jeudi 28 mai 2020

Lacs italiens 2019 # 15 : Orta. Miasimo. Ameno

Pas de précipitation ce matin, nous avons prévu d’aller à pied à la fondation Calderara tout à côté de notre Airbnb. Mais contrairement à ce qui est affiché sur la porte, nous apprenons via une communication au téléphone que le musée n’ouvre ses portes que l’après-midi.
Nous modifions donc notre programme et consacrons la fin de matinée  à quelques emplettes pour les amis à Orta.   
Nous apprécions toujours autant la vielle ville aux toits de lauze et ses rues pavées, ses fresques passées, il ne manque que le soleil. 
Par amusement nous vérifions la présence du boulanger dans son magasin, qu’il avait déserté le laissant grand ouvert dimanche dernier.
Nous remontons vers l’église, attirés par une exposition de peintures sans grand intérêt si ce n’est  la possibilité de pénétrer dans le Palazzo Penotti Ubertini : nous pouvons y admirer les belles pièces en enfilade aux couleurs pastels, leurs planchers constitués de carrés d’une jolie teinte miel/rouge, et les plafonds à caissons peints dans un état de conservation variable.
Les fenêtres,  grandes, laissent bien pénétrer la lumière  pourtant chiche aujourd’hui, et donnent sur la rue, en vis-à-vis  d’autres belles demeures anciennes.
Nous regagnons la voiture  utile pour rejoindre le restaurant  « La genzianella » recommandé par Lucas. (via per Armeno 10 28010 Miasino).
C’est une albergo en plein champ fréquentée par des travailleurs. La serveuse nous installe à une table ronde recouverte d’une nappe blanche assortie aux serviettes en tissu. Au menu  nous avons droit à des ravioli avec de la truite, du poisson pané aux haricots verts ou du poulet aux pommes de terre au four. D. se laisse séduire par la tarte Tatin à la pêche et boule de glace. Avec les boissons eau minérale et un ½ litre de vin rouge, le café,  nous nous en sortons pour 60 € tout compris et pour quatre. Le personnel est agréable, quant à la patronne, elle entame une petite discussion bon enfant.
Il est encore un peu trop tôt pour la fondation Calderara ouvrant à 15 h. En tapotant sur mon smartphone, je tombe sur la photo du Palazzo Nigra,  commune de Miasino. Pourquoi pas ? Le GPS nous dirige vers une petite place à l’arrière du palais, dotée de trois ou quatre places de stationnement et d’où l’on peut voir :
- une petite église assez modeste à l’intérieur en comparaison à toutes celles visitées logeant une petite tribune de bois peint adorable au-dessus de la porte d’entrée
- un coiffeur exposant d’antiques fauteuils, blaireaux, fer à friser, sèche- cheveux  qui voisinent avec des livres à vendre
- et le dos du palais Nigra
Nous déambulons, faisons le tour des  hauts murs du palazzo  qui  ne possède qu’une lourde porte fermée côté place. Nous finissons par trouver son entrée  par le parc aujourd’hui municipal, c’est un monument accolé à un restaurant assez discret. Nous sommes seuls face à ce bâtiment du XVI°  fait de deux corps en angle couvert de fresques, de balcons en fer forgé et comprenant une loggia à colonnes dont les voûtes se remarquent par la couleur bleue, inexistante sur la façade. L’intérieur ne se visite pas et par les fenêtres, aucune richesse  décoration ou meuble particuliers n’apparaissent.
A côté, un 2ème palais aux façades moins riches sert de Municipio et aurait bien besoin d’entretien  voire de restauration. De même dans le quartier, beaucoup de belles vieilles portes  dissimulent d’ancestrales demeures au regard des passants.
Nous montons vers la cathédrale San Rocco écrasante et surdimensionnée,  affichant une façade XVII° sans surprise. Elle est fermée. Un vieil homme nous aborde  en français et nous renseigne sur la ville autrefois moins boisée aux alentours car très exploitée avec les cultures de maïs, seigle, pommes de terre. Il nous désigne un bâtiment qui s’effondre et nous raconte son histoire : cet ancien séminaire qu’il a connu en tant que tel petit garçon, procurait de l’instruction à quelques  quatre-vingt-dix élèves parmi lesquels seulement trois ou quatre finissaient prêtres ; puis le séminaire devint maison de retraite avant d’être revendu à une entreprise qui ne parvint jamais à transformer l’édifice pour des raisons de protection du patrimoine. Résultat, la maison s’effondre.  Le vieil homme de 86 ans  parle des jeunes de son époque  partis travailler dans l’hôtellerie en Angleterre ou à Genève. Mais aujourd’hui l’usine de robinetterie donne de l’emploi, il n’est plus nécessaire de s’exiler. Il connait Grenoble où vivent des cousins qui ont réussi dans la lunetterie et ont pignon sur rue, la famille Tassera vous connaissez ?
Pendant notre discussion, des ados encadrés par des adultes se défoncent sur un parcours athlétique, bicyclette à l’épaule dans la montée de San Rocco en escalier.
Nous reprenons puis déposons la voiture et J. via Bardelli derrière le portail automatique qui fonctionne à peu près. L’entrée de la fondation Calderara, implantée dans une maison traditionnelle,  n’incite guère à pénétrer à l’intérieur et à franchir  la grille fermée qui sonne dès qu’on la pousse. Nous poursuivons le chemin dans un couloir sombre,  nous  montons l’escalier et  débouchons dans la cour /jardin. Là enfin,  un homme nous apostrophe. Il  nous donne les renseignements nécessaires à la visite gratuite bien qu’un don soit le bienvenu. Il nous montre les interrupteurs pour que nous allumions et éteignons nous-mêmes  la lumière au fur et à mesure de notre progression dans les différentes pièces.
La façade de la maison donnant sur la cour/jardin  présente  trois galeries couvertes  superposées badigeonnées de blanc et le patio recueille quelques sculptures.
Nous apprécions  tous les trois les peintures de la 1ère époque de Calderara, simples et figuratives.  Des œuvres d’artistes de renom couvrent les murs de petites pièces modestes ainsi on peut y voir du Fontana, un Vasarely, quelques Delaunay, des avant-gardistes des années 50/60, du style abstrait géométrique ou de l’art cinétique ;  les quelques sculptures ne soulèvent pas notre enthousiasme. Seuls dans la maison, nous manipulons les interrupteurs comme demandé, comme chez nous.
Il n’est que 17h lorsque nous sortons. Nous récupérons J. et la voiture pour une petite virée en voisins à Ameno. Le parc néogothique doit son nom au trompe l’œil d’une cathédrale reproduite sur les murs de l’enceinte et au bâtiment reposant sur des voûtes moyenâgeuses.
Plus loin la villa Pastori ne semble plus exister, du moins nous ne la trouvons  pas une fois passée la lourde grille ouverte menant à d’autres habitations certaines anciennes avec jardins et serres derrière des hauts murs, d’autres plus récentes et courantes. Nous aurons au moins profité  d’une petite promenade dans un cadre tranquille.
Il est temps de rentrer, de nous soucier du repas, de nos bagages et de notre retour  de demain.


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