
dimanche 14 mars 2010
Ciels.

dimanche 7 mars 2010
L’ébauche d’un portrait

Et découvrir ce morceau d’Aragon en retrouvant la voix de Colette Magny :
« Vivre n’est plus qu’un stratagème
Le vent sait mal sécher les pleurs
Il faut haïr tout ce que j’aime
Ce que je n’ai plus donnez-leur
Je reste roi de mes douleurs
Le cœur peut s’arrêter de battre
Le sang peut couler sans chaleur
Deux et deux ne fassent plus quatre
Au Pigeon-Vole des voleurs
Je reste roi de mes douleurs
Que le soleil meure ou renaisse
Le ciel a perdu ses couleurs
Tendre Paris de ma jeunesse
Adieu printemps du Quai-aux-Fleurs
Je reste roi de mes douleurs »
samedi 6 mars 2010
« Réussir Ensemble Saint Egrève » est en train de se dissoudre.

Au moment, où pour la première fois des militants des trois listes concurrentes se retrouvaient, le chef de file des élus du groupe d’opposition démissionnait de notre association en empêchant désormais toute expression sur notre blog associatif.
Ces quelques gargouillis dans un verre d’eau plate ne concerneront qu’une poignée de militants. Nous avions fait le pari de dépasser les querelles enracinées depuis des années, elles ressurgissent, mitonnées par une machine à perdre toujours en pleine forme qui excelle à reproduire les échecs aux élections municipales alors que les votes sont favorables à la gauche à bien des scrutins. Le verbe "réussir" devient ironique.
Un de nos thèmes de campagne insistait sur la cohérence des choix au sein du bassin grenoblois. La posture d’opposant systématique adoptée au plan local est difficile à accorder avec la culture de gestion qui prévaut au sein des villes motrices de l’agglomération. Il fut un temps ou le terme de progressiste était synonyme du parti de la réforme; maintenant certains de nos camarades sont affublés du terme « conservateur ». L’absence de propositions en termes de politique pour la jeunesse, les réticences, par peur de se faire « piquer l’idée » émise bien timidement d’un chèque culture/sport pour les écoliers, justifient des appréciations défavorables, quant à notre manque de courage.
Nous étions pourtant arrivés à accorder nos paroles sur le thème inflammable de la sécurité - non pardon de la tranquillité publique - et puis des incendies récents ont radicalisé l’expression. Un développement concernant des propositions dans le domaine social tel que le micro- crédit vaudrait mieux que l’insistance sur les caméras de surveillance. Se contenter d’une protestation contre l’augmentation des impôts ou la remise en cause d’une salle culturelle prend à contre pied quelque tradition socialiste, et contredit certains choix à l’intérieur de la Métro.
Nous n’avons guère proposé pour une ambition urbaine à la hauteur des enjeux environnementaux à l’entrée Nord de l’agglomération.
1000 tracts, 15 présents à la réunion. Le découragement des militants peut se comprendre, quand tant d’heures de travail payent si peu. A vouloir faire revivre des démarches coopératives repeintes aux couleurs participatives, le constat est amer face au mur solide des susceptibilités et des calculs politiciens.
Le temps d’un congrès, le terme le plus usé est « rénovation », alors que l’archaïsme des pratiques, les stratégies les plus improbables assumées avec désinvolture, perdurent. Quel gâchis ! Notre projet politique est peu lisible, seuls restent exposés des individus. Les conditions d’une élaboration collective étaient devenues difficiles, les démissions sont venues s’accumuler au sein du groupe d’élus. Nos capacités à analyser et projeter pour la commune pouvaient être mises en doute quand à côté de soi les problèmes s’accumulaient et que leur gravité était niée. Pour tracer des perspectives d’avenir qui ne soient pas incantatoires, que des équipes nouvelles dans des dispositifs nouveaux se mettent au travail !
vendredi 5 mars 2010
Poil de Carotte

« D’ordinaire les habits de toute la famille accrochés au portemanteau l’impressionnent. On dirait des suicidés qui viennent de se pendre après avoir eu la précaution de poser leurs bottines, en ordre, là-haut sur la planche. »
La rudesse des conditions de vie est aggravée par cet amour sans espoir du petit qui use de la ruse et de paroles sentencieuses pour tenter de survivre. Afin de ne pas désespérer le lecteur, il faut savoir qu’une fois la mère se montrera magnanime, et une fois Poil de Carotte refusera une corvée.
C’est du brutal, mais de la littérature à son sommet, d’une sobriété essentielle :
« - Personne ne m’aimera, jamais, moi !
Au même instant madame Lepic, qui n’est pas sourde, se dresse derrière le mur, un sourire aux lèvres, terrible.
Et Poil de Carotte ajoute, éperdu :
- Excepté maman. »
Terrible, éperdu.
jeudi 4 mars 2010
Résonances/ raisonnances

mercredi 3 mars 2010
J 25. Chau Doc « Good bye Vietnam »

