jeudi 31 décembre 2015

Essais 2015.

Je retiens de toutes ces pages qui m’ont extrait quelques fois des amoncellements de magazines.
La barbarie douce. Jean Pierre Le Goff. Livre prémonitoire.
La fin du village. Jean Pierre Le Goff. Encore lui, dans une fresque passionnante.
La France périphérique. Christophe Guilluy. Voilà pourquoi Marianne est patraque.
L’erreur de calcul. Régis Debray. Il n’y a pas que les chiffres dans la vie.
Que reste-t-il de l’occident ? Régis Debray Renaud Girard. Encore lui.  
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2015/01/que-reste-t-il-de-loccident-regis.html

mercredi 30 décembre 2015

mardi 29 décembre 2015

Bandes dessinées 2015.

Dans l’actualité d’une année d’albums depuis librairies ou rayons de bibliothèques.
Le pire a de l’avenir. Georges Wolinski. Plus rien ne sera comme avant.
Le papyrus de César. Jean-Yves Ferri. Didier Conrad. Ne pas ignorer un tel phénomène. http://blog-de-guy.blogspot.fr/2015/10/le-papyrus-de-cesar-jean-yves-ferri.html
Touriste. Julien Blanc-Gras, mademoiselle Caroline. Voyager différemment.
A boire et à manger. Guillaume Long. A déguster de moderne façon.
La revue dessinée. N° 9. Automne 2015. Pour des reportages percutants chaque trimestre.

lundi 28 décembre 2015

Au cinéma en 2015.

J’ai voulu retenir en cette année  terrible des films drôles, optimistes, et tendres.
Notre petite sœur. Kore Eda. Des filles au Japon.
Le tout nouveau testament. Jaco Van Dormael. Dieu à Bruxelles
Vice versa. Pete Docter. Dans la tête d’une petite fille américaine.
Mustang. Deniz Gamze Erguven. Des filles en Turquie.
Les nouveaux sauvages. Damian Szifron. Des hommes en Argentine.
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2015/03/les-nouveaux-sauvages-damian-szifron.html

dimanche 27 décembre 2015

Le chagrin. Les Hommes Approximatifs.

Une famille se retrouve au moment de la disparition du père, ou plutôt ne se retrouve guère.
Je m’attendais à voir traiter d’un sujet devenu habituel au théâtre du rat des villes et du rat des champs avec tensions et tendresse au moment de la disparition d’un parent : lutte des classes.
Caroline Guiela Nguyen à la mise en scène se situe pour moi bien loin de Nordey
ou de Pitoisey qui s’appuyaient sur des auteurs
Ici le deuil est nié, la douleur se cache dans la folie, la violence, le patouillage compulsif, bulles de savons, liquide vaisselle, peinture bleue, fleurs de papier, sacs de terreau, vaporisateurs à crachat… Le titre évoquant la profondeur des tristesses enfantines aurait appelé de la subtilité. Celle-ci est absente sous les démonstrations extraverties et les solitudes qui ne se rencontrent pas.  
Dans un décor évoquant les Deschiens ou des installations d’art brut sous enduit bleuté, les bons acteurs alternent les moments régressifs et quelques séquences anodines plus calmes.
Il fait bon être étonné et c’est le cas, mais l’intensité du jeu peut sembler vaine, le travail original de la troupe n’a pas, semble-t-il, ému le public. Les personnages sont trop inconstants, insaisissables, on n’apprendra que très peu de choses sur l’absent, et sur les présents.

vendredi 25 décembre 2015

Noël 2015

Lorsqu'en la saison qu'il gèle,
Vint au monde Jésus Christ
L'âne et l'bœuf tout près de lui,
Le chauffaient de leur haleine
Que d'âne et de bœufs je sais,
Se trouvant près de leur maître
Que d'âne et de bœufs je sais,
Qui n'en auraient pas tant fait !

Et dès que ces pauvres bêtes
Virent le poupon si doux
Ell' se mirent à  genoux
Humblement baissant leurs têtes
Que d'âne et d'bœufs je sais
Qui pour tout se font la fête
Que d'âne et de bœufs je sais,
Qui n'en auraient pas tant fait !

