1852 ce beau rite qui fait la fierté de la ville et a attiré cette année trois millions de spectateurs.
L’importation des chars lumineux de Yokata au Japon qui défilent dans la presqu’île amène une dimension humaine à ces trois jours où les lux émerveillent.
Sur la place des Terreaux la circulation des piétons est à sens unique pour canaliser la foule colossale qui vient apprécier la cavalcade poétique de chevaux sur les façades qui se recomposent dans un rythme étourdissant.
Les spectateurs peuvent jouer avec le flipper géant projeté sur la façade du théâtre des Célestins.
Des bonhommes de néons dansent sur la place de la République et leurs reflets sur les plans d’eau multiplient la virtuosité de l’installation.
Les ballons lumineux autour de la célèbre statue équestre de Louis XIV sont d’une simplicité qui va bien à la beauté.
Un coup de vin chaud, mais nous n’avons pas eu le temps de tout voir : une envolée de papiers à la mairie, des projections sur la cathédrale Saint Jean toute ravalée de frais, ni les installations au parc de La Tête d’or…
« Merci Gégé » « Merci GDF Suez ».

mercredi 14 décembre 2011

Lisbonne # J 7. Sao Vincente et dos Prazeres.

Pas vraiment « flammes », nous prenons le métro et le tram 28E place Martim Monitz avec arrêt devant le monastério Sao Vicente de Fora. Nous commençons par admirer la citerne du XVII° siècle, et les deux cloîtres en restauration, badigeonnés de blanc sur les surfaces épargnées par les azulejos. Nous tombons sur le panthéon des rois relégué dans l’ancien réfectoire des moines du couvent qui accueille les tombes de la dynastie des Bragance. Nous découvrons ensuite l’escalier donnant accès au toit en terrasse du couvent. La pierre blanche récemment nettoyée renvoie la lumière et met en valeur l’azur du ciel. A nos pieds la vue s’étend sur Lisboa, sur le Tage, domine le château Sao Jorge, le panorama de S. Luzia, l’Alfama et Graça.
Nous ne sommes pas nombreux à partager ce point de vue remarquable. Nous passons ensuite un moment à lire en français et regarder les azulejos des fables de La Fontaine, dont nous en découvrons certaines d’une modernité étonnante : la malice, la morale, les travers, les situations, sont universels ! Nous quittons le musée par une cour aux allures mauresques avec un bassin longiligne au fond qui dessert des canaux creusés dans le dallage. Des chaises rouges sont en harmonie avec la couleur des bougainvilliers débordant et ployant sous les fleurs. Nous nous restaurons dans une gargote qui ne paie pas de mine un peu plus bas dans la rue où circule le tram : salade, bacallau, dorade, veau frites et bière. Pause agréable qui se poursuit un peu plus loin près du miraduro Santa Luzia dans un bistrot devant une glace et une bouteille d’eau. La chaleur de juillet commence enfin à se ressentir. Le tram 28E nous transporte ensuite cahin- caha, peinant dans les montées jusqu’au terminus au cimetière dos Prazeres ( le cimetière des plaisirs).
Nous errons dans ce village de mausolées que n’égaie aucune fleur ni couronne. En jetant un œil par la porte de ces maisons-tombes du XIX° lorsqu’un rideau voilage ne cache pas l’intérieur, nous sommes surpris de voir les cercueils posés sur des étagères superposées des deux côtés d’un petit autel. Comme signes distinctifs extérieurs on reconnaît des symboles maçonniques ou professionnels (musiciens, marins…) ou des statues plus imposantes. Une pancarte « abandonato » indique des concessions disponibles. Nous rentrons à pied par l’église et le parc Estrela car j’ai aperçu une façade art déco par la fenêtre du tram que j’aimerais photographier. A la maison J. qui a renoncé à la sortie a cuisiné pour le repas et le pique nique de demain, nous avons rapporté du Moscatel et du vinho verde. Ana Cardoso notre propriétaire vient nous dire au revoir et discuter un moment, s’enquérant des moyens d’améliorer son gîte, négligeant le tour du propriétaire et nous confiant le soin de glisser les clefs demain matin dans la boîte aux lettres.

mardi 13 décembre 2011

Comédie sentimentale pornographique. Jimmy Beaulieu.

Ni l’un ni l’autre, ni l’autre. Promenade en milieu artiste au Québec, un sourire désenchanté aux lèvres.
La liberté, une certaine désinvolture en phase de ralentissement, entrent dans des combinaisons diverses au cours de rencontres éphémères. Les dessins sont d’un érotisme léger, et se caractérisent plutôt par leur énergie ; quant aux sentiments ils sont assez peu explicites.
Le transport des citadins vers un hôtel abandonné apporte un brin de mystère.
Quelques fantasmes, de la poésie, amènent au-delà de la chronique habituelle qui traite de trentenaires entrant dans l’âge adulte.
« Dessiner une femme c’est déguster une crème brûlée. 
Dessiner un homme c’est remplir un formulaire. »