Depuis Guayaquil, la route est bonne, les paysages
changent totalement, plutôt plats avec des maisons en bois sur pilotis et une
végétation d’épineux et d’arbustes dénudés.
Nous nous assoupissons à tour de
rôle. M. me parle à mon réveil de forêts de cactus, de kapokiers que j’ai loupés.
Et puis au bout de la route : l’Océan Pacifique !
Nous suivons le bord de mer, jalonné de petits restaurants tous vides et qui nous font des signes d’invitation.
De villages de pêcheurs, nous passons à des secteurs qui se rapprochent plus de nos stations balnéaires voire de ghettos de petits immeubles nouveaux enceints de barbelés ou des villages d’hôtels touristiques plus modestes avec des jardins verdoyants.
Nous faisons une pause repas à la Punta Ayangue, jolie anse où nous nous régalons de crevettes à l’ail, poissons grillés, ou poulpe gratiné, à côté d’équatoriens moins frileux que nous et qui n’ont pas hésité à se baigner malgré le manque de soleil dans une eau assez clémente.
En week end cet endroit perd de sa tranquillité, envahi par les guayaquiliens qui viennent profiter des plaisirs de l’océan.
Rassasiés nous poursuivons vers Puerto Lopez, il reste encore plus de 60 km.
Nous traversons encore des villages dont l’économie semble tournée vers le tourisme, des pubs témoignent de la pratique du surf.
Un peu avant Olón, nous stoppons au pied d’une construction massive en pierre chapeauté d’un toit en tôle. Il s’agit d’une curieuse église indécelable de la route, ouverte aux quatre vents qui surplombe la mer, en forme de bateau, avec en contrebas une chapelle entourée de gradins semi circulaires moins exposée.
Comme le dit notre guide, l’orante est plus tourné vers la nature et son créateur, vers la méditation face à l’océan que vers la passion et la douleur du christ.
La halte suivante nous permet une vue plongeante sur Puerto Lopez, sur sa flotte de petits bateaux tous bleus et le vol de frégates, pélicans et urubus. Nous descendons sur le bord et sacrifions au rituel habituel : tours et demi-tours pour trouver l’hôtel. Sixter, le chauffeur écoute plus "Elisabeth" le GPS que José le guide qui s’efface puis prend les choses en main.
En fait la route de bord de mer est tronçonnée par des travaux de dallage qui promettent une fort jolie promenade, mais pour l’instant l’accès à l’Hostéria Nantu est compliqué.
Nous sommes encore hébergés dans un joli endroit constitué de plusieurs bâtiments de taille réduite et d’un bâtiment à étages. Nous bénéficions de chambres spacieuses, de salles de bains pratiques et bien agencées et d’une petite terrasse dotée de hamacs. Il y a aussi près de la réception une piscine mitoyenne à un bateau presque aussi grand qu’elle.
Les bagages à peine posés, nous partons profiter de la lumière restante sur la plage, observer les frégates et les cormorans en vol groupé, viser celui qui plongera et remontera avec un poisson frétillant au bout du bec.
Des bars proposent des cocktails aux noms évocateurs : « sex on the beach », « orgasme », et « pisco sour» péruvien.
Plus loin des barques de pêcheurs dans un état plus ou moins neuf, ont été tirées sur le sable, certaines aux peintures qui s’écaillent sont très photogéniques.
C’est l’heure où les enfants jouent au foot, courent sur la plage à côté des adultes qui éviscèrent leurs derniers poissons sur des étals. Un bateau accoste et le pêcheur qui en sort avec un poulpe on ne peut plus frais à la main est vite appréhendé par un marchand arrivé en voiture sur la plage qui sort une balance et achète en 30 secondes l’animal. Une équipe d’hommes s’arqueboute pour pousser avec difficultés une barque à l’eau tandis qu’à l’intérieur un pêcheur enfonce sa rame pour aider à désensabler le bateau. La nuit est tombée, nous rejoignons les autres sur la jetée éclairée qui avance dans la mer. Nous récupérons José et Sixter pour le repas. Le restau prévu est plein, gage de qualité, il y a de la place dans les autres, mais J. nous conduit à l’extrémité du village dans un établissement tout neuf Sabor espagnol où nous consommons de la pælla. Là nous rencontrons Hannibal qui doit nous conduire à l’île de la Plata demain.
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