mercredi 29 mars 2017

Equateur J 16 # 2. Puerto Lopez.

Depuis Guayaquil, la route est bonne, les paysages changent totalement, plutôt plats avec des maisons en bois sur pilotis et une végétation d’épineux et d’arbustes dénudés.
Nous nous assoupissons à tour de rôle.

M. me parle à mon réveil de forêts de cactus, de kapokiers que j’ai loupés.
Et puis au bout de la route : l’Océan Pacifique !
Nous suivons le bord de mer, jalonné de petits restaurants tous vides et qui nous font des signes d’invitation.
De villages de pêcheurs, nous passons à des secteurs qui se rapprochent plus de nos stations balnéaires voire de ghettos de petits immeubles nouveaux enceints de barbelés ou des villages d’hôtels touristiques plus modestes avec des jardins verdoyants.
Nous faisons une pause repas à la Punta Ayangue, jolie anse où nous nous régalons de crevettes à l’ail, poissons grillés, ou poulpe gratiné, à côté d’équatoriens moins frileux que nous et qui n’ont pas hésité à se baigner malgré le manque de soleil dans une eau assez clémente.
En week end cet endroit perd de sa tranquillité, envahi par les guayaquiliens qui viennent profiter des plaisirs de l’océan.
Rassasiés nous poursuivons vers Puerto Lopez, il reste encore plus de 60 km.
Nous traversons encore des villages dont l’économie semble tournée vers le tourisme, des pubs témoignent de la pratique du surf.
Un peu avant Olón, nous stoppons au pied d’une construction massive en pierre chapeauté d’un toit en tôle. Il s’agit d’une curieuse église indécelable de la route, ouverte aux quatre vents qui surplombe la mer, en forme de bateau, avec en contrebas une chapelle entourée de gradins semi circulaires moins exposée.
Comme le dit notre guide, l’orante est plus tourné vers la nature et son créateur, vers la méditation face à l’océan que vers la passion et la douleur du christ.
La halte suivante nous permet une vue plongeante sur Puerto Lopez, sur sa flotte de petits bateaux tous bleus et le vol de frégates, pélicans et urubus. Nous descendons sur le bord et sacrifions au rituel habituel : tours et demi-tours pour trouver l’hôtel. Sixter, le chauffeur écoute plus "Elisabeth" le GPS que José le guide qui s’efface puis prend les choses en main.
En fait la route de bord de mer est tronçonnée par des travaux de dallage qui promettent une fort jolie promenade, mais pour l’instant l’accès à l’Hostéria Nantu est compliqué.

Nous sommes encore hébergés dans un joli endroit constitué de plusieurs bâtiments de taille réduite et d’un bâtiment à étages. Nous bénéficions de chambres spacieuses, de salles de bains pratiques et bien agencées et d’une petite terrasse dotée de hamacs. Il y a aussi près de la réception une piscine mitoyenne à un bateau presque aussi grand qu’elle.
Les bagages à peine posés, nous partons profiter de la lumière restante sur la plage, observer les frégates et les cormorans en vol groupé, viser celui qui plongera et remontera avec un poisson frétillant au bout du bec.
Des bars proposent des cocktails aux noms évocateurs : « sex on the beach », « orgasme », et « pisco sour» péruvien.
Plus loin des barques de pêcheurs dans un état plus ou moins neuf, ont été tirées sur le sable, certaines aux peintures qui s’écaillent sont très photogéniques.
C’est l’heure où les enfants jouent au foot, courent sur la plage à côté des adultes qui éviscèrent leurs derniers poissons sur des étals. Un bateau accoste et le pêcheur qui en sort avec un poulpe on ne peut plus frais à la main est vite appréhendé par un marchand arrivé en voiture sur la plage qui sort une balance et achète en 30 secondes l’animal. Une équipe d’hommes s’arqueboute pour pousser avec difficultés une barque à l’eau tandis qu’à l’intérieur un pêcheur enfonce sa rame pour aider à désensabler le bateau.
La nuit est tombée, nous rejoignons les autres sur la jetée éclairée qui avance dans la mer. Nous récupérons José et Sixter pour le repas.
Le restau prévu est plein, gage de qualité, il y a de la place dans les autres, mais J. nous conduit à l’extrémité du village dans un établissement tout neuf Sabor espagnol où nous consommons de la pælla. Là nous rencontrons Hannibal qui doit nous conduire à l’île de la Plata demain.

mardi 28 mars 2017

Tu mourras moins bête. Tome 3. Marion Montaigne.

