jeudi 14 janvier 2016

La modernité photographique au temps de Georgia O’Keefe. Hélène Horain.

Recoupant des articles passés
ci-dessous le compte rendu de la conférence d’une doctorante en histoire de l’art, complément utile à l’exposition O’Keefe qui durera encore tout le mois de janvier 2016.
Sous l’égide des amis du musée dont le livret présentant ses activités portait en couverture, de la photographe Imogen Cunningham, le « Magnolia blossom », tellement proche des fleurs emblématiques de Georgia O’K, cette turgescence au milieu de tant de blancheur demanda 80 prises de vues.
C’est d’ailleurs sous le signe de l’amour que la collaboration peinture/photographie est apparue. Ainsi  Alfred Stieglitz et Georgia O'Keeffe ont pu mettre en scène leur complicité, assez éloquente pour célébrer la Saint Valentin.
La portraitiste Gertrude Käsebier présentée à l’exposition parisienne « Qui a peur des femmes photographes? » jusqu'au 24 janvier 2016 à l’Orangerie et à Orsay, a figuré en bonne place dans la revue prestigieuse « Camera Notes » de Stieglitz où se rencontraient philosophes, peintres et photographes.
La  revue « Camera Work » qui lui succéda devint l’organe du mouvement Photo-Secession, se détachant du pictorialisme trop impressionniste, trop collé à la peinture. Les Stieglitz’ s boys veulent faire reconnaître la photographie comme un art à part entière.
« Le potentiel maximum de puissance de chaque médium dépend de la pureté de son utilisation »
Finies les retouches, les effets atmosphériques, pourtant Demachy qui veut s’élever au niveau de la peinture, c’est pas mal, non ? D’ailleurs bien des dissidents ont aimé nuages et vapeurs. La prise de vue est pour eux plus importante que le tirage, mais certains vont lui apporter tout de même grande attention.
Stieglitz avait rangé dans un tiroir, l’épreuve «  The Steerage » prise sur le pont d’un bateau, après avoir sorti son appareil « pesant comme 12 briques de lait », attiré par un canotier, des bretelles, des formes géométriques. Cet instantané deviendra l’emblème de la « straight photography »
Edward Steichen, adopte la même démarche même si son Penseur de Rodin qui se superpose au  monument consacré à Victor Hugo, jouant pourtant des lignes, n’est pas dans la ligne stricte du groupe.
Paul Strand, respectant le formalisme et s’avançant vers l’abstraction, est aussi le plus social avec ses figures de rue : « La femme aveugle ».
Ils captent les villes qui s’érigent à la verticale, les ambitions frénétiques. Le monde s’organise dans la géométrie. « Wall street »
«La photographie doit être une composition générée par l'œil du photographe et écrite par la lumière »
Walker Evans, c’est du franc portrait, son fermier, « Alabama Tenant Farmer », se sait photographié et nous interroge,   
alors que Dorothea Lange avec « Migrant Mother » réalisé pendant la crise des années 30, dans le cadre d'une mission confiée par la Farm Security Administration, aurait demandé aux enfants de tourner la tête et qu’un pouce aurait été effacé. Peu importe, l’icône «  Mère migrante » est  poignante.
Ansel Adams est connu pour ses paysages par exemple, « The Tetons and the Snake River », pris en poses longues, et un procédé le « zone system » qui étalonnait les gris, auquel nous serions redevables, quand notre Smartphone ajuste automatiquement la luminosité.
Un nouveau groupe intitulé « F64 » du nom de la plus petite ouverture photographique, prend la suite.  Imogen Cunningham s'y retrouve. Elle n’a pas seulement donné à voir des fleurs, ses nus masculins ou féminins souvent en double, « Two sisters », renouvellent le genre.
 « Car c'est dans cette chair inadéquate que chacun de nous doit servir son rêve, et donc, doit être rejeté au service du rêve »
Edward Weston, lui, c’était poivron musclé et des nus comme des coquillages.
Son complice Ansel Adams dira de lui :
« Weston est, de fait, un des quelques artistes créatifs d'aujourd'hui. Il a recréé la matière, les formes et les forces de la nature, il a rendu ces formes éloquentes sur le plan de l'unité fondamentale du monde. Son œuvre éclaire le voyage intérieur de l'homme vers la perfection de l'esprit. »
Et tant d’autres: Berenice Abbott Lewis Wickes Hine son « Power house mechanic working on steam pump » est parfait. Tout cela c’était au début du siècle précédent.

mercredi 13 janvier 2016

France culture papiers. Eté 2015.

