A la suite de Jules II, malgré des temps furieux, deux papes cousins, vont prolonger leur engagement envers les arts, ce qui justifie le titre du cycle de conférences devant les amis du musée « Fastes et splendeurs de Rome sous les papes de la Renaissance » par Serge Legat (du pape).
Léon X.
Giovanni de Medicis (1475-1521) fut souverain pontife
pendant 18 ans sous le nom de Léon X.
Il est le second fils de Laurent
le Magnifique dont le buste en terre cuite de Verrocchio, le maître de Léonard
de Vinci, est saisissant.
Il figure sur la Confirmation de la règle franciscaine de Ghirlandaio, maître de Michel Ange, avec au premier plan, Pierre son frère aîné. Celui-ci surnommé « Le
malchanceux » ou « Le fat »devint maître de Florence mais devra fuir la ville. Giovanni,
préparé très tôt pour une carrière ecclésiastique, reçoit le chapeau de
cardinal à 13 ans. Cette scène religieuse parasitée par les puissants de
l’heure fournira des arguments à un Savonarole qui ne voyait pas d’autre
glorification que celle de Dieu.
Peint par son triomphant
surintendant artistique, Raphaël, Léon X, sous son camail, est accompagné
de deux conseillers, dont Jules de Médicis, le futur Clément VII. Grand protecteur des arts possédant
une bibliothèque exceptionnelle, le gourmand esthète, dont quelque
flatteur disait : « Après
César, Auguste règne » eut des funérailles très modestes en contraste avec les
fastes qu’il déploya. Les offices multipliés et les indulgences devenues
monnaie courante ont alimenté l’opposition frontale avec la religion réformée. Il ne voulut pourtant pas exacerber la lutte avec eux et juste au moment de la cassure du monde
chrétien, lorsque Luther est excommunié pour avoir brûlé la bulle papale
dénonçant ses erreurs, sa sainteté meurt . Les problèmes religieux sont imbriqués avec les tracas
politiques.
Le diable est en face du pape entouré par Henri
VIII (à gauche) et Charles
Quint (à droite).
Raphaël, « Le maître de Rome » très
sollicité, représente dans « la chambre de l’incendie » un autre
Léon, Léon IV, éteignant L’incendie du Borgo d’une
bénédiction. L’élégante et puissante porteuse d’eau sera souvent citée par ceux qui
pensèrent comme Vasari: « Quand
Raphaël mourut, la peinture disparut avec lui. » http://blog-de-guy.blogspot.fr/2013/01/raphael-un-genie-de-la-renaissance-c-de.html
.
Il meurt épuisé à 37 ans. Ses élèves ont pris la relève au
Palais apostolique du Vatican. Dieu sépare la terre et les eaux dans la loge dite de Raphaël
où des « grotesques » copiés de l’antique apparaissent. C’est de ce
temps là que date le mot quand un jeune romain crut tomber dans une "grotte" aux
motifs surprenants : c’était la « Maison Dorée » ensevelie,
celle de Néron.
Clément VII.
Julien de Médicis dont le portrait a été exécuté par Botticelli, n’a pas survécu au
complot des Passi. Le fils qu'il avait eu avec sa maîtresse devint pape
sous le nom de Clément VII (1478-1534) après le pontificat très
court (1522-1523) du plus vertueux des papes, Adrien VI, mais aussi le plus
détesté : il n’était pas italien.
Avec Clément VII, ici par Sebastiano
del Piombo, peu préoccupé de théologie, qui a été conseiller
de son cousin, le luxe et les artistes reviennent. Mais son pontificat fut
dramatique avec l’hémorragie des fidèles anglais suivant leur souverain Henri
VIII dans sa séparation avec l’église
catholique suite au refus du pape d’annuler son mariage.
Il eut fort à faire
aussi avec Charles Quint (par Rubens). Il s’allie avec François 1er qui a été fait prisonnier à
Pavie, mais le Charles V en question, de l'empire romain germanique, dit Charles II en
Bourgogne et Charles Ier en d'Espagne, va encourager les Colonna,
rivaux des Médicis, à envahir Rome pour se poser en sauveur après avoir humilié
le pape, obligé de se réfugier dans le château Saint Ange et qui devra le
couronner empereur.
La population de Rome va passer de 50 000 personnes à
10 000 sous les coups horribles d’une armée composée de lansquenets
allemands et de troupes espagnoles et italiennes : c’est à nouveau
un abominable Sac de Rome,
(Francisco J.
Amérigo ) qui va durer un an jusqu’à une épidémie de peste. La
Renaissance est morte.
Parmi quatre cents personnages, le Christ du Jugement
dernier que Michel Ange a réalisé pour le mur de l’autel de
la chapelle Sixtine, condamne l’humanité d’une main vengeresse malgré
l’intercession de la vierge et de Marie Madeleine. Le maniérisme ne laisse plus
d’espace. Le pape défendra cette vision douloureuse mais ne verra pas achevée
l’œuvre qu’il avait commandée.
Et malgré les repeints de pudeur de Daniele da Volterra « Il Braghettone» et les
attaques très dures de la curie, la « Terribilita’ » nous est
parvenue. Merci seigneur !
« La Renaissance
ne se présente pas comme un progrès continu. La beauté y a constamment côtoyé
la cruauté, et l'ombre la lumière. » Jean Delumeau
Où est Marie-Madeleine ? Je ne la vois pas...
RépondreSupprimerEt oui, il y a des époques où on a plus de mal à croire que Marie va pouvoir arrêter la main vengeresse du Juge, son fils...
La Justice n'a jamais été tendre avec l'Homme.
Bien vu? j'ai hésité c'est ce que j'avais pris en note mais comme toi je ne l'avais pas vue sur la fresque.
RépondreSupprimerJe ne la vois pas, à moins qu'elle ne soit dans le prolongement de Marie, qui regarde vers la gauche ; Marie Madeleine pourrait être la femme en vert également en train de regarder vers la gauche.
RépondreSupprimerLogique que Marie soit seule dans cette matrice avec le Christ Juge, car elle est l'intercesseur, celle qui demande la miséricorde...
La fresque est remarquable par la manière dont elle suggère le mouvement descendant vers l'Enfer à droite (à la gauche du Christ, SINISTRA) et montant à gauche (DEXTRA du Christ, vers le Paradis).
Fascinant.