 ... « mais tu mourras quand même ».
Il y a un site Internet, une adaptation en dessins animés sur Arte et plusieurs tomes de 250 pages de vulgarisation scientifique par la jeune créatrice du professeur Moustache.
Celui là s’intitule : « science un jour, science toujours ! ».
C’est aussi bien le genre de la revue dessinée : pédagote rigolote
Le dynamisme des exposés aurait-il gagné avec des dessins plus soignés ?
Depuis Reiser et ses traits crades, l’humour se lit, se lie volontiers avec la décontraction, alors va pour cet univers humoristique, instructif et exigeant  qui se garde bien d’en avoir l’air.
La communication des organes s’effectue avec le cerveau par SMS, les acariens sont lubriques, et à des questions fondamentales les réponses sont documentées:
« Pourquoi ça fait mal un coup dans les bijoux de famille ? »
« Comment perdre son gras ? »
Je connais des profs qui pourront être intéressées par l’explication de la mollesse des adolescents,
d’autres se sentir moins seuls quand des comportements homosexuels ont été repérés chez près de 1500 espèces,
et il n’y aura pas que des filles captivées par les règles,
ou des aspirants à l’éternité curieux de la cryogénie…
Même si on a passé l’âge de savoir si de passer le bac S, est une preuve de santé mentale,
ou si les séries médicales sont crédibles,
voire «  mange-t-on des araignées, quand on dort ? »
les questions posées sont toujours un bon prétexte pour aller au-delà des apparences, en souriant de bon coeur. 
C’est inutile de mettre du papier toilette sur la cuvette des toilettes
et le tunnel que voient ceux qui ont approché la mort est différent
des effets de la gueule de bois,
l’anatomie d’un poney peut révéler des possibilités insoupçonnées,
ainsi que l’œil des vaches qui recèle des indications sur son état de satisfaction.   
C’est vraiment bien.

lundi 27 mars 2017

Tombé du ciel. Wissem Charaf.

La seule qualité de ce pensum statique est sa brièveté. Ma déconvenue est d’autant plus grande que ma voisine a beaucoup ri d’un imposteur détruit au lance-roquettes, ou du ketchup barbouillé sur le visage d’un dormeur. Je n’ai rien compris à cette histoire de revenant qui ne révèle rien du tout, où chaque plan est compassé. Nous n’avons pour nous intéresser qu’un citron vert à déguster avec du sel, ou le visage de quelques belles femmes  pour ne pas nous assoupir devant cette œuvre qui en arrive à être remarquable tant l’ennui nous tombe dessus dès la première image et ne vous lâchera plus, même si vous attendez une lueur, en vain.
Au sujet du Liban le film « La tramontane » est infiniment plus intéressant. 

dimanche 26 mars 2017

Le temps et la chambre. Botho Strauss. Alain Françon.

Le metteur en scène est réputé,
l’auteur est fameux,
Les acteurs sont excellents et pas seulement le célèbre Jacques  Weber,
la belle actrice principale Georgia Scalliet passe par toutes les nuances affolantes :
coquine,  lointaine, fragile, cynique; changeante.
De familières lumières à la Hopper apportent des évidences à un texte poétique aux séquences déroutantes.
Je m’accroche pour recenser quelques éléments rassurants car si les deux heures passent agréablement et qu’il n’y a pas d’obscurité dans les mots, je suis pourtant resté perplexe après avoir applaudi.
Repartir du titre : « le temps » est fantasque et « la chambre » ou plutôt la vaste salle des pas perdus qui devrait être un élément stable est sans cesse traversée par des personnages improbables.
On rit parfois et j’ai bien compris qu’il y avait du jeu à partir de fantasmes et de solitudes, mais s’il faut un mode d’emploi comme pour monter un meuble suédois, ça tue l’amour quand même.
L’incommunicabilité on a déjà vu ça, et des airs de Beckett ou de Ionesco aussi.
Du vrai théâtre sans vidéo: cela devient rare et c’est pour être surpris qu’on va au spectacle…alors ? 
Je deviendrais si obtus à ne pas apprécier Liberté et Imagination ?   
« Je n’arrive pas à recoller les morceaux. Je me creuse la tête »  c’est ce que je pouvais me dire, comme Marie Streuber, la femme aux facettes incertaines lorsqu'elle croise les deux vieux compères gardiens des lieux qui mettent de temps en temps le nez à la fenêtre pour raconter ce qu’ils voient dans la rue et qu’on ne voit pas, sans interférer avec grand monde.
Des critiques souvent séduits, y ont discerné une dimension sociale, je n’ai rien perçu de tel, m'épargnant des digressions trop fréquentes  dans mes rendez-vous à la MC2.