Winston Churchill,  Orson Welles, Germaine Tillion, Arthur Rimbaud,  sont d’un autre temps et pourtant tellement contemporains, ils occupent pas mal de pages du trimestriel qui en comporte près de 200.
Fabrice Lucchini cite La Fontaine, Céline, Flaubert… et s’explique sur son goût excessif des phrases des autres.
«  La gauche a de la gueule, simplement cela condamne à l’excellence » : c’est de lui.
Et les applaudissements viennent concernant son besoin d’exactitude avec la langue :
« Le pire que j’ai entendu : «  Wagner c’est juste génial ». En disant juste je m’épargne une exigence de précision, une maîtrise d’adjectif. »
Les sujets sont considérables :
quand J. L. Etienne s’exprime avant de repartir en expédition Antarctique,
appuyé par un reportage photographique sur les réfugiés climatiques aux Maldives, au Tchad… au Pérou les glaciers fondent,
mais face à l’atlantique les remparts d’Essaouira tiennent.
Pourquoi titrer « le sport c’est de la culture », avec les sempiternels « combats fraternels » du rugby, « la beauté du geste » au tennis, la boxe qui « spiritualise le corps » à moins qu’il ne « corporéise » l’esprit ? La photo de Ben Barek commence à dater.
Par contre un rappel historique concernant la liberté de la presse quand «il revient aux dieux de s’occuper des insultes qu’on leur fait » est d’actualité. Cette livraison qui était disponible en librairie avant novembre ne prendra pas de coup de vieux de si tôt.

mardi 12 janvier 2016

La tectonique des plaques. Margaux Motin.

« J’ai trente quatre ans. Je fais un réel travail sur moi pour faire la paix avec moi-même… »
Immersion dans l’univers d’une parisienne régressive qui a tellement envie de redevenir petite fille depuis sa rupture amoureuse, se retrouvant en fait avec sa petite fille qui aurait tendance à être plus mûre que sa mère, à qui elle ressemble bien sûr. Comme elle ressemble à sa propre mère qui lui donne évidemment des conseils pour élever sa fille alors qu’elle, elle fumait des Gitanes dans la voiture.
Problèmes de fringues, « pantalon à rayures avec T Shirt à pois », de liberté, de nouveau copain, de copines, désespoir pour un néon impitoyable dans une cabine d’essayage et môme protégée par son impertinence, laissée souvent à elle-même.
Les familles mono parentales ne sont pas toujours aussi drôles et le quotidien des solitudes n’a pas toujours cette élégance du trait, ni ces agréables couleurs pastels.
L’autodérision  y est  charmante, l’autobiographée séduisante, une sincérité rafraichissante dans la lignée de Pénélope Bagieu http://blog-de-guy.blogspot.fr/2011/11/josephine-penelope-bagieu.html avec quelques pages poétiques qui ponctuent la chronique fine et rigolote en 346 planches.

lundi 11 janvier 2016

Au-delà des montagnes. Jia Zhangke.

Au premier temps de la fresque cinématographique en Chine, une naïve jeune fille choisit parmi ses amis, l’homme de « l’élite » et délaisse son prolétaire amoureux.
L’écran s’élargit : au deuxième temps, le mineur de fond ayant été licencié par celui qui lui a pris sa promise, a retrouvé du travail ailleurs. Il revient au pays, malade, alors que son ancien amour a divorcé d’avec le riche, parti en Australie avec leur petit nommé Dollar. 
Troisième épisode sur écran plus large encore: en 2025, devenu grand, Dollar doit carrément prendre un interprète pour dire à son père bardé de révolvers, son désir de liberté.
Les trois tableaux décrivant de manière appuyée les méfaits de l’argent, la perte des identités m’ont paru se corrompre au fur et à mesure qu’on approchait d’une conclusion qui tardait, comme les personnages devenus grotesques, sentencieux, réduits dans la séquence d’anticipation à l’état de fantoches, comme on disait dans les années Mao qui ne donnaient guère dans la nuance.

dimanche 10 janvier 2016

Afectos. Rocio Molina Rosario « la tremendita ».

