vendredi 30 octobre 2009

XXI automne 2009

"Les africains en France" est le thème développé ce trimestre sur 40 pages avec
- la crise de la religion catholique en Normandie à travers la mission d’un prêtre congolais ;
- les dégâts de la crise économique qui s’amortissent avec la débrouillardise et la convivialité chez les éloignés du CAC 40 dans une société domiciliant de petites entreprises.
- des boubous dans un Fez Noz, une communauté malienne en milieu rural donne un nouveau visage à la France.
Les compléments à chaque reportage pourtant complets,sont riches d'enseignements par exemple: l’histoire d’une immigrée bulgare agent d’entretien en Grèce défigurée pour avoir dénoncé ses conditions moyenâgeuses de travail.
Les terreurs du monde en Albanie où règne la vendetta qui ruine des vies,
au Mexique où des femmes d’Amérique Centrale essayent de gagner les USA dans des conditions démentes, une a perdu un bras:« je voudrais dire que sans une jambe ou un bras, on vaut quand même quelque chose ».
Des respirations avec un documentaire à Coulommiers et une BD sur l’observatoire d’Atacama au Chili, et un récit d’une promenade sous terre à Naples, déjà qu’à la surface la ville ne manque pas de mystère.
Des informations remises en perspective lors d’une interview d’un spécialiste des doctrines de la guerre révolutionnaire qui rappelle les 5000 disparus du Chili et les 30 000 en Argentine et les lumières de la France pour théoriser la torture auprès des dictatures d’alors.
De beaux portraits : celui d’un photographe chez les Roms ou de Derosières le député qui épluche les comptes de l’Elysée, et toujours la mise en valeur des journalistes, des dessinateurs, des auteurs, Mabanckou cette fois.

lundi 26 octobre 2009

Braquo

Une nouvelle série policière arrive sur Canal+. Je ne suis pas très familier du genre mais pris dans les insistances de la publicité, je suis allé voir ce qu’il advenait de Jean Hugues Anglade et de ses copains fonctionnaires dépendant du ministère de l’intérieur. Le commissariat est installé dans une usine désaffectée, grillagée, tuyauteries apparentes, monte-charge et boitiers électriques: attention danger!
Les personnages de noir vêtus se fourrent dans des situations difficiles et si je remarque l’élégance des cadrages, un rythme plus vif que sur « La Trois », c’est que l’intrigue ne m’a pas vraiment empoignée. L’esthétique du noir inscrit les personnages dans le fatalisme, la violence, l’amertume. Ils trainent leur désillusion sous des barbes de trois jours, derrière la fumée des cigarettes et les dialogues se déroulent sur fond sonore saturé. Le polar a tendance à jouer de la caricature, le filon est encore exploré en 2009, mais décidément pas en situation de me séduire.

dimanche 25 octobre 2009

Birkin

Ce soir là à la MC2, j’avais l’humeur de Droopy l’indestructible. Après avoir reçu sur la tête l’enclume « je suis venu te dire » et le bloc de rocher « fuir le bonheur », je ne fus pas anéanti et j’ai pu apprécier les allitérations en «ze » d’une chanson anodine et redécouvrir « les petits papiers » qui réconfortent les jours de froid. Quand les mots doivent brûler, s’ils sont dits avec élégance, nous pouvons mieux regarder le temps qui a passé.
Son engagement indéfectible auprès de Aung San Suu Kyi est manifeste pendant le concert, bien qu’il ne soit pas asséné. La tonalité de son dernier album « les enfants d’hiver »est plus grave avec « les fous rires qui finissent en larmes ». Mais comme souvent c’est surtout en reconnaissant des morceaux que je me suis régalé et j’applaudirai encore longtemps « ex fan des sixties » même si c’est au pied d’un monument aux morts que nous revient la rengaine.
«… Et comme si de rien n'était
On joue à l'émotion
Entre un automne et un été
Mensonge par omission
Amours des feintes
Des faux-semblants
Infante défunte
Se pavanant »

Du beau travail de pro, avec ce qu’il faut de naïveté, de sincérité pour jouer :
« Si j'hésite si souvent entre le moi et le je
Si je balance entre l'émoi et le jeu
C'est que mon propre équilibre mental en est l'enjeu
J'ignore tout des règles de je »

samedi 24 octobre 2009

Refonder le Parti Socialiste ?