samedi 25 mars 2017

Schnock n°25.

La revue des vieux n’avait pas encore consacré un dossier à Michel Audiard alors que le dialoguiste a sûrement inspiré bien des rédacteurs de la revue de 178 pages, dont le style chantourné chaleureusement familier vient de la même cour de récréation, quand le populaire frayait avec les abécédaires poétiques.
Ils s’en donnent à cœur joie sans mélancolie, ni cirage de pompes :
Un dico qui va de « casquette » à « Proust », une interview du fiston Jacques, l’origine de quelques répliques :
-        Comment il s’appelle votre chien ?
-        Tango (…)
-        Tango ça s’écrit comme un tango ?
-        Non, mais comment vous voulez que ça s’écrive ? Comme « paso-doble » ?
un choix original de dialogues concernant le chic parisien, Gabin et Blier ayant déjà eu l’honneur de couv’ du trimestriel (ah pas Gabin !), quelques pages concernant un des acteurs préférés du natif du XIV° arrondissement : Maurice Biraud, réparent un de nos oublis.
Et aussi : un rappel des empoignades avec les cahiers du cinéma, son goût pour le vélo à ne pas confondre avec la bicyclette, la « collaboration » avec Albert Simonin, et un retour sur « les années anthracites ( 75-85) », sombres, un de ses articles pour «  Le Crapouillot » intitulé : « Je suis un sale mec ».
Tachella, l’auteur de « Cousins, cousines », qui donne dans ce numéro un entretien, avait arrêté de tourner quand on lui avait dit: « Vous faites de bons dialogues. C’est démodé. »
Et si l’interview d’Al Cap par Alain Resnais ne m’a pas parlé car la bande dessinée Li’l Abner m’est toujours étrangère, le récit d’un ancien directeur de chez Castel, la boîte de nuit, est intéressant et les rubriques habituelles bienvenues : le punk du mois étant Benoit Poelvoorde, l’histoire du pantalon pour les femmes à l’assemblée nationale éclairante, et dans le top 15 des aliments qui rendent chauves :
« J’aime pas tirer sur les ambulances mais entre les salsifis, les Dragibus noirs et les Apéricubes nature, je me demande qui va bien pouvoir gagner le Nobel de littérature. 
Comment ça, Bob Dylan ? »

vendredi 24 mars 2017

Arrête ton cinéma !