Une danseuse, une chanteuse, un joueur de contrebasse, Pablo Martin, suffisent pour un spectacle de flamenco débarrassé de ses clichés et gardant cependant toute sa vitalité originelle.
La simplicité demande du travail quand la précision est mise au service de l’émotion et ici la vigueur n’exclut pas le sens de la nuance.
Comme souvent dans les spectacles vus récemment à la MC 2, l’entrée en matière est progressive pour nous défaire des tracas du monde et après une heure et quart intense, nous revenons au calme.
Nous applaudissons, mais nous avons envie de battre encore longtemps des mains pris par les rythmes qui ont portés la danseuse en complicité avec sa chanteuse joueuse de guitare.
A un moment, Rocio Molina danse avec une guitare muette et cette proposition évidente est magnifique. Assise sur un tabouret  nous voyons surtout ses mouvements de bras qui suivent parfaitement la musique. Evidence de la danse. Elle pétille, crépite, tambourine, frappe, tape et toque, talonne, se cambre, s’enroule, se défait, s’arrête.
Si j’ai le regret souvent de si mal comprendre l’anglais, la langue espagnole qui m’est également étrangère convient parfaitement, évidemment, à cette danse et je me laisse aller sans problème aux sonorités débarrassées de leur sens explicite, d’autant plus que la voix aux accents attristés emmène vers les plaisirs, voire l’humour.

samedi 9 janvier 2016

Almanach dauphinois 2016.

L’an dernier, déjà, je faisais part de la livraison de l’almanach rédigé depuis Annecy-Le-Vieux, en vente chez tous les marchands de jeux à gratter à qui il arrive de vendre un journal de temps en temps
 http://blog-de-guy.blogspot.fr/2014/12/almanach-dauphinois-2015.html 
et même depuis plus longtemps
Cette fois c’est la 50° édition avec Papagalli en majesté :
« T’as l’autre qu’a laissé ses poules pétafiner mes fraises. Quel basu ! »
Il y toujours une petite place prévue pour noter la date de la première gelée blanche ou celle où on a éteint le chauffage.
Il convient de savoir,
qu’en février :
« les derniers collybies (champignons) à pied velouté, sur souches ou troncs de conifères, même gelés, comme les pieds bleus, régaleront le cueilleur. »
de se rappeler de quelques maximes populaires :
« Quand il y a deux sages-femmes, l’enfant nait avec le cou tordu »
« Celui qui n’est pas son maître n’est le maître de personne »
de connaître des chansons de jadis :
«  Je suis comm’ l’hirondelle,
Je vais vers l’avenir. La vie sera belle.
Adieu soyez fidèles,
Gardez mon souvenir (bis) »
d’apprendre que Justin Bonaventure Morard de Galle est le seul isérois reposant au Panthéon, l’amiral est né à Goncelin,
de ne pas se lasser des blagues de Fafois :
« A la ferme, des touristes observent les vaches revenant des champs et rentrant à l’étable ; Ils s’étonnent que chaque vache sache regagner seule sa place :
Forcément leur nom est écrit sur l’ardoise juste au dessus !  leur rétorque Fafois »
et finalement comprendre des bribes de patois : …
« Fayé montâ la poya pe le tracolé pe vère si ayé quoque morille so lous frèsse… »
Il fallait monter la côte par  le sentier pour voir s’il y avait… ça on dit pas.
Une liste des disparus ( Pierre Vassiliu, Pasqua et Bergeron…) côtoie les portraits de centenaires de plus en plus jeunes.
Le rappel de l’année  écoulée va d’un juillet à l’autre depuis les policiers municipaux à cheval à Grenoble jusqu’à la décision de limiter la population des marmottes à Saint Vérand puisque cet almanach regroupe Isère, Drôme et Hautes Alpes.
Laragne Monteglin  située à la limite de la Provence a droit à 12 pages où l’on  comprend pourquoi la ville au centre d’un bassin de population de 15 000 habitants était surnommée « Le Las Vegas des boules » et l’origine de son nom dérivé de la beguda de Arena : « L’auberge de l’araignée ». La cité où naquit Spaggiarri, entourée de vergers de pommes recouverts de plastiques connut la prospère laiterie des Alpes et une minoterie fut le premier employeur de la ville. Dans les années 30, un millier de femmes travaillaient dans des ateliers de grainage de vers à soie  essentiellement pendant deux mois. Aujourd’hui l’hôpital psychiatrique assure les emplois les plus nombreux.

vendredi 8 janvier 2016

Le Postillon. N° 33. Hiver 2015-16.

