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jeudi 4 avril 2024

Le vitrail moderne. Frère Marc Chauveau.

Qui mieux que le dominicain, historien de l’art, commissaire de l’exposition Penone en son couvent de La Tourette pour présenter devant les amis du musée de Grenoble, le renouveau de l’art du vitrail depuis l’après guerre ?
Aujourd’hui il siège comme membre du comité artistique pour Notre-Dame de Paris.
Il débute sa conférence avec l’ « Eglise du plateau d’Assy » dont l’architecte Maurice Novarina est celui de l’hôtel de ville de Grenoble. 
Là bas, en Haute Savoie, le style de Rouault convient aux cloisonnements de « Véronique ».
A Audincourt, ville des ouvriers de Peugeot, « La passion du Christ » de Léger 
fut davantage appréciée
que le décor du « Baptistère » de Bazaine qu’une paroissienne voulait consoler : 
« Dites à votre mari qu’on finira bien par comprendre. »
A Vence, la chapelle du Rosaire est dite « Chapelle Matisse »
La vie est symbolisée par les feuilles du figuier de Barbarie qui donne fleurs et fruits même dans les sols arides.
Pour la première fois, Manessier ose l’abstraction dans une église ancienne à Bréseux. 
« Le baptême ».
Dans la cathédrale de Metz, Chagall « passeur de lumière » accorde sa spiritualité à la poésie.
«Un vitrail représente la cloison transparente entre mon cœur et le cœur du monde. » 
Il représente « Abraham, Jacob, Moïse, Joseph et Noé »
pour le déambulatoire
 dont voici le projet,et la maquette.
Les verrières de la cathédrale de Saint-Dié-des-Vosges avaient été détruites en 1944. 
Dans les années 80, dix artistes coordonnés par Bazaine ont réalisé cinquante trois baies autour de « La résurrection ».
C’est sur le même thème que Manessier réalise « Le Tombeau vide ou l'annonce de la Résurrection» pour l’église du saint Sépulcre d’Abbeville
et «L'ombre de la Croix».
A Brest, les graphismes élégants de Zack aux teintes réduites
côtoient les couleurs de Bony.
Pour Lardeur, sculpteur, fils de maître verrier parmi soixante-dix sites religieux, 
voilà celui de Cambrai.
Raynaud dans sa sobriété s’accorde parfaitement à l’abbaye cistercienne de Noirlac 
à côté de Dijon.
« Les paroles de la messe » de Dibbets à Blois illustrent la diversité des propositions artistiques.
A Conques, Soulages respecte l’architecture 
et attrape les couleurs du temps qu’il fait dans des verres opalescents.
https://blog-de-guy.blogspot.com/2022/05/monochromie-noir-et-demi-teintes-serge.html
Ricardon
à Acey travaille dans les blancs : silence, contrainte, spiritualité.
Les carrés rouges de Tyson à Saint Claude représentent des anges :  
«  Mais les anges ne sont pas carrés ! Ils sont comment alors ? »
Aurélie Nemours est âgée de 86 ans lorsqu’elle crée les vitraux aux lignes structurantes 
pour le prieuré de Salagon en Haute-Provence.
Ubac
réalise les vitraux de la nef romane de la cathédrale de Nevers
et Alberola ceux  du déambulatoire gothique.
Contrairement à ses contemporains, Garouste pour les quarante-six baies de l'église de Talant travaille le symbolique.
Zagari
à Faymoreau en Vendée innove dans la chapelle des mineurs 
avec les verres et la forme des barlotières (barres métalliques).
Favier
utilise  de la lithophanie de porcelaine pour l’église de Jabreilles-les-Bordes, 
à côté de Limoges.
Parmi « Les témoins » à Vassieux-en-Vercors, «  La femme »
sérigraphie sur verre, de Cerino, peut se voir aussi de l’extérieur.
Il propose aux sœurs de Béthanie la représentation de « Marie-Madeleine », à hauteur d’homme, « Je ne suis que cela, mais je suis tout cela » pour la chapelle du Bienheureux Lataste, lieu de miséricorde, à Montferrand le château.
Les dessins des feuilles d’aucuba de Couturier à Oisilly gravés à l’acide, 
rejoignent des représentations sidérales.
Les techniques des verriers se sont renouvelées stimulées par la créativité des artistes, 
ainsi la mise en lumière d’ Ann Veronica Janssens à Grignan.
Quand furent inaugurés en 2014 les vitraux de l’allemand Knoebel à Reims certains trouvèrent qu’ils ne s’harmonisaient pas avec ceux de Chagall eux mêmes  contestés en 1974 lorsqu’ils furent installés

jeudi 28 mars 2024

Les fêtes galantes. Fabrice Conan.

