vendredi 16 octobre 2009

Les dépossédés (Bis)

Ce titre désigne les pauvres, non comme une classe sociale assignée à cette place fatale, mais comme les victimes d’un processus accentué sous Thatcher. La fluidité de l’écriture de Robert McLiam Wilson sur 340 pages, ne vient jamais distraire de l’âpreté du documentaire décrivant la vie d’individus dans les quartiers déshérités de Glasgow, Belfast, Londres.
« Jennifer G. et ses enfants mangent du riz aux champignons six jours sur sept. Adèle d’Andersontown, chauffe une chambre minuscule dans sa HLM, trois jours par semaine seulement et pour dormir elle enfile deux manteaux l’un sur l’autre. Le bébé d’un homme de Clonard pleure sans arrêt et crache le sang dans une chambre verdie par l’humidité »
Cet auteur est chez lui, il nous fait partager une émotion tendue, son empathie avec les personnes rencontrées, sa révolte et aussi son impuissance ; il lutte contre les clichés attachés à ces classes dites jadis dangereuses, en préservant leur dignité.
« Nous savons pertinemment que nous sommes gouvernés par une administration qui nous ment effrontément » … « Nous ne voulons pas croire que la vie na va pas sans une certaine vilénie ».
Les photographies de Donovan Wylie qui accompagnent l’enquête, ne sont pas belles, elles sont ennuyeuses, ternes, désespérées.
Le 13 juin 2009, Marie Françoise avait recommandé ce livre sur ce blog.

jeudi 15 octobre 2009

Duncan Wylie, Grégory Forstner

Duncan Wylie est originaire du Zimbabwe (ex Rhodésie), à présent de nationalité française, il peint des maisons écroulées avec des couleurs chatoyantes et une grande virtuosité. Ses contours rouges viennent mettre de l’énergie à des scènes que les hommes ont désertées. J’aime beaucoup cette transfiguration de la réalité. Le soleil brille même sur les ruines et ses coups de brosse vous réveillent.
Présenté à côté, au musée de Grenoble, Grégory Forstner, né lui à Douala(Cameroun), se place dans la lignée des expressionnistes allemands. Mais ses représentations d’animaux en uniformes en train d’exercer des tortures m’ont parues conventionnelles. Bien qu’il ait pris le parti de prélever des détails dans les tableaux classiques, je vois beaucoup de dessinateurs de B.D. qui inventent à chaque case et qui installent un univers plus fort, plus original.

mercredi 14 octobre 2009

J 5 : Sapa, pays d'eau

Il pleut dru ce matin au réveil et le brouillard enveloppe la station climatique et les montagnes. La randonnée prévue dans ces conditions météorologiques est grandement compromise. Il est décidé que nous nous reposions ce matin à l’hôtel : nous envoyons mails et cartes postales, tant que nous pouvons utiliser les chambres.
A une heure, la voiture nous cueille à la sortie du restaurant, il pleut, notre guide s’est muni d’un immense parapluie. Nous payons un péage puis nous descendons du véhicule un peu avant le premier village de Lao Chaï sur la route encore goudronnée pour admirer le paysage de rizières en terrasses d’un beau vert velours. Les M’hongs noires courent vers nous dès les premières maisons et là nous prenons la piste empierrée. Nous achetons une cloche de buffle « ancienne » fabriquée par le papa de la vendeuse. Des tissus de chanvre macèrent dans des cuves d’indigo. Nous croisons un groupe parti pour une expédition de cinq jours dans les villages, nous ne sommes pas les seuls touristes.
Les animaux sont discrètement là, un cochon à la fenêtre, un buffle couché dans la boue, des chiens silencieux. On peut deviner que ce lieu dans quelques années deviendra un coin à touristes avec échoppes d’artisanat qui se développeront. Pourtant on constate l'authenticité dans les activités : scieurs de long, culture, et les habits traditionnels résistent très bien à l’influence occidentale.
Le deuxième village Ta’Van n’est pas très éloigné, il abrite lui aussi deux ethnies différentes visibles chez des femmes aux costumes différents avec des couleurs beaucoup plus éclatantes pour leurs chemises à ouverture chinoise. L’escorte des petites femmes noires s’épuise ou se renouvelle en cours de promenade. « Madame achète pour moi », « achète à moi », « pas cher, c’est joli », « tout à l’heure », avec des petites voix douces et suppliantes, un léger zézaiement. A la sortie du village, une jeune femme nous incite gentiment à venir boire dans son café. Pourquoi pas ? Les tables recyclent des pneus de camions obstrués par des plaques de contreplaqué et les tabourets consistent en 3 gros bambous liés ensemble. Une petite dame s’occupe d’assembler des fils de chanvre et attend son heure pour vendre. On fait affaire pour des ceintures brodées et un coussin, elle nous fait de petits cadeaux car elle est contente et nous aussi. « Ochao » = « Merci »
Retour motorisé, toujours dans le brouillard et la pluie en haut de la montagne, après les rizières vertes, voici maintenant les champs en eau. A Lao Caï, la voiture s’arrête devant le restaurant « Emotion » qui nous garde les bagages le temps d’une petite promenade dans la ville : travail sur le trottoir de ferronniers s’affairant autour d’un portail avec des chalumeaux, découpage de tôle, mais aussi repos d’hommes en uniformes bleus fatigués, autour d’un jeu de pions, soufflés ou claqués brutalement contre l’échiquier.
A 20h nous sommes installés dans une cabine privée du train. Le staccato ne berce pas tout le monde avec la même efficacité.

mardi 13 octobre 2009

La vie et moi.