Les collaborateurs du trimestriel essentiellement satirique concernant le bassin grenoblois, montrent à chaque fois la haute idée qu’ils se font de leur métier de journaliste. Avec ce qu’il peut y avoir d’exigence et d’honnêteté, d’originalité, de fraîcheur, mais avec aussi une désagréable tendance à se croire au dessus de leurs interlocuteurs ou de leurs confrères.
En ces temps politiquement corrects, le titre de cette livraison est accrocheur :
«  Etat d’urgence trop mou : la presse toujours pas contrôlée » au dessus du dessin qui figure pour illustrer la critique ci dessous en passe de devenir inévitable à chaque sortie de ces 16 pages impertinentes. http://blog-de-guy.blogspot.fr/2015/10/le-postillon-automne-2015.html
Ferrari, le patron de la Métro est dans le collimateur, à partir de témoignages d’employés de la mairie de Pont de Claix dont les prénoms ont été changés, tant il semble que l’atmosphère ne soit pas très saine au Sud de l’agglo. Mais l’absentéisme des personnels des collectivités locales demanderait une enquête contradictoire qu’ils ne me semblent pas prêt de mener, les employés étant par nature des victimes comme les musulmans qu’ils ont interrogés sur un autre sujet à la sortie de la prière.  Finalement, le phare urbain installé sur un château d’eau désaffecté au pied des falaises du Vercors ne peut signifier qu’une quelconque lumière préside ces lieux où « piston, dérapages et mauvais goût » sont relevés.
Il allait de soi que dans le petit jeu où le journal invente les chansons qui accompagneraient les politiques locaux : Christophe Ferrari mériterait « Le phare » des Têtes Raides, alors que Piolle écouterait en boucle « Help » des Beatles, Carignon « Vieille canaille », et eux au Postillon : « Quand on arrive en ville » de Balavoine…
Comme dans la rubrique hebdomadaire du Canard Enchainé, les compte-rendus d’audience au palais de justice sont éclairants et  particulièrement ici la comparution immédiate d’interpelés à l’occasion des perquisitions au début de l’« état d’urgence ». Un rappel historique de semblables dispositions en 1958 à partir la lecture des « Allobroges » est bienvenu.
De la même encre, les témoignages de personnes venues témoigner des difficultés dans leur travail, marquent des évolutions préoccupantes : dans un centre de prévention en addictologie, au Codase, à l’Alliance française, pour un conducteur de cars, un maître nageur ou chez Tornier entreprise rachetée par des américains qui fabrique des prothèses. Dans bien des lieux de travail les salariés n’osent pas s’exprimer.
Le Postillon est précieux pour rappeler aux politiques leurs promesses et mettre en regard le côté procédurier que les verts cultivaient dans l’opposition, alors qu’il a fallu beaucoup de patience à un citoyen pour obtenir les chiffres du coût de la fête des tuiles : 351 000 € au lieu des 200 000 annoncés. Des nuances ont été apportées à la transparence informatique, des assouplissements de quelques principes, et autres contradictions avec des discours imprudemment définitifs, voire des petits arrangements entre amis.
…………….
Dans le « Charlie » de cette semaine :

jeudi 7 janvier 2016

Georgia O’Keeffe. Etienne Brunet.

