vendredi 8 mars 2019

Petit débat local.

Revenant du Grand Débat National qui dans ma commune a rassemblé 80 personnes autour du thème des services publics, j’ai apprécié de participer à une discussion avec des gens de bonne compagnie, après avoir douté que ce fut encore possible dans notre pays où la haine  aurait tendance à faire partie du décor : «  Macron au four ».
L’intelligence et l’honnêteté du rapporteur de notre groupe m’a fait oublier ceux qui refusent tout échange, demandant toujours plus à une démocratie dont ils n’usent guère, l’abimant semaine après semaine. Alors que la courtoisie a été la règle, j'ai particulièrement savouré la contradiction apportée par un gilet jaune au seul intervenant véhément qui protestait contre « l'interdiction de manifester ». Ce GJ atypique qui avait parlé de la dette auparavant, se désolidarisait clairement des casseurs.
Lors de cette soirée, il a été surtout question de « guichet unique » pour faire vivre les services publics dans des zones dont la population diminue, le numérique ne pouvant se substituer à la présence humaine. J’ai retenu aussi l’argument de la vitalité du groupe industriel Michelin, basé en Province, venant à l’appui d’une suggestion de décongestion de Paris de ses administrations, à répartir sur tout le territoire.
Cette richesse des idées, m’a fait croire que le sens des responsabilités n’avait pas fui mes compatriotes, et que les mots d’Emmanuel Macron recommandant des mesures concrètes pour l’Europe, pourraient être compris lorsqu’il dit:
« Nous ne pouvons pas être les somnambules d’une Europe amollie. Nous ne pouvons pas rester dans la routine et l’incantation.»
En trouvant des motifs de reprendre foi en la nature humaine avec des gens bien vivants plutôt qu’avec des émoticônes, je rejoins les évidences de La Palice ou l’expression chilienne : « quand j'ai très soif, je préfère l'eau au pain ».
Alors que l’école parait bien souvent impuissante voire inaudible, je reviens à sa complicité dans la construction de l’idée péjorative que se font les élèves de la société. Ils ne savent la concevoir dans sa diversité, ses institutions et ses contraintes, comme certains de leurs ainés s’estimant être à eux tous seuls « Le peuple ».
Ces adultes en devenir considèrent souvent qu’il n’y a que des « métiers de merde » qui s’offrent à eux, en dehors d’intermittent du spectacle, ou de traider.
L’exacerbation des individualités a mis à mal depuis longtemps la notion de collectif illustrée jusqu’à la caricature par le mouvement de ces derniers mois. La revendication de moins de contribution (taxes) entre en contradiction évidente avec encore plus de services demandés à un état bien peu respecté.   
Outre la paresse de bien des médias, les récriminations incessantes, les surdités, comptent dans l’abaissement du débat dans notre pays. Depuis que les manifestations ne sont plus déclarées et que la violence apparaît comme accoucheuse de légitimité, l'ignorance des règles s’accroit , chacun cherchant à dépasser les limites comme l’éprouvent des enfants sans éducation.
Les parents qui ne jouent pas leur rôle de parents, quand ils n’enfreignent pas eux-mêmes les normes, ont leur part dans le déni du réel. Et ça va jusqu’à l’issue ultime !
En doublant par la droite un car, en vespa volée, sans casque, la mort peut appeler des mômes de 17 ans.
L’expression « faire société » passe pour une incantation dépassée au moment où les communautés se défont. Il devient difficile d’admettre la malhonnêteté, fut-elle intellectuelle, et  d’accepter que la laïcité soit invoquée pour imposer son contraire, de quoi se radicaliser en quelque sorte pour dire : «  faut pas pousser » quand :
« Des djihadistes de France, du Canada et d’ailleurs s’étaient filmés en train de brûler leur passeport. Mais alors que l’EI vit ses derniers instants, eux qui étaient autrefois des extrémistes belliqueux se comportent maintenant comme des touristes en détresse victimes d’un voyage mal organisé. Un Canadien se plaint que son ambassade n’a pas cherché à entrer en contact avec lui. » Courrier international.