Pico Bogue est un petit personnage de BD dessiné par Alexis Dormal sur des scénarios de sa maman Dominique Roques. Nous pensons à Mafalda ou au petit Nicolas qui ne sont pas des enfants pour de vrai mais des révélateurs poétiques. Les histoires courtes recèlent des surprises et si le garçon ébouriffé tourne toutes les situations à son avantage, il est attendrissant, plein de fraîcheur et d'intelligence. Pico mange comme un cochon et il va proclamer : « Si c’est pas une régression ça ! » Bien dans l’air du temps, pour un milieu urbain où les enfants sont en avance sur leur âge. Les mystères de l’amour, de la mort les assaillent et ils ont la chance de pouvoir en parler ; ils ne s’en privent pas. La gourmandise des enfants : rien de tel pour croire à la vie. Nous sommes sur une autre planète que celle des endormis qu’il faut payer pour venir à l’école, où les subventions de Hirsch ne pourront s’aligner sur les bénéfices du deal !

lundi 12 octobre 2009

Hôtel Woodstock

Avec un regard un peu comme celui de « Fabrice à Waterloo », Ang Lee adopte un angle original pour évoquer l’évènement historique du rassemblement musical de Woodstock dans l’Amérique d’il y a quarante ans. A partir de personnages et de situations réelles, il nous promène dans les coulisses de l’aventure qui a dépassé les petits intérêts de ceux qui ont permis que ça se passe là. Un commencement pour le héros principal, la fin d’une époque pour toute une génération. La seule image du festival est comme un mirage grandiose. Certes bien des illusions étaient démultipliées par d’artificiels produits. Mais la croyance d’alors en un monde plus doux, plus libre, accuse le vide de nos rêves désormais perdus.

dimanche 11 octobre 2009

Soirée lecture concert

Pour la première fois, face à un public, je me suis tenu caché derrière des textes pour une lecture avec trois comparses Renée, Marie Françoise et Marité.
Isabelle Olivier, compositrice et harpiste était là pour emmener le public au-delà de nos extraits littéraires. Avec simplicité elle a déposé ses notes originales autour du thème du "voyage dans le temps", en nous apportant une énergie nouvelle et rafraîchissante. Tantôt en s’effaçant, tantôt en entrant en résonance avec les mots. L’équilibre a été vite trouvé entre musique et textes. Nous étions partis à la recherche de Proust, Cendrars, Cocteau, Ernaux, Hardellet, Duras, Michaux, Calet, Prévert, Bradbury, Du Bellay, Pessoa :
« Je veux partir avec vous, je veux partir avec vous,
En même temps avec vous tous
Partout où vous êtes allés !
Je veux affronter de front vos périls,
Sentir sur mon visage les vents qui ont ridé les vôtres,
Recracher de mes lèvres le sel des mers qui ont embrassé les vôtres,
Prêter mon bras à vos manœuvres, partager vos tempêtes,
Comme vous arriver, enfin, en des ports extraordinaires ! »

Nous nous étions bien régalés pendant les répétitions, mais lorsque le trac m’a empoigné, je me suis promis de ne pas me remettre dans ces situations ; pourtant la rencontre avec la musicienne a été un moment privilégié. Et en étant à côté d’elle je pense avoir encore plus apprécié les trouvailles qu’elle a pu nous apporter avec ses harpes qui avaient une image très conventionnelle à mes yeux de profane. En plus du caractère féerique et fluide lié à l’instrument, elle a apporté une touche jazzy, exotique. Sous les lampes intimes installées par les bibliothécaires, cette soirée a réuni une cinquantaine d’auditeurs qui se sont précipités pour acheter les derniers CD de la quadra en route vers Romans et d’autres voyages.
Le site de la musicienne:
http://www.isabelleolivier.com/

samedi 10 octobre 2009

Quels termes pour une alliance ?

Ce devait être un débat au forum de « Libé » de Daniel Cohn Bendit avec Martine Aubry; celle-ci défaillante a été remplacée par Claude Bartolone, qui en bon petit soldat savait qu’il ferait pâle figure à côté du bateleur d’estrade. J’ai préféré suivre ce débat plutôt que celui entre le Béarnais et le maire de Tulles où chacun a dit : « c’est le projet qui fait l’union ». Certes.
Juste avant l’effondrement de la finance, nous venions, au P.S., de reconnaître l’économie de marché. Et c’est au moment où Bayrou perd des plumes, que certains se sentent des faiblesses pour le MODEM, alors que Dany a cédé depuis un moment aux délices modérés.
La problématique des alliances d’appareils est encore plus périmée aujourd’hui que le succès d’Europe Ecologie est dû au dépassement des organisations qui composaient sa galaxie.
Le changement climatique influence les pouvoirs, et si l’on veut gagner et éloigner la tentation de n’être qu’un « beau perdant », il s’agit par une réflexion sur la gouvernance, d’expliquer pour redonner foi en la politique, mettre les actes en accord avec les paroles. Gagner sans décevoir. Est ce qu’un retour de la gauche plurielle réjouirait l’omni président, la solution, réside-t-elle dans l’omni rassemblement ?