Le conférencier devant les amis du musée révise le vocabulaire autour du bien-être pour présenter cette époque charnière de la peinture au XVIII° siècle : badinage, élégance, légèreté. « Le Printemps » d’Antoine Watteau est représentatif de cette esthétique : sous des touches lestes, les personnages en costume contemporains montent en musique dans des embarcations décorées où  les distances promettent de se réduire, sous un ciel flamand en mouvement.  
https://blog-de-guy.blogspot.com/2014/01/watteau-antoine.html
Avec « L’Embarquement pour Cythère » de 1709, une narration s’inscrit dans le paysage, en faisant écho d’une pièce à succès : « Les trois cousines » terminée par cette chanson :  
« Venez à l’île de Cythère
En pèlerinage avec nous
Jeune fille n’en revient guère
Ou sans amant ou sans époux. »
Le Valenciennois accède à l’Académie royale de peinture et de sculpture avec la version de 1717 nommée aussi « Le pèlerinage à Cythère » dont on ne sait si les couples amoureux munis de bâtons de pèlerins embarquent pour l’île de la déesse de l’amour ou s’ils en reviennent. Entre deux mondes, l’amant aide sa compagne à se relever en un mouvement amorcé par ceux qui les accompagnent. Après l’austérité dévote de la fin du règne de Louis XIV, la cour sous la régence quitte Versailles pour Paris, la paix est revenue.
https://blog-de-guy.blogspot.com/2022/12/louis-xv-fabrice-conan.html
Dans ses dessins préparatoires les plis des robes dites à la Watteau cachent les laçages.
D’un côté du
« Pierrot content » , des comédiens avec leurs fraises démodées portent des costumes « à l’espagnole », de l’autre la femme mène le jeu derrière un éventail qui peut signifier « embrasse-moi » ou « laisse moi tranquille » selon sa position.
La statue de  « La Leçon d'amour » ne reste pas de marbre, 
la musique accorde les sons et les cœurs.
« Le concert champêtre »
de Giorgione ou du Titien faisait cohabiter poètes et femmes nues nées de leur imagination. Au XVIe siècle, le visible et l'invisible pouvaient être représentés ensemble, mais peut-on interpréter la flûte dans un registre grivois ?
Constable
a écrit que « Les plaisirs du bal » en leurs jardins imaginaires, 
synthèse des styles italiens et flamand, semblaient « peints avec du miel ».
« Le Repos dans le parc »
de Jean-Baptiste Pater, son élève, 
ne manque pas de mouvements gracieux.
« Les baigneuses dans un parc » appartiennent au Musée de Grenoble.
Celles de Nicolas Lancret, toutes à leur « Plaisir au bain » n’en sont pas moins charmantes,
elles font le pendant du « Repas au Retour de la Chasse ».
Dans sa « Fête Galante avec Persan et statue », le peintre reproduit une sculpture réelle, 
et la position de l’éventail de la belle vaut d’être lue.
Pour la scène « La danse de la Camargo » thème assez rare, 
la robe raccourcit, les chevilles  apparaissent, suggestives.
Dans « L'Alarme » dynamique de
Jean-François de Troy
le jeune homme a la main sur son cœur et celle de la jeune fille trempe dans l’eau qui jaillit.
François Boucher
D
ans un  espace protégé, «  Les Charmes de la vie champêtre » tout en soie et velours, s’illustrent dans un affriolant genre pastoral.
https://blog-de-guy.blogspot.com/2015/04/francois-boucher-le-bonheur-de-peindre.html
« Le jeu de la palette »
,  tableau de Fragonard redécouvert en 2016, 
consiste pour un jeune homme à frapper la main de la personne désirée
et « Le Jeu de la Main chaude » 
où le « patient » peut cacher sa tête sous les jupes est forcément coquin.
« La Fête à Saint-Cloud » de Fragonard
la nature triomphe dans un « jardin imaginaire pittoresque » 
Ses tonalités mélancoliques annoncent qu’une saison s’achève, plutôt qu’une prophétie, facile deux siècles plus tard, sur la fin des plaisirs aristocratiques.  
« Qui n'a pas vécu dans les années voisines de 1780 n'a pas connu le plaisir de vivre » Talleyrand

jeudi 21 mars 2024

L’art du verre à Nancy. Gilles Genty.