Les visites guidées me deviennent indispensables : le professeur Brunet qui s’adresse à d’autres professeurs, nous a apporté une fois encore des éléments passionnants pour mieux voir, tout en se montrant d’une prudence de Sioux quant aux commentaires univoques.
Ainsi pour l’artiste américaine, n’a-t-il fait qu’effleurer l’interprétation freudienne de toutes ces coroles et pistils de fleurs, plis et replis de pétales, respectueux en cela de la belle aux allures parfois androgynes, lassée des exégèses de cette eau.
J'ai fait paraitre dernièrement sur ce blog un compte rendu de la conférence de Sophie Bernard la conservatrice concernant l’exposition O’K au musée de Grenoble qui dure jusqu’à début février 2016. 
J’éviterai de me répéter dans l'article ci-dessous ou dans celui de la prochaine parution au sujet de « La modernité photographique au temps de Georgia O’Keeffe » par Hélène Horain. 
C’est l’histoire d’une américaine, née à 15 km de chez  Laura Ingalls Wilder auteure du roman « La petite maison dans la prairie » qui étonna Stieglitz dont la galerie newyorkaise, fenêtre sur l’Europe, pourra enfin exposer une forte novatrice du « nouveau monde ».
L’exposition chronologique montre bien les évolutions de l’artiste née en 1887 dans le Wisconsin, et morte en 1986 à Santa Fe :
dialectique abstrait / concret, des horizons infinis aux recoins infimes, collines du Middle West et contre plongée aux pieds des gratte ciels, lumières du Nouveau Mexique… 
Il s’agit bien comme  le disent les affiches, de Georgia  O’Keeffe « et ses amis photographes » où sont évoquées  les influences réciproques des créateurs d’un art à ses débuts et des peintres :
cadre, zoom, lumière, rythmes, lignes…
Peut-on dire qu’elle fera « de belles photos peintes »?
La photographie apporte à Georgia O’K un autre regard sur ses productions et avec la multiplication des portraits par Stieglitz, elle « adopte » son propre corps après avoir eu le sentiment de n’être qu’un objet. Ses nus sont magnifiques et ses mains magnifiées, bien que jamais saisies dans des moments de travail.
A l’époque des fleurs en volutes présentes dans les arts décoratifs, ses toiles aux allures d’aquarelles s’éclairent de couleurs. Le gris domine alors chez les cubistes parisiens.
Le ciel de Lake Georges ou du Nouveau Mexique, passage du réel à l’abstraction, est aussi un terrain de rencontre avec la musique.
Les fleurs sophistiquées jouent des équilibres, semblent pousser le cadre, se multiplient, des zones s’estompent, d’autres jaillissent.
La ville lumière est sombre, trépidante, elle est déserte chez O’K.
Dans sa voiture transformée en atelier elle sillonne le désert, rencontre des habitants dont les croix telles des poteaux indicateurs se superposent au dessus de leurs croyances premières.
Les arbres des Amériques sont plus hauts que les édifices construits par les hommes et toujours sources d’émerveillement.  
Comme les os détournés de leur pauvre destin devenus des viseurs de lune, des cadres insolites rompant les hiérarchies souvent présentes dans les sujets européens. A la façon des montagnards de par chez nous qui reviennent  de leurs courses avec des cailloux, elle amasse pierres et os.
Elle viendra à Chartres et en admirera les vitraux.
Elle sait bien ce qu’est la lumière, l’exposition au musée de Grenoble jusqu’à début février 2016, nous en redonne.
Les précisions qui nous ont été apportées sur les conditions de préparation d’une telle exposition ne sont pas inutiles : il a fallu quatre ans pour que celle-ci soit installée. La richesse des collections grenobloises permet des échanges avec d’autres institutions dans le monde entier comme en témoigne encore cette fois cette présentation exceptionnelle, facile à regarder et qui peut nous emmener loin. 
  

mercredi 6 janvier 2016

Valence. Auvergne Rhônes Alpes.

Sur la façade de la patrimoniale  « Maison des têtes » quatre médaillons sur vingt sept  représentent quatre vents, c'est que par Valence, "la porte du midi", passent bien des vents .
Cette maison d’un consul de la ville entre gothique qui a flamboyé et renaissance naissante représente bien la ville à mes yeux de grenoblois : riche d’histoire et d’histoires.
Si Championnet est honoré dans notre capitale des doudounes Quechuas, sa statue est en bonne place à Valence : le général  de la révolution est né à Alixan pas loin de là.
Le kiosque de Peynet, dessinateur d’amoureux très années soixante en est le symbole validé par l’office du tourisme qui fournit une brochure bien faite sur les curiosités du chef-lieu de la Drôme.
Les mails de la ville le long desquels s'entassaient Juva 4 et  tractions « citron » du temps de la nationale 7 , sont réservés désormais aux piétons en bordure de la vieille ville aux ruelles charmantes et aux places consacrées à des marchés réputés.
Une statue de Bonaparte émerge du trottoir et rappelle le rôle stratégique que joua l’école d’artillerie.
Depuis la cathédrale Saint Apollinaire du XI° siècle, nous surplombons le fleuve puissant.
Le monument funéraire voisin portant le nom de « pendentif », fut classé  parmi les premiers monuments historiques en 1885.
Le vaste parc Jouvet s’apprécie aussi depuis le Champ de Mars voisin.
Nous n’avons pu nous rendre au centre du patrimoine arménien où une exposition «  Bande dessinée et immigrations » parcourt un siècle d’histoire jusqu’au 28 février 2016.
Nous sommes enfin allés au musée d’art et d’archéologie installé dans le palais épiscopal qui vient d’être rénové. Sans être accablés, nous passons de la préhistoire à l’art contemporain.
Au dernier étage nous avons une vue panoramique sur le Vercors d’un côté et les monts d’Ardèche de l’autre, avec le château médiéval de Crusol en silhouette.
Des mosaïques d’un siècle avant JC ou un après lui, sont belles, et une gardienne  nous renseigne à propos d’un impressionnant dolium (pluriel dolia), jarre antique parfaitement conservée qui contenait plus de 1000 litres.
La collection de peintures consacrée aux paysages  donne de l’importance à Hubert Robert qui  aima tant les ruines romaines, à André Lhote… Wlaminck et Boudin furent nos préférés ainsi qu’une histoire émouvante de Sophie Calle déposant des bijoux de sa mère au pôle Nord.