Le débat de Libé de mi septembre entre Manuel Valls et Aurélie Filippetti qui avait accepté de débattre avec lui, contrairement à d’autres camarades bien fuyants en cette période, est déjà daté. Et la question n'est vraiment pas nouvelle.
L’anecdote submerge toute réflexion. Dites par exemple « …Mitterrand, homme de gauche bien connu… " et des sourires entendus sont assurés. Hamon pour un livre qu’il n’a pas lu, est à la remorque. Titine qui assume sa ringardise, en l’exprimant, entre dans le concert des petits mots qui font, goutte à goutte, les grandes désillusions.
Il en va bien sûr de la déchiqueteuse médiatique, mais ces barons qui gouvernent le parti nous donnent le tournis en remettant en cause chaque matin les apaisements de la veille.
Portant le camp d’en face nous offre des boulevards à condition de ne pas nous mettre au diapason de leur arrogance.
Je crains que les mots de « démocratie participative » soient usés, maintenant qu’ils sont dans tous les discours, mais le pouvoir des salariés dans l’entreprise peut permettre de surmonter la défaite que nous avons connue autour du travail.
L’organisation de primaires est acté, et la décision de s’attaquer au cumul des mandats proclamée, malgré « les balles dans le pied » qu’on se tirerait d’après Vallini, le pistolet encore chaud, et d’autres qui n’ont plus comme conviction que de garder des postes.
Ce n’est pas avec ce genre de pratique que l’on va aller contre le pessimisme de la jeunesse, ni amoindrir la peur de l’avenir de toute une société.
Comment sortir de ces bains amers, et assourdis par les flaflas Berluskozistes ne pas se draper dans la bonne conscience, mais travailler encore?
45% des jeunes échouent en première année de fac !
Quand la droite élargit sa base électorale, pratique l’ouverture, nous campons sur nos nostalgies.
Education, retraites, réforme fiscale.
« L’égalité va avec la prise en compte de la finitude du monde »: c'est ce que j'avais noté sur mon carnet à l'issue du débat, mais je ne me souviens plus qui l'a dit, mais c'est bien résumé, non, pour une identité d'une gauche du XXI?

