Il a bien plu cette nuit mais le ciel se montre un peu plus clément pour notre départ vers POITIERS. https://blog-de-guy.blogspot.com/2025/06/orleans-3.htmlNous utilisons l’autoroute jusqu’aux abords pas très reluisants de la ville. Puis nous suivons la rue qui monte jusqu’au centre, surpris de constater que la cité n’est pas plate ; de quoi travailler ses mollets à vélo ! Il faut parvenir au cœur de la ville pour percevoir un peu d’animation en ce dimanche du mois d’août.
Nous posons la
voiture rue maréchal Foch sur la voie en pente à l’abri des arbres pour nous
rendre à pied l’Office du tourisme. Il
s’est installé près de l’église romane Notre Dame que nous nous réservons pour plus tard. Et il nous fournit
les documents habituels, plan, visites guidées pour demain et infos. Il reste ouvert jusqu’à 18h si nous
souhaitons plus de renseignements.
Avant toute visite, nous songeons d’abord à nous restaurer et dans nos déambulations,
nous croisons la rue des grandes écoles, rappelant la tradition de longue date
de ville universitaire de Poitiers.
Nous portons notre choix sur le restaurant
la « Serrurerie » dont nous apprécions d’emblée le style Déco
brocante manifeste dans les grandes
vitrines surchargées d’objets chinés, et
le style « décoration industrielle » avec les carreaux de ciment du sol et la verrière
au- dessus-de nos têtes. Ce bistrot brasserie très prisé par les Pictaviens sert
essentiellement de la cuisine traditionnelle
française simple ou revisitée. Nous commandons un tartare ou une
andouillette et un café gourmand.Dehors, la
fraicheur renforcée par un vent
froid nous saisit. Nous ne voulons pas
spoiler voire divulgâcher les monuments prévus dans la visite guidée de demain.
Toutefois, nous ne demeurons pas inactifs, nous disposons de notre temps pour
voir les monuments exclus de la liste. En premier, nous
nous approchons de l’église Saint
Porchaire. Coincé dans l’enfilade des maisons, le clocher- porche de style
roman, haut de 24 m
permet de pénétrer dans le sanctuaire.
Une fois à l’intérieur, une double nef
gothique atypique débouche sur deux
autels, elle est chapeautée par des voûtes nervurées en forme de
palmier pas très élevées. Nous ne connaissions pas ce saint
Porchaire : il s’agit d’un abbé qui tenta en 539 de calmer la révolte des
moniales de l’Abbaye de sainte croix après la mort de leur fondatrice.
Après cette visite
rapide, nous marchons jusqu’au Baptistère Saint Jean exempté lui aussi des monuments commentés de demain.
A recommander sans
restriction ! Cet édifice religieux, l’un des plus vieux de France s’installa au IVème
siècle dans une luxueuse maison privée avec bains. Grâce à Prosper Mérimée, il échappa à la destruction, puis, vendu à l’état fut restauré et classé monument historique. Sans remaniement et transformations radicales jusqu’à nos jours, il répond entièrement aux canons de l’art roman.
A l’extérieur,
une entrée en trois parties incurvées, la centrale étant surmontée d’un triangle ajouré par deux petites fenêtres et étant percée d’une porte cintrée, devance
un bâtiment rectangulaire. Les tuiles qui recouvrent l’ensemble lui confèrent un petit caractère méridional,
comme les murs crépis d’un enduit ocre apposé sur les pierres. La seule
décoration sur les parois nues provient de la corniche et ses modillons.
L’intérieur
renferme des fresques réalisées du XIème au XIIIème, en relation avec le
Baptiste :
Devant et au-dessus de l’arc de l’abside, elles représentent l’Ascension sous la forme d’un Christ en gloire peint dans sa mandorle et entouré de deux anges, avec les apôtres placés de part et d’autre Répartis sur 4 murs, 4 cavaliers, symbolisent probablement les 4 royaumes de l’univers placés sous l’autorité de l’église de Rome. L’inscription Constantin placée sous l’un d’entre eux désigne ce premier empereur chrétien chargé de défendre le christianisme et de combattre le paganisme.
Saint Maurice, martyr
dont l’église de Poitiers se prévaut de garder
les reliques, figure sur le mur
sud en uniforme de légionnaire. « Il est
encadré d’un paon et d’un dragon qui tente de s’enfuir. Un homme menaçant ce dernier d’une épée est accompagné d’une inscription en langue
vulgaire reconnues comme l’une des plus anciennes : il cria marci e turna. (il cria grâce et s’enfuit). » Quant
au paon, plusieurs fois dessiné, il symbolise la longévité, la vie éternelle ou
encore la résurrection des morts.
Dans l’abside,
(derrière l’arc) sur la voûte près du Christ, les évangélistes revêtent leur forme tétramorphe :
l’aigle pour Saint Jean, l’ange pour Saint Matthieu, le taureau pour Luc et le lion pour Marc, tandis qu’en
dessous, les fresques nous racontent des épisodes de la vie de Jean-Baptiste,
saint patron de l’église et du baptistère.
Nous remarquons
l’absence de toute croix peinte (ou sculptée)
sur les parois, juste la présence discrète d’un chrisme ( monogramme du Christ, souvent accompagné des lettres α et ω ) dans l’abside
comme signe de reconnaissance entre fidèles.
En dehors des fresques, les fonds baptismaux confirment la fonction initiale de l’édifice. Un bassin octogonal creusé dans la pierre favorisait les baptêmes par immersion. Il occupe la position centrale. Plus récent, pour combler cet espace dépouillé, un musée lapidaire fut constitué à partir des sarcophages mérovingiens découverts dans la région et d’un autel en marbre porteur de graffiti et de croix gravées obituaires (relatives au décès) .
Tous ces renseignements
nous les obtenons d’un jeune gardien/guide passionné qui décrypte pour nous
avec simplicité et évidence les symboles, les représentations, les codes que
pourtant nous pensions connaître. Nous
ressortons admiratifs de nos ancêtres capables d’un tel art, de tant de
maitrise, de sens esthétique, pour un monument ayant globalement bien résisté à
tant de siècles….
Nous revenons en nous promenant vers la voiture. Près de la rue Magenta, nous tombons par hasard sur les vestiges d’un amphithéâtre romain dont il ne subsiste pas grand-chose passés les destructions, le vol des pierres pour réemploi, les abattements pour étendre les limites de la ville et dont les rues suivent le tracé. Nous retrouvons la voiture à proximité, qui pendant notre absence, a subi les outrages d’un pigeon planqué dans un arbre. Mais le facétieux volatile ne se contente pas d’avoir souillé notre « Gédéon », il débourre copieusement sur ma tête sans craindre nos vociférations. (les miennes surtout !)
Il est temps de
partir à la recherche de notre Airbnb, surtout que tout un périple nous attend
dû à de multiples travaux sur un pont. La déviation mal indiquée nous entraine
dans un cycle infernal où nous tournons en rond, ou pire nous pousse dans une
étroite impasse qu’il faut rebrousser en marche arrière minutieuse :
sueurs…
Mais le GPS ne s’avoue jamais vaincu et nous mène enfin à bon port. Accueillis par la proprio et ses deux chiots jappeurs, nous emménageons dans la cabane louée. Notre logeuse nous informe sur la proximité de commerces ouverts (ce qui n’est pas le cas au centre-ville), une épicerie maghrébine et un carrefour express, facilement accessibles à pied.
Nous voilà prêts à passer une soirée tranquille dans la petite cabane. La TV annonce la mort d’Alain Delon.
Merci pour la visite du Baptistère Saint Jean. Une splendeur, bien restitué dans les photos.
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