mardi 19 février 2019

Crédulité & rumeurs. Gérald Bronner, Krassinsky.

Comment lutter contre les fake News alors que les sciences humaines ont une audience restreinte face à la puissance de la moindre rumeur sur Internet ?
La mise en dessins dans ce fascicule de 72 pages peut-elle permettre une diffusion plus grande d’une autre façon de voir ?
Deux adolescents dialoguent, l'un est sceptique par rapport aux vaccins et perméable aux  rumeurs « alternatives » :
« J'aimais bien imaginer ces histoires de complots, me dire que j'en savais un peu plus que les autres, que le monde ressemblait à un roman d'espionnage, qu'il y avait clairement des méchants et des bons, nous, les résistants. ».
Son camarade remonte jusqu’aux illusions d’optique et au fonctionnement du cerveau, pour déconstruire les croyances du premier qui ne veut surtout pas être un mouton usant pourtant bien mal de son esprit critique. Ainsi sont abordés, biais de perception, limites cognitives, tout ce qui ressort de la propagande et des croyances sur fond de paresse intellectuelle.
Le propos est intéressant, en revenant dans la préface au succès du « Protocole des sages de Sion », mais à mon sens les dessins contrarient plutôt l’ambition didactique.
Tout en tenant des raisonnements sophistiqués, les déambulations des deux garçons dans les couloirs du lycée, sur un terrain de foot… brouillent l’attention. Les exemples pris sont souvent pertinents, ils auraient été plus convaincants, à mon sens, à être illustrés indépendamment les uns des autres pour gagner en efficacité.
J’ai beau faire remonter le début de la barbarie au jour où « intello » est devenu une insulte, je trouve le personnage du donneur de leçons bien agaçant, bien qu’il n’échappe pas au stéréotype de se montrer maladroit avec un ballon.

3 commentaires:

  1. Bon, déjà le dessin en forme de manga ne me plaît pas du tout. Je n'ai jamais aimé la BD, de toute façon. Cela m'a toujours surpris de voir cet engouement français pour la BD. Aux U.S., dans le temps, la BD était un truc... pour les enfants... et puis les BD pour les adultes, pour moi, ça n'arrivait jamais à la hauteur d'un très beau livre illustré.
    Pour le contenu...
    Commentaire par voie détournée : dernièrement j'ai lu une biographie de Greta Garbo par Antoni Gronowicz qui date de 1990. Je trouve à l'intérieur du livre la mention que Greta Garbo a nié avoir collaboré avec l'auteur pour faire ce livre, et n'en a pas autorisé sa publication. Il paraît qu'il y a un biographe "officiel" de Greta Garbo, qui, bien entendu, est bien placé pour nous dire "LAVERITE" sur Greta Garbo, mais le problème, comme toujours, c'est que "LAVERITE" ne sera jamais qu'un squelette sans chair, et les faits... les faits sont de pauvres os de ce squelette.
    Cela fait des millénaires maintenant qu'"on" nous met en garde contre notre imagination, en nous sermonnant régulièrement de nous en tenir... qu'aux faits, et à nous contenter simplement des squelettes. C'est... triste à en mourir, et tous ceux qui nous parlent de "LAVERITE" comme ça, (et il y en a eu beaucoup, et pas les moindres, suivez mon regard... et pas toujours du côté des phisolophes..) finissent par avoir l'intonation morne desséchante de... la BD que tu nous présentes dans ce billet. Ça laisse un goût de cendres dans la bouche.
    La biographie de Greta Garbo, quand bien même elle serait l'oeuvre de l'imagination foisonnante d'Antoni Gronowicz, fascine par l'improbabilité du personnage qu'il a su créer. Il me semble qu'elle a été publiée après sa mort, et je n'y vois aucune indécence, aucune pornographie, contrairement à ces sots puritains qui sévissent sur plusieurs continents, et qui, dans les camps les plus improbables, sont là pour nous faire leur morale.
    Alors... Garbo, les faits, ou Garbo la légende ?
    Quant à moi, j'aimerais bien que "LAVERITE" retourne se coucher un peu, là. J'en ai marre.. des idoles en tous genres.

    RépondreSupprimer
  2. D'auto fiction ou d'après une histoire vraie: vive les romans qui disent parfois une vérité plus profonde qu'un documentaire.
    Mais cette BD se veut un outil pour secouer le conformisme qui saisit en particulier les familiers des réseaux sociaux plus attentifs aux pourvoyeurs de fake news qu'aux journaux de papier ou ce qu'on peut leur dire à l'école.

    RépondreSupprimer
  3. Le problème, c'est que ça s'inscrit dans une démarche un peu hygiéniste.
    Je comprends la bonne volonté... mais en ce moment il y a beaucoup trop de bonne volonté, de tous bords, d'ailleurs.
    Souvenons-nous que Goethe déjà voyait se profiler un monde qui serait un vaste hôpital, avec pléthore de soignants. Goethe n'avait pas tort, n'est-ce pas ?
    Ce que tu montres ci-dessus est déjà manichéiste pour mes goûts. Mais le monde a perdu beaucoup de... profondeur, et de perspective depuis quelque temps. J'ai beau savoir que cela arrive régulièrement ; je ne m'en désole pas moins.

    RépondreSupprimer