mardi 5 janvier 2016

Sincères amitiés. Sempé.

Le dessinateur culte s’entretient avec Marc Lecarpentier ancien patron de Télérama, mais la délicatesse de celui que je porte au plus haut
est bien plus explicite en une planche que dans ce dialogue qui tient trop de place parmi 150 pages dans lesquelles le vieux monsieur tente surtout d’échapper aux phrases définitives:
« amitiés sincères : pléonasme ou oxymore ? »
Il sait que nos prétentions, notre vanité rendent difficile ce lien rare et précieux, fragile.
 «Rien n’est facile en amitié. Il faut de la discrétion, de la pudeur, de la fidélité».
2015 dans la fureur est passé, il devient plus difficile de croire à l’innocence, aux connivences,
dans l’air léger des squares où des messieurs se saluent en soulevant leur chapeau,
sur les plages où les chiens batifolent,
dans les pavillons en meulière quand la complicité accompagne la pudeur.
Impossible Facebook :
« Plein d’amis, trop d’amis, c’est suspect, non ? »
A une terrasse une dame se rassure :
« Je ne me laisse pas abattre, je me dis : « j’ai des amis ». Je leur téléphone et je tombe sur leurs répondeurs. Le lendemain, je me dis : j’ai des amis et en plus ils ont des répondeurs »
Il s’agit surtout de solitude et d’un décalage par rapport au présent, loin de toute poésie.
Les dessins rassemblés sur le thème de la complicité, de l’harmonie, de la confiance, valent souvent par leur ironie. Les plus parlants sont sans parole, comme ces copines sur leur vélo qui papotent au carrefour ou se tirent la bourre sous les platanes.
Et quand à la sortie d’un restaurant, le cigare à la main, un des convives conclut alors qu’un troisième a tourné le dos :
« Délicieux déjeuner, un peu long. Sa culture peut paraitre séduisante mais toutes ces anecdotes, ses citations, je te les retrouve en cinq minutes sur internet. »
 C’est que le monde a changé.

lundi 4 janvier 2016

Pauline s’arrache. Emilie Brisavoine


Montage efficace d’une histoire familiale où chacun en « faisant son cinéma » met en évidence violences et mensonges, dextérité verbale et balourdises, gravité et n’importe quoi…
Cette famille atypique révèle de nouvelles normes dans les rapports contemporains où l’amour s’expose dans les moments festifs et s’oublie dans la durée.
Les couples tiennent par leurs affrontements ; les adultes par intermittence sont à la fois lestés et boostés par leur enfance prolongée.

samedi 2 janvier 2016

Roman en 2015 :

Non pas dix, ni cinq, un roman de l’année, je n’en dis pas d’autres :
Réparer les vivants. Maylis de Kerangal.
Pour la confiance qu’elle nous redonne dans notre société avec un style palpitant.

vendredi 1 janvier 2016

La bonne année.

« Je ne prendrai pas de calendrier cette année, car j'ai été très mécontent de celui de l'année dernière ! » Alphonse Allais
De toutes façons, par chez nous, le facteur ne passe plus pour les calendriers.
Bonne année à venir. 2016.