A New York, dans les années 50, un adolescent est renvoyé de
son collège, il attend trois jours avant de rentrer chez ses parents aisés, vit
à l’hôtel, se déplace en taxi, se saoule, fume sans arrêt, va en boîte et ne
conclut pas avec la prostituée qu’il a commandée.
Il porte sur ses contemporains un regard sans concession qui
donne tout leur sel à ces 245 pages et n’en fait que mieux ressortir sa
tendresse exceptionnelle pour sa petite sœur.
« Ce mec, il
avait tout. Sinusite, boutons, dents gâtées, mauvaise haleine, ongles pourris.
On pouvait pas s’empêcher de le plaindre un peu, le pauvre con. »
Le narrateur excessif, drôle et agaçant, hyper sensible et
indifférent, de mauvaise foi, s’apitoyant sans cesse sur lui-même, alors qu’il
se laisse couler, abordant à la frange des territoires de la folie, est intéressant.
Je n’ai pas lu une charge contre le rêve américain d’alors,
mais la vive chronique d’un môme, qui n’arrive pas littéralement à rentrer dans
la maison adulte.
Le titre, à ne pas confondre avec « L’arrache
cœur » de Vian, m’est resté énigmatique, jusqu’à cette rare métaphore
poétique :
« Je me
représente tous ces petits mômes qui jouent à je ne sais quoi dans le grand
champ de seigle et tout. Des milliers de petits mômes et personne avec eux, je
veux dire pas de grandes personnes - rien que moi. Et moi je suis planté au
bord d'une saleté de falaise. Ce que j'ai à faire c'est attraper les mômes
s'ils s'approchent trop près du bord. Je veux dire, s'ils courent sans regarder
où ils vont, moi je rapplique et je les attrape. C'est ce que je ferais toute
la journée. Je serais l'attrape-cœurs et tout. »
De cœur, de sentiments, il en est pourtant peu question,
mais d’après des commentaires cette falaise serait celle du grand saut hors de
l’enfance.
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