vendredi 13 décembre 2019

Notre ADN culturel. Régis Debray.

Il a beau se répéter : « l’€uro est un billet de Monopoly » dans des articles rassemblés par le « 1 », je l‘apprécie toujours autant et sourit quand il joue au modeste dans l’avant propos.
Je ne suis pourtant pas d’accord du tout avec sa comparaison entre son retour de Bolivie avec celui des djihadistes revenant de Syrie.
Surtout quand après les attentats contre Charlie il disait :
« Le choc des civilisations n’a aucune raison de nous effrayer : c’est très salutaire, parfois salvateur. »
Même si ces souhaits d’il y a 5 ans ont abouti à l’inverse :
« C’est le moment de relever la tête et d’assumer notre ADN culturel.
« Je ne dis pas colère, je ne dis pas compassion, je dis fierté collective. »
Il m’a appris des mots : il n’aime pas les « bonaces » : « état d'une mer très tranquille »,
et les mulâtresses à la belle « ensellure » « cambrure au niveau des reins » avaient compté dans ses engagements de jeunesse.
Ses observations intitulées « la cartographie des courants souterrains » que dévoile le peintre Fromanger sont fines. Sa fresque « De toutes les couleurs » illustre cet article plutôt que le dessin de Trapier dont le style vieillot me déplait en couverture de ces 80 pages.
Son discours courtois, après avoir reçu le prix Montaigne autour de l’apport des lettres et de la philosophie en politique, est délectable.
« Le XX° siècle ayant poussé le romantisme du XIX° jusqu’au fanatisme et la passion jusqu’au carnage, voilà que les sobres vertus, les retenues du Siècle des Lumières, reprennent une appétissante actualité. »
Je l’ai beaucoup cité, il cite beaucoup :
« Un homme qui a lu et retenu est plus capable de grandes entreprises qu’un autre. » Montaigne
« Du temps où les nations se haïssaient, l’Europe avait plus de réalité qu’aujourd’hui. »
De Gaulle
Le sens du tragique adouci d’humour a de la gueule quand le style l’habille.

1 commentaire:

  1. L'homme a du style dans l'écriture, c'est déjà beaucoup.
    Pourtant, je ne suis pas conquise par ceci : "Le XX° siècle ayant poussé le romantisme du XIX jusqu'au fanatisme et la passion jusqu'au carnage, voilà que les sobres vertus, les retenues du Siècle des Lumières, reprennent une appétissante actualité."
    Le problème étant que l'Homme parvient à faire une passion allant jusqu'au carnage... même des sobres vertus...
    Jusqu'où n'irait-on pas pour éviter...les bonaces ?
    Oui pour la citation de De Gaulle. Elle me semble encore plus pertinent que celle de Montaigne, qui est pourtant truffé de matière, j'en conviens, même si je n'adore pas le lire.
    Et oui pour ton (dernier) jugement en fin de colonne ici. Très bien vu.
    Je demanderai le livre pour notre bibliothèque. Pour une raison que j'ignore, nous avons très peu de Régis Debray.

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