mardi 8 septembre 2020

Le bruit des mots. Germain Huby.

Les mots prennent du poids avec des dessins à la ligne claire et aux couleurs pastels et effectivement, ils font essentiellement du bruit.  Banale source de malentendus, ils sont, bien entendu, à la fois des outils élémentaires de la communication et vecteurs d’incommunicabilité, terribles et insignifiants.
On a envie de déguster chaque scène qui est de la veine occupée par Fabcaro, en moins déjanté http://blog-de-guy.blogspot.com/2020/03/et-si-lamour-cetait-aimer-fabcaro.html
mais on arrive vite au bout des 96 pages car on a envie d’en découvrir de nouvelles.
Ces dialogues brefs et variés telles des pastilles acidulées révèlent avec humour l’absurdité de nos conditions aggravée par les technologies nouvelles: 
« - Mon portable marche pas. Le réseau passe pas ici.
- Et la beauté du paysage, elle passe ?
- J'ai froid ! »
 
Au miroir d’une information en continu: 
«  Nous n’avons pas d’information pour le moment. Mais surtout restez avec nous ! Nous referons le point dans quelques minutes. » 
Quand le chef d’entreprise fait allusion à un employé peu scrupuleux, une dizaine d’auditeurs se sentent visés, et sur une autre planche un fils annonce à son père agriculteur qu’il veut être web designer.
Sur les chantiers, dans la rue, au lit, sur la plage, autour de la table ou au marché, dans les réunions, entre copines, entre père et fille, l’humour rattrape tous les conseils décalés, les surdités, les indifférences, les cruautés avec une pointe de poésie.
« - Papa pourquoi on vit ?
- La question c’est pas pourquoi on vit mais pour quoi en deux mots.
- Alors pour quoi on vit ?
- Tu préfères manger des fraises ou des cailloux ?
- Des fraises !
- Alors voilà, tu vis pour des fraises !
- Mais tu dis toujours que les fraises c’est bourré de saloperies aujourd’hui.
- Ça c’est pourquoi on meurt ma chérie. Mais on en parlera plus tard si tu veux bien. Ça suffit pour ce soir. »

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