Quand sur un plateau de théâtre nous estimons que la réalité est bien éclairée, nous n’avons pas perdu notre soirée, mais lorsque dans la réalité, il y a trop de théâtre, on aurait tendance à demander aux acteurs d’arrêter leur cinéma.
En effet combien parlent sans savoir : de tel film - je sais je l’ai fait - sans l’avoir vu, ou par exemple de la télévision en tant que lecteur de Télérama sans téléviseur et ceux qui portent des avis définitifs à propos des réseaux sociaux sans y être jamais allés. 
Ces trusts frustres, Face book et Tweeter sont certes de grands pourvoyeurs de faux semblants comme ces experts en football qui n’ont jamais mis les pieds sur une pelouse ni dans un stade, à mettre en regard de numéros 10 devenus commentateurs en tout sans en avoir la moindre légitimité.
Depuis que des réparties de marionnettes se sont confondues « à l’insu de leur plein gré » avec leur personnage de chair, c’est qu’ « il n’y a plus de limite quand les bornes sont franchies » quand réel et virtuel se confondent.Tel qui ne s’est jamais tâché devant un quelconque fourneau peut pourvoir en conseils culinaires, et tant de sélectionneurs, de profs, d’ingénieurs, d’économistes, de présidents normaux, qui remettent tous leurs semblables à leur place !
« Qui voit le ciel dans l’eau, voit les poissons dans les arbres. » 
Je m’en voudrais de me placer en surplomb de ces comédies où le manque de discernement le dispute à l’impudeur.
Bien des paradoxes peuvent nous déconcerter : les générations qui ont été le plus élevées dans l’anti racisme se révèlent les plus perméables aux thèses de l’extrême droite.  Et ce n’est pas qu’une faille logique ou éducative ; à trop jouer sur la culpabilité, les écoutilles se sont fermées et les mots ne sont plus entendus. A trop avoir crié « au loup ! » à chaque caniche qui passait, certains en appellent à la bête prometteuse en sensations fortes.
Depuis que tout est sécurisé, casques et portiques détecteurs, les conduites à risques se sont multipliées avec des moi perturbés faisant l’arbre droit sur les rebords des toits à 200 m de la terre ferme.
Et ce ne sont pas que des adeptes du second degré qui font collection de paquets de cigarettes portant les avertissements les plus gores ; les recommandations de consommer avec modération placées sur les étiquettes de capiteux liquides ne sont pas suivies.
Quand les partisans de Fillon regrettent que ses faits et gestes soient scrutés chaque jour, ils veulent ignorer les faits et eux qui avaient le plus fait publicité de leur vertu, de leurs valeurs, se retrouvent côté voleur, leurs mots ne s’incarnent plus, heureusement.
« L’ordre du monde » actuel, est un repoussoir à progressistes, mais n’est-ce pas s’y soumettre, quand sont méprisées les paroles des professeurs qui auraient des velléités d’instruire au détriment des génuflecteurs devant les électeurs ? Les affaissements de l’école ont préparé les fessées à venir.
Ceux qui regrettent les comportements de partis, dénoncent ceux qui voudraient dépasser les divisions anciennes. Macron  se fait allumer pour avoir dit qu’il était d’accord avec l’un ou l’autre de ses interlocuteurs à certains moments et d'ailleurs s'il est la cible privilégiée par la droite et l’extrême droite, c'est bien qu'il dérange les vieux schémas. Il n’insulte pas l’avenir et vise à rassembler au-delà de son camp et non à flatter le militant déjà convaincu, avide d’arguments dépréciant l’adversaire, d’autant plus virulent qu’il est faible.
Ne pas prétendre détenir seul la vérité est une preuve de force quand les plus froussards sont ceux qui font le plus les mariolles: la peur des autres suinte dans chaque intervention de l’extrême droite.
« Le courage consiste à dominer sa peur, non pas à ne pas avoir peur. » François Mitterrand
……………….
Le dessin ci-dessus est de « Courrier International » et celui d’après la démission de Le Roux du « Canard enchaîné » :

jeudi 23 mars 2017

Al Andalus, une civilisation raffinée. Issa Steve Betti.