Mêlant esthétique, chimie, alchimie, « l’art du feu » mesure la distance entre l’imagination artistique et le résultat à la sortie du four de l’artisan. Dans la présentation de tant de vases, coupes et autres luminaires devant les amis du Musée de Grenoble, les œuvres n’ont pas à rougir. J’éviterai les répétitions depuis l’article consacré à l’Ecole de Nancy.
Emile Gallé
contemporain de Gauguin a mené de brillantes études avant de devenir dessinateur dans l’atelier de son père.
Nourri de Victor Hugo, Lamartine, il n’oubliera pas de les citer tout au long de sa carrière.
Ses vases sont parfois parlants comme celui pour sa femme Henriette Grimm.
« N’est sortilège que d’aymer »
 à l’émaillage polychrome surajouté au verre fait référence à des techniques anciennes.
La perte de l’Alsace/Lorraine, 
«  Pensez-y toujours n’en parlez jamais »,   
a marqué l’engagement de toute une vie.
Tous les symboles sont réunis autour de Jeanne d’Arc, à décor noir dégagé à l’acide : 
lys, chardon, croix de Lorraine, « De par le Roy du ciel ».
« Le verre soufflé offert à Louis Pasteur »
témoigne de son amour de la nature.
« La Soldanelle des Alpes » inclut  poussières d’argent et de platine 
dans ses deux couches neigeuses de cristal et un décor gravé à la roulette.
Le « japonisme » eut aussi son influence en un opalescent «  Clair de lune ».
« Vase à la carpe »
.
Lors de l’exposition universelle de 1900, Gallé met en scène son travail : 
au dessus des « Sept cruches », d'après le conte de Marcel Schwob est inscrit : 
« Mais si tous les hommes sont méchants, faussaires et prévaricateurs, 
À moi les mauvais démons du feu : 
Éclatent les vases ! 
Croule le four, 
Afin que tous apprennent à pratiquer la Justice. » 
Il milite pour Dreyfus.
Le poème bien nommé « Verre ardent » de Maurice Maeterlinck s’incarne : 
« Et je vois éclore au milieu
De la fuite du cristal bleu,
« Les feuilles des douleurs passées ».
Son œuvre ultime de 1904, « La Main aux algues et aux coquillages » évoque peut être Ophélie de Shakespeare, il se sait malade.
Antonin
est le plus célèbre des deux frères fondateurs de la cristallerie Daum.
Cette « Urne à l’aigle Impérial » sur sa monture en argent utilise les ressources de l’historicisme.
« Nénuphar et Héron »
rappelle une poterie kabyle.
Tel un vase grec, sous la silhouette d’une harpe, « Tristan et Yseult » réalisé avec Jacques Grüber
s’inspire de l’opéra de Wagner, depuis la légende médiévale des deux amants.
 « Aux lys » : 
« Ainsi, tu resteras, comme un lys, comme un cygne,
Blanche entre les fronts purs marqués d’un divin signe »
V. Hugo
« La coupe Papillon Daum »
est devenue un label.
Louis Majorelle participe à « La lampe fleurs de pissenlit ».
Les grains sont collés à chaud sur « le vase raisin ».
Spectaculaire, le vitrail « Les cygnes sur le lac d’Annecy », par Henri Carot verrier d’après le peintre Albert Besnard destiné à l’école de pharmacie de Paris se trouve au Musée d’Orsay.
Et « Souvenir d'automne » signé Théophile Laumonnière décore la piscine de Roubaix.
Dans bien des lieux, des éclairages différents transfigurent les objets Art nouveau, au musée de Wiesbaden les mises en scène séduisent.