vendredi 15 février 2019

Le Postillon. N° 49. Hiver 2019.

La publication bimestrielle grenobloise a trouvé son « chemin de Damas » du côté des ronds-points de Voreppe et de Crolles occupés par les gilets jaunes.
Ceux-ci ont droit aux pages en couleurs, à la première page et à la chanson de la comédie musicale « Hair » (1968) : « Laissons entrer le soleil. »
« Pétrifiés dans nos manteaux d’hiver
Refoulés aux frontières du mensonge
Des nations qui crèvent »
Le reporter participe à la convivialité qui a régné en ces lieux, jusqu’à s'y enivrer littéralement, et retient bien sûr la méfiance de l’un de ses interlocuteurs envers les réseaux sociaux coïncidant avec les choix militants de l’équipe rédactionnelle. La parution bimestrielle est parfois en décalage avec l’actualité qui leur fait ignorer les multiples incendies sur Grenoble, mais cette distance n’est pas mise à profit pour décoller le nez de devant les palettes enflammées et donner des éléments de réflexion, entrer dans la complexité politique.
L’immersion d’un autre « journaliste » parmi les militants de La République en Marche ne témoigne pas de la même empathie, on pouvait s’en douter.
Si je reste toujours troublé par l’absence de signature des articles, l’affichage de leurs opinions est honnête, on sait à quoi s’en tenir et la formulation des aléas rencontrés lors de leur rapportage rend vivante la lecture. Cependant leur regard est souvent auto-centré : on le savait déjà qu’ils se déplacent en vélo. Mais ce qui apparaissait dans d’autres numéros, leur détestation  très personnalisée de certains acteurs de la vie locale, arrive à être malsaine et dessert leur critique.
A quoi bon occuper tant de place en narrant par le menu leur différent avec l’ancienne directrice de l’hôpital Nord pour mettre en évidence les difficultés des urgences ?
Ils sont dans la ligne Ruffin lorsqu’il s’en prend aux personnes : «  Je hais Macron ! » et participent à une dégradation du climat politique en donnant la parole exclusivement à une employée en conflit avec la députée Emilie Chalas dont ils traitent par le mépris les menaces proférées à son égard.  
Alors que la mise en évidence de stratégie de e-réputation est intéressante, leur acharnement à l’égard de la directrice de cabinet du maire de Pont de Claix participe de cette atmosphère délétère et il faut s’attendre avec un procès qui s’annonce, à quelques tacles à nouveau contre des dirigeants d’Emmaüs Grenoble.  
Leurs diatribes par rapport à la technologie gagneraient en profondeur en évitant de remettre au centre de la cible le président de Clinatec, Benabib, qu’ils ne lâchent pas depuis des années.  Et pourtant il y a à dire : les évolutions de la poste visant à « faire de la connaissance clients le levier de la performance de chacune des branches du groupe » en passant par l’intelligence artificielle nous donnent envie de rejouer la partition :
« Tués de rêves chimérique
Ecrasés de certitudes
Dans un monde glacé de solitude ».

1 commentaire:

  1. Régulièrement je me fais traiter d'obsédée parce que j'ai de la constance par rapport à mes critiques de la modernité. Constance, et fidélité par rapport à ce que/ceux que je n'aime pas.
    C'est curieux, mais dans l'ensemble nous n'avons pas vraiment le droit de ne pas aimer, et l'amour qu'on nous prêche est bien fadasse pour mes goûts.
    Si tu as des doutes, il faut regarder les pages critique des livres d'Amazon. Dans l'espace de quelques années, des critiques extraordinairement foisonnantes, qui étaient le miroir du meilleur de la démocratie ont cédé la place à un fourre-tout tiédasse rempli de fautes d'orthographe par dessus le marché.
    On peut débattre sur les attaques contre les personnes, et surtout, sur le statut de la personne dans notre civilisation de masse à l'heure actuelle. Pas de "personne" sans la possibilité d'attaques contre la personne.
    Encore une fois, personne ne nous a jamais dit que nos vies allaient être...sans histoire ?? affects ?? (négatifs pour contréquilibrer les positifs, pendant qu'on y est)
    Avec le problème de la haine surgit inévitablement le constat que le tiers EXCLU est structurant pour la cohésion d'un groupe quelconque. Une autre manière de dire que nous fondons nos appartenances sur des exclusions en même temps. Et qui dit "exclusion" dit haine, d'une manière ou d'une autre.
    C'est incontournable pour moi, et axiomatique, même.

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