Nous gagnons à pied la laiterie de la Reine. Ce cadeau que fit Louis XVI à sa femme ne séduisit pas Marie Antoinette malgré son goût pour une vie champêtre rêvée qu’elle aima cultiver à Versailles dans son hameau. Elle n’apprécie guère le château de Rambouillet qu’elle surnomme « la crapaudière ». La laiterie ressemble à un petit temple antique destiné à la dégustation des produits laitiers.
L’intérieur se divise en 2 espaces : dans le premier en forme de rotonde, une coupole à caissons proche de celle du panthéon de Rome laisse filtrer la lumière par un oculus.Des médaillons sculptés apposés sur les murs idéalisent des sujets liés aux travaux de la ferme comme la traite, le barattage… Le 2ème espace sert d’écrin à un amas de rochers monumentaux en forme de grotte qui englobe une statue féminine représentant Amalthée et la chèvre de Jupiter. Dans une dépendance sur la gauche de la laiterie, une petite exposition fournit quelques explications et montre des exemplaires de vaisselle de Sèvres conçue spécialement pour ce bâtiment. Le raffinement et l’art de vivre se nichent partout.Le gardien nous enjoint à ne pas trop tarder pour aller à la chaumière aux coquillages, et d’arriver avant que son collègue ne prenne sa pause méridienne impliquant la fermeture de la petite maison. Nous la trouvons un peu plus loin dans le parc. Elle adopte un style rustique avec un toit de chaume et semble sortir tout droit du passé. Son appellation provient de sa décoration intérieure incroyable, inédite, époustouflante ! Des coquilles d’une grande diversité, moules, praires, huitres, de tailles et de couleurs différentes franches ou délicates, recouvrent tous les murs. Elles dessinent des décors avec symétrie, des colonnes, des médaillons, comblent les fonds, tracent des motifs de broderies, épousent les surfaces même en arrondi de la pièce. Des vasques utilisant des coquillages plus importants s’insèrent dans des niches prévues à cet effet. Des canapés et des chaises placés le long des murs s’adaptent à la forme circulaire de la pièce.
Comment ne pas penser à la
chambre d’ambre de Tsarkoïe Selo,
version française, avec des moyens beaucoup plus modestes mais valorisés
avec beaucoup d’art et de savoir- faire ? Unique et réussi!
Pour rentrer, nous suivons le
canal. La grandeur du parc et ses aménagements nous impressionnent. Il possède
un canal, des plans d’eau, des ilots abordés autrefois en barque. De l’allée de
Diane, marquée par la présence de sa statue, s’offre une longue perspective dégagée vers l’arrière du
château. Ici, dans cette partie, plus reculée, circulent des promeneurs mais aussi des vélos, des joggers
et des voitures électriques. Les jardins
soignés à la française ou à l’anglaise, cèdent la place à une végétation organisée
de façon plus naturelle, voire plus
sauvage. Nous ne nous enfonçons pas
suffisamment pour rencontrer la forêt riche en gibier donc propice à la chasse, faisant la réputation de Rambouillet et son château.
Maintenant, il est temps de nous
poser et de nous restaurer. Nous
trouvons tout près « La maison blanche » qui nous sert un poke
bowl au bœuf ou un tartare de thon et avocat suivis d’un café gourmand.
Nous disposons de toute
l’après-midi pour nous promener dans le
parc forestier et animalier,
dit
Espace Rambouillet.
Nous devons pour cela reprendre la voiture.
Bien qu’aidés par le GPS nous galérons
un peu au milieu des bois dépendants de la commune de Sonchamp embarqués sur
des routes étroites qui les traversent mais nous finissons par déboucher sur le
parking anarchique placé sous les arbres. L’espace Rambouillet (entrée
payante) propose des animations pour les
enfants près de l’entrée, et plusieurs circuits repérables à leur couleur pour
les familles ou les adultes :
Le plus court parcourt la forêt des cerfs et
la forêt du monde invisible dans un cadre en semi-liberté, les bêtes étant
gardées derrière des enclos.
Le 2ème passe par la forêt des aigles
qui se produisent à des heures fixes de la journée.
Nous choisissons le 3ème,
et nous poussons le portillon vers la forêt sauvage.
Elle mérite sa réputation, beaucoup de chênes et de bouleaux la composent, avec à leur pied, un sol sans broussaille inextricable au profit d’une terre humide recouverte de feuilles mortes. Dans les trouées de lumières ou les clairières les fougères se plaisent et s’épanouissent éclatantes de santé. Le chemin nous conduit à la mare saint Rémy. C’est un superbe endroit plein de magie due essentiellement à une île où prospèrent des cyprès chauves originaires d’Amérique dont les résurgences racinaires en surface créent des picots et des broderies, là où l’eau se recouvre d’une pellicule verte mouvante. Durant la promenade de plus de 2 h, nous distinguerons de loin des cerfs en hordes ou isolés et couchés à l’ombre sous les fougères. Mais il fait encore trop chaud pour espérer croiser les autres habitants de la forêt.
Cependant, la promenade balisée sur des chemins d’où il ne faut pas s’écarter
ne manque pas de charme, les groupes se diluent dans l’espace sans ressentir
les désagréments engendrés par trop de monde, ils se parlent cordialement et
s’échangent les bons plans pour débusquer les cerfs. Quant au petit train
forestier, il circule en harmonie et discrètement sans déranger la quiétude du
lieu.
Nous avons fait notre plein de
nature aujourd’hui.
De retour à Sermaise, avant de passer une soirée tranquille dans notre colombier, nous partons à pied regarder à quoi ressemble le centre du village à deux pas du manoir : très petit, il concentre un stade, des maisons, dont la mairie, en pierres blanches liées entre elles par un enduit clair et une église équipée de porches en bois protégeant les portes d’entrée sur deux de ses façades.
Merci pour la petite visite de fauteuil que tu me proposes alors que dehors, près de chez nous, c'est le Sahara... Beau lieu. Une petite pensée pour Marie Antoinette qui me rappelle que les époques révolutionnaires sont toujours accompagnées d'une nostalgie certaine pour le pastoralisme...
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