2 commentaires:

  1. Je suis heureuse d'entendre que ce débat national se soit déroulé dans le respect entre les participants.
    Quelques nuances sur ce que tu écris, Guy...
    Je ne sais pas si nos compatriotes exigent de plus en plus de.. protection, de sûreté, de l'Etat. Les Français ont bénéficié d'un grand service public, et un grand esprit de service public, qui fut un idéal très porteur pendant.. longtemps, mettons.
    Que l'Etat... CONCENTRE le monopole de certains services, et supervise les infrastructures dont dépend la collectivité, sans quoi Monsieur et Madame Tout le Monde, multinationale ou particulier/sociétés-es-toutes-sortes ne peuvent pas faire.. affaire, cela me semble grandement souhaitable. Peut-on imaginer.. des entreprises privées ENTRANT EN COMPETITION LES UNES AVEC LES AUTRES, gérant le parc des centrales nucléaires en France, ou ailleurs ? (C'est un avertissement, ça, si l'on veut.)
    Je me répète inlassablement quand je dis, pourtant, qu'on ne peut pas te priver vraiment de quelque chose SI TU N'AS PAS DEJA RENONCE A TA FOI, ton engagement dans LA VALEUR de ce quelque chose, et cela vaut pour... le service public sur le sol français.
    "On" ne nous parle pas beaucoup de la foi en bien, Guy, tu me l'accorderas. Pourtant, sans foi, on ne peut pas faire affaire, et on ne peut pas vivre... avec soi, ou dans la collectivité non plus. "Crédit" vient de "credere" qui concerne la foi... en autrui, son semblable. "Faire crédit" ne concerne pas seulement l'argent sonnant, trébuchant ou dématérialisé, dans la sphère marchande, cela concerne la parole, même au-delà du contexte des affaires.
    Pour les parents... c'est un sujet qui est sensible pour moi, à vrai dire.
    Il y a plus de trente ans maintenant, quand j'ai mis au monde mes enfants, et commencé à les ELEVER (un beau mot, tu en conviendras, pour un beau projet...), j'ai constaté qu'un esprit de concurrence sévissait dans l'espace public pour s'approprier l'autorité et la légitimité de déterminer ce qui était le souverain bien pour mon enfant.
    J'attire seulement l'attention sur l'esprit de concurrence qui sapait la possibilité de coopération entre l'instance de l'école, et moi, en tant que parent, POUR LE BIEN DE MES ENFANTS.
    Pour moi, ce qui est à interroger, c'est cette concurrence entre les différents acteurs de la société. Et je vais nuancer aussi, là. Je ne crois pas que la concurrence est forcément mauvaise, et la coopération forcément bonne, comme d'autres semblent le penser. Mais trop de concurrence entre les différents acteurs, comme trop de concurrence dans les affaires, contribue à l'émiettement de la société et exacerbe les tensions sociales. Trop de concurrence attaque une appartenance collective, et organise de nouvelles appartenances sous forme de communautés.. RACISTES (et oui, appelons un chat un chat. Rassembler les personnes autour d'une singularité de naissance (comme l'aristocratie) qui n'est pas acquise, et pour laquelle l'idée de devenir n'a pas de sens est une appartenance "raciste", quelle que soit la personne qui y recourt, même si cette personne est noire, par exemple.)
    Où commence l'esprit de coopération, et comment tempérer les revendications corporatistes en tous genres, en sachant que les revendications communautaires sont, à leur manière, des revendications corporatistes identitaires ?

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  2. (suite)
    Espérons que nous ne finirons pas comme le petit frère outre-Atlantique avec un "dialogue" impossible, car entaché d'une méfiance, d'une défiance permanente entre communautés corporatistes... alors que l'union coule avec l'engagement dans un vivre ENSEMBLE.
    Un petit mot pour dire que je ne suis pas impressionnée par notre capacité de DIALOGUE en ce moment...ni par notre capacité de changer d'avis sur quoi que ce soit. Mais cela me semble normal. Quand tout va si vite, "on" tend à s'asseoir, et faire comme un mulet pour qu'IL Y AIT AU MOINS UN POINT FIXE dans l'existence... on trouve le salut là où on peut.

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