vendredi 23 octobre 2009

Un cœur intelligent

J’admire Finkielkraut et son art de citer en régénérant les auteurs, ses dons de pédagogue, sa langue qui m’embobine ; ses colères, ses passions, ses impatiences me le rendent plus accessible, émouvant, je peux simplement l’aimer. Avec son dernier livre salué de toutes parts, où il présente neuf de ses livres préférés, il parle bien sûr de lui-même et par là à chacun. J’étais aux anges, ravi de revenir sur un livre que j’avais adoré, le redécouvrir, « Le premier homme », et être impatient d’aller à la découverte de « Lord Jim » qui semble si fort, si poignant, quand la poésie des rêves rencontre la prose du réel.
La librairie « Le Square » a réservé un coin aux livres recommandés par Finkielkraut, et à droite de ce blog vous pouvez cliquer sur le lien avec un autre blog de haute tenue : « Un autre monde » où Séjan nous donne sa lecture méthodique et aiguisée de certains des livres en question.
Un hymne de plus à la littérature, avec la sublime beauté des chants désespérés certes, mais au-delà de l’attention aux mots, la vie gagne des nuances, des couleurs. Oui, c’est lui « le sage qui ne rit qu’en tremblant » titre qu’il donne à son étude de « La Plaisanterie » de Kundera, et cette « Tache » de Roth dont les éclaboussures nous touchent, il la connait.
L’espace d’un billet relever une pincée de titres : « Le scandale de l’art » pour le festin de Babeth de Karen Blixen, et « La muflerie du vrai » pour un livre d’Henry James et juste pour mettre en appétit, un petit morceau:
« Cette civilisation de l'image qui naissait en 1957 est aujourd'hui arrivée à maturité et, en délaissant les chemins, elle a mis M. Germain (l’instituteur de Camus) hors du coup. De truchement, il est devenu obstacle. Il montrait la voie ; voici qu'il bouche la vue. Il devait son aura au pouvoir qui était le sien de déverrouiller les portes, d'ouvrir les fenêtres, d'arracher les enfants à l'exiguïté et à la monotonie de leur chez-soi. La télé-présence remplit désormais cette fonction. Il n'y a plus de place pour le médiateur ou l'intercesseur de l'universel dans le nouveau dispositif de l'information et de la communication planétaire. Le maître qui nourrissait jadis « une faim plus essentielle encore à l'enfant qu'à l'homme qui est la faim de découvertes » se heurte désormais à l'indifférence railleuse ou à la somnolente digestion du télé-regard. Ses élèves ne sont plus affamés ; ils sont repus d'images-chocs, gavés de succédanés et de fantômes. La misère elle-même a cessé d'être la « forteresse sans pont-levis » évoquée dans le Premier Homme. Les démunis contemporains ne sont pas débranchés : ils ont un portable et une télécommande. L'indigence est logée à la même enseigne visuelle et virtuelle que l'opulence. »

jeudi 22 octobre 2009

Agnès Perroux

Joli titre, « lumière du jour », pour une expo dans un lieu clair : le Vog à Fontaine dans la rue du tram. D’ailleurs des photographies de la rue en question donnant sur la rue nous accueillent. Ainsi l’artiste grenobloise joue avec les cadrages, les architectures, les mises en situations. Elle relie et dissocie, rythme, juxtapose, fait se côtoyer des citations de culture graphique diverses : Van Gogh et la bande dessinée. Derrière un verre éclaté, un paysage bleuté, des perspectives vertigineuses, des recherches poétiques : « l’instabilité comme forme motrice ».

mercredi 21 octobre 2009

J6 : Hanoï (au-delà de la rivière)

Les marchés éclairés, aperçus du train qui arrive en gare vers 5h, regorgent déjà de monde. Nous nous rendons d’abord au marché aux fleurs : cœur de lotus, roses emmaillotées dans du papier journal au bout de très hautes tiges, oiseaux de paradis, orchidées, feuillages divers et palmes . Les bouquets sont exposés par terre, soit sur des vélos mais aucun ne trempe dans un vase. Les carrioles attendent d’être à nouveau remplies.
Je renonce à mon cours de cuisine, la turista nous attaque tous à des degrés divers : effets de l’anti paludéen, la Malarone ?
Mes compagnes viennent me réveiller après avoir couru les boutiques. Nous mangeons à côté de l’hôtel, à l’angle de Hang Gaï et Hang Hom street au « Malraux ». Le menu vermicelles, poulet, légumes + bière et café à 105 000 D est non seulement délicieux mais le rapport qualité/prix est irréprochable. Je me contente de quelques miettes dans mon bol de riz pour améliorer mon repas de régime.
Nous retournons dans la clim' pour une petite sieste d’une heure à peu près.
Mes compagnes poursuivent dans la ville pendant que je me repose en évitant la moiteur. Elles trouvent la pagode du cheval blanc mais c’est en un chantier. Dans cette ville, les mobylettes occupent tout l’espace, les rues bien sûr, les cours, mais aussi les trottoirs dans un alignement continu, et même dans les magasins chics l’engin trône au milieu. Elles font une petite halte au bord du lac devant un yaourt mangue malgré les glaçons et retour à la boutique préférée où la vendeuse salue ses bonnes clientes d’un « à tout à l’heure ».
Pendant la restructuration des valises, je leur lis des passages de Zweig. Nous dinons d’une soupe au céleri et thé au jasmin au « Malraux » à nouveau.