Au VII° siècle, Arabes et Berbères islamisés arrivent sur la péninsule ibérique au rocher de Gibraltar (« Djebel Tariq », « la montagne de Tariq »  du nom de leur chef).
Des précisions étymologiques vont être ainsi être apportées, tout au long de la conférence devant les amis du musée de Grenoble qui témoignent de l’empreinte de ces siècles mal connus de notre côté des Pyrénées.
Si certaines interprétations sont toujours discutées pour Andalousia, « Vandalousia » rappellerait que les Vandales passèrent par là, avant que s’installent les Wisigoths.
Aussi barbares que d’autres Francs qui les ont repoussés, ils ont adopté l’arianisme qui se distingue du catholicisme, se rendant indépendants de Constantinople et de Rome, car pour eux Jésus est plus humain que divin. Leurs habits composés et non plus ajustés comme les romains nécessitaient des fibules cloisonnées par d’habiles orfèvres.
A cause d’une succession dynastique contestée, une guerre civile a déchiré le royaume. Rodrigue (Rodéric) leur dernier roi occupé à réduire une révolte basque arriva trop tard pour empêcher l’invasion omeyyade qui prendra toute son ampleur après la bataille de Guadalete en 711.
La présence arabe dura huit siècles, à l’exception des Asturies lieu de résistance, d’où le titre de « prince des Asturies » utilisé pour désigner le dauphin du roi d’Espagne.
Le moine Beatus dans son « Commentaire à l’Apocalypse » illustré magnifiquement, avait bien annoncé la venue de l’Antéchrist avec la bête déchaînée obéissant à la grande prostituée de Babylone alors représentée par La Mecque après avoir été Rome.
Des église romanes sont édifiées comme Sant Climent de Taüll  avec son clocher lombard
comportait un christ pantocrator (« en majesté » et non souffrant) désormais installé à Barcelone.
La religion musulmane étendait de Kaboul à Fez l’archipel de ses villes au milieu des déserts ; ses ouailles ont trouvé en Espagne un jardin où prospéraient les blés. Suite à des croisements, les oranges se sont adoucies au Portugal, si bien que l’on dit « bortoqal » en turc pour désigner l’agrume appelée « pomme de Chine » en Allemagne. 
Renoir rassemble « les fruits du midi » : les mots aubergine, abricot, melon, pastèque, pêche, amande, sirop, sorbet, et orange (amère) viennent de l’arabe tout comme alcool.
En architecture : les arcs sont outrepassés ou bicolores, aux bains arabes de Gérone, les fenêtres polylobées de la lanterne au dessus des salles aux différentes fonctions datent du  XIIe.
Le Hammam de Ronda est également bien conservé.
Abd al-Rahman qui avait échappé au massacre ordonné à Bagdad par les Abbassides fonda l’émirat indépendant de Cordoue. Charlemagne parti pour le combattre, fut attaqué par les Vascons à Roncevaux ; Hruotland immortalisé par la Chanson de Roland, né à Trèves, ville rhénane, y perdit la vie.
Cordoue, atteignit probablement le demi million d’habitants( Paris à cette époque en  comptait 
5 000), sous le califat d’Abd el-Rahmân III, cheveux blonds teints au henné et yeux bleus,
Sa mosquée, La Mezquita, agrandie plusieurs fois est une des plus vastes du monde.
Une cathédrale y fut incrustée qui fit dire à Charles Quint :
« Vous avez détruit ce que l'on ne voyait nulle part pour construire ce que l'on voit partout. »
Le cloître du monastère de San Juan de Duero de Soria trahit des influences architecturales de style « mudéjar » qui succèda à l’art « mozarabe » et ses entrelacs végétaux.
Minarets et coupoles se multiplièrent.
Les artistes  mêlaient à l’art roman leurs arcs en fer à cheval, leurs briques et azulejos.
Ils excellaient dans la marqueterie présente dans des plafonds à caisson
et dans l’art de travailler le fer damassé.
Nos cordonniers sont les héritiers de la tradition venue de Libye et qui fleurit à Cordoue devenue fameuse pour son travail du cuir. 
« La Pyxide d’al-Mughîra » renfermait des parfums,
« Le lion de Monzón »  visible au département des arts de l’islam au Louvre servait de fontaine,
les paons affrontés sur une soie millénaire provenant d’un atelier andalou figurent sur le dit « suaire de Saint Sernin » au musée de Cluny.
Le palais de l'Aljaferia à Saragosse préfigure les châteaux forts qui à l'époque sont encore en bois par chez nous, au moment où les émirats se désunissent en taïfas (factions).
La calligraphie coufique, étirée, scandée, a traversé le temps. Le souvenir des moments  précieux et rares où chrétiens, juifs et musulmans vivaient en harmonie,
comme le brio d Al-Hakam II dont la bibliothèque renfermait 400 000 volumes,
Saint Jacques, ressuscité depuis son champ d’étoiles (Compostelle)
resteront-ils d’avantage dans les mémoires que le matamore (qui tue les maures) ?
Ce glaive vengeur, il vaut mieux le remettre dans les mains d’Audiard :
« J'ai bon caractère mais j'ai le glaive vengeur et le bras séculier. L'aigle va fondre sur la vieille buse.»
Et la conclusion, au livret des amis du musée :
« Malgré le sursaut des Almoravides puis des Almohades, La Reconquista sonnera bel et bien le glas de la civilisation raffinée d’El Andalus. »