Si mère Noëlle ne m’avait mis précocement ces 524 pages dans
mes chaussures à crampons hors d'usage posées au dessous du sapin, je n’aurai pas eu
l’occasion de réviser quelques beaux moments de ma vie, bornée par cette fête
universelle revenant tous les quatre ans, depuis près d'un siècle.
Les piles de livres où figurent un ballon sont trop souvent
indexées sur le succès quand même les indifférents savent ce qu’ils faisaient
lors de la victoire en juillet 98, bien que la mémoire des amateurs de ce jeu puisse
être peuplée de défaites magnifiques (Séville).
Cette collection est toujours délicieuse.
Le journaliste honnête et chaleureux écrit bien et ne livre
pas des définitions sans âme.
Que loués soient les grands joueurs : Pelé, Platini, Cruyff,
et d’autres aussi : Nobby Stiles et Kostadinov Emil,
et rappelés quelques films : « Les yeux dans les bleus »,
« Dans le secret des bleus »,
des sites prestigieux : Guadalajara et Maracana revu en
« Maracanazo »,
sans oublier les mains des "manchots" celle de Dieu et de Thierry Henri !
Quelques mots méritaient de devenir historiques :
« Croyez-ça, l'équipe de France est championne du
monde en battant le Brésil 3-0. Ah, c'est super ! Quel pied, oh putain! Je
crois qu'après avoir vu ça, on peut mourir tranquille, enfin le plus tard
possible ! » Thierry Roland
(finale de la Coupe du monde 1998).
Mais je ne savais pas qu’en Angleterre en 1966, alors que
l’arbitre n‘avait pas encore sifflé la fin du match et que des adolescents
envahissaient la pelouse, l’expression du commentateur de la BBC : « They think it’s all over » (ils
pensent que c’est fini) était devenue « culte ».
D’autres formules : «
Muscle ton jeu Robert » de Jacquet à Pirès ou de beaux titres : « Inqualifiable » après la
défaite contre la Bulgarie, « Dieu
est mort » (Maradona), font partie de notre histoire, de nos
connivences.
Bien des anecdotes sont savoureuses et d’autres
terribles : lors de la coupe organisée par la France en 1938 alors que
l’Allemagne a annexé l’Autriche, Sindelar « le Mozart du football »
qui avait refusé de jouer dans l’équipe de l’Anschluss a peu après été retrouvé
mort, asphyxié.
Le capitaine de l’équipe de France de la première Coupe du
monde en 1930 à Montevideo a été fusillé en 44 : « Villaplane était
un salaud ».
Duluc n’hésite pas à parler de dopage, de trucages, de
politique : comment Zitouni a rejoint l’équipe du FLN, ou comment Streltsov au goulag pendant sept ans est
revenu jouer au Torpédo.
Le rédacteur de l’Equipe reste avec le regret d’une
proximité avec Jacquet qui ne lui a pas pardonné ses critiques, celui-ci ouvre
la liste alphabétique se terminant par Zoff Dino, à « Aimé J. »
Platini a préfacé le dictionnaire.
Il faut relativiser : « C’est pas la Coupe du monde » mais quand même :
« Dans une cour
en béton, après avoir été choisi en dernier, on avait inscrit un but qui nous
avait donné l’impression de bouleverser l’ordre du monde »
Les gravures du Larousse en sept volumes étaient fascinantes
quand les images étaient rares, les dessins de ce livre ne sont pas à la
hauteur des écrits : Paul Pogba en
arrive à ressembler à Ronaldo Christiano.
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