Le bateau s’engage ensuite dans un arroyo jusqu’à un verger. Nous y dégustons des fruits et du thé et Dany prend quelques secondes pour essayer un hamac, produit local fort répandu. Nous revenons sur Can Tho, remarquant le rose vif de quelques maisons sur les berges. Nous croisons des barques où les rameuses se tiennent debout à l’arrière du bateau, maniant leurs rames croisées. Sur les rives, on assiste à la lessive, à la toilette des habitants des maisons sur pilotis en bord d’eau. Avant de quitter Can Tho, nous passons en vitesse au marché couvert entrevu hier soir. Nous prenons la route pour la ville de Chau Doc qui nécessite en gros trois heures de voyage, interrompues par un repas au bord de route.
Nous posons nos bagages à l’hôtel « Chau Pho » et après un petit temps de repos, la voiture nous conduit vers le centre, puis nous lâche à l’embarcadère au bord du Bassac. Nous nous approchons de maisons flottantes. Certaines abritent des familles n’ayant pu acquérir un terrain pour construire. D’autres possèdent des cages en dessous de l’habitation pour l’élevage des poissons. Nous accostons sur l’une d’elles. Une trappe sur la terrasse en bois laisse apparaître l’eau et quand Thien jette une mesure de boulettes de balles de riz mixées avec des restes de poissons, c’est l’effervescence « dans le bocal ». Nous prenons la dimension de ce village flottant et nous atteignons un village Cham. La première maison que nous voyons est un magasin où travaille une tisseuse coiffée d’un foulard. Sur l’un de ces piliers est indiquée la hauteur des crues selon les années, en 2000 l’eau a grimpé à presque 2 m, jusqu’à l’étage. Un panneau en anglais à l’accostage recommande « de ne pas acheter de gâteaux aux enfants, les gâteaux étant vieux et pouvant entrainer de coliques ». Vrai ? Faux ? Nous nous abstenons. Nous nous rapprochons de la route après avoir gravi un escalier et un chemin cimenté d’où nous pouvons observer les maisons sur leurs hauts pilotis et les ponts étroits en bambous qui y accèdent. Le village, où s’entassent des immondices, parait pauvre. Nous nous dirigeons vers la mosquée, où nous y pénétrons après avoir quitté nos chaussures. Il y a des hommes en sarong et avec calotte. A l’intérieur le muezzin appelle à la prière, avec un certain talent. Nous nous éclipsons. C’est la dernière visite du programme assuré par « Phénix voyage » au Vietnam.


mardi 2 mars 2010
Agiassos #1

J'arriverai où elles m'attendent, dans le bric-à-brac de leur cour. Ce sera l'automne. Elles auront un pull noir sous leur robe noire, le noyer aura gardé quelques feuilles. Les quatre chèvres seront à grignoter ; le cabri sautera sur le toit de sa cabane, dressé sur ses sabots. Il bêlera :"C'est toi ! Bienvenue !
Une des femmes sera occupée à tourner le lait dans la marmite de fonte. Elle lâchera le bâton pour ajouter des sarments au feu, sous le trépied. Preste, elle reprendra le brassage de peur que le monde ne s'arrête. Comme la première fois je la contemplerai, la naïve, la travailleuse sans mémoire. J'agiterai mon carnet, elle comprendra, elle me désignera ma place sur la pile de planches. J'écraserai les épluchures, les crottes sèches, je m'assoirai face à la marmite. Je ne lèverai pas mon crayon, le fil sera tenu. Alors l'autre apparaîtra, forte et joviale. Elle me proposera le lait, elle m'offrira une chaise, apportera le pain grillé et les noix.
Et je couperai le fil.
Leur signe s'assentiment sera discret. Je leur donnerai le dessin. Je me lèverai, elles me presseront dans leur odeur de chèvrerie, elles laisseront à mes joues leur sueur.
Et le fil sera coupé.
Tout droit je descendrai vers l'agora. Sous la voûte de feuilles rouges je boirai le café brûlant, très lentement. Je rêverai dans le sexe des feuilles écarlates. Silencieuse, j'enfanterai un chant en écho au saxo jamais vu qui joue pourtant sur les terrasses d'Agiassos. Saxo du Dieu caché.
Et puis il sera temps de filer ailleurs. »
Marie Treize
Inscription à :
Articles (Atom)