Mais le plus beau de l'histoire
Ce fut que l'âne et le bœuf
Ont ainsi passé tous deux
La nuit sans manger, sans boire !
Que d'âne et de bœufs je sais,
Sous la soie et sous le moire
Que d'âne et de bœufs je sais,
Qui n'en auraient pas tant fait !

Bernard de La Monnoye

jeudi 24 décembre 2015

Georgia O’Keeffe. Sophie Bernard.

Sur les inesthétiques nouveaux panneaux d’affichage municipaux qui  arrivent à enlaidir tout ce qui s’y colle, l’affiche, aux tons pastels annonçant l’exposition au musée de Grenoble jusqu’à début février 2016, ne me disait pas grand-chose. De surcroit, je ne savais rien de l’artiste aussi célèbre aux Etats-Unis que Hopper ou Warhol ; il n’y a pas que les texans qui ont des trous dans leur culture.
Merci à la conférencière, par ailleurs conservatrice au musée de Grenoble, de nous faire découvrir cette dame disparue en 1986, presque centenaire, qui ne fut pas que peintre de fleurs monumentales.
Elle n’a traversé que sur le tard l’Atlantique, imperméable pendant longtemps à l’art européen, bien que professeur. Comme beaucoup de femmes artistes de cette époque, la féministe a vécu un moment à l’ombre de son mari Alfred Stieglitz, photographe et galeriste.
De la même façon que Frida Khalo, qu’elle rencontra au Mexique, l’américaine est marquée par les lieux où elle a vécu de New York au Nouveau Mexique.
« C’est primordial de sentir l’Amérique, de vivre l’Amérique, d’aimer l’Amérique, avant de se mettre au travail » 
Sa vision cristalline, synthétique, à mi-chemin entre l’abstraction et la représentation, lui offre une place singulière, en marge des avant-gardes.
Ses premiers dessins oniriques, au fusain, les « Specials » frappent Stieglitz :
« Enfin une femme qui se donne »
Elle deviendra sa muse et sa femme, il produira plus de 350 portraits d’elle.
 « La prêtresse de la couleur » comme dit Kristeva suggère une sexualité, une spiritualité qui font penser au style de Kandinsky « pour qui les couleurs, les formes et les lignes sont des équivalents plastiques des vibrations de l’âme » aussi bien qu’à la calligraphie japonaise.
Les pistils érectiles de « Grey Blue & Black-Pink Circle » sont suggestifs.
« Le sujet est en toi, la nature ne donne que des suggestions. »
« Black Abstraction » où s’inscrit un objectif photographique, marque les influences du huitième art ( la photographie) ayant désormais passé l’étape des « pictorialistes » qui imitaient la peinture classique. Cadrages, dégradés, agrandissements, forment un langage commun jusqu’à la finesse de la couche picturale.
A la campagne près de Lake George, ses paysages atmosphériques flamboient.
Ainsi  « Rouge, jaune et bande noire » qui est reproduite en affiche : dans les volutes de l’art nouveau et de la danse, le romantisme, la tendresse féminine évoquent des symboliques sentimentales.
Une « fenêtre »  dans son minimalisme, sa vision orthogonale annonce l’installation à New York, la ville fondamentale.
Dans Manhattan qui s’édifie, elle  vit au 38° étage du Shelton hôtel, «  au milieu de l’océan ».
Et nous offre cette contre-plongée dans « New York Street with Moon »
Orchidées, iris noirs, arums, pétunias, magnolias… :  quand la «Lady of the Lily » peint « Calla d’Afrique dans un grand verre » un portrait de fleurs à connotation érotique, loin d'être une nature morte,  c'est une « abstraction biomorphique ». 
Ses « iris blancs » dans la finesse de leurs camaïeux sont une métaphore de la chair, « de ses membranes, de ses muqueuses ».
Bien que ne constituant que 8% de sa production, ces fleurs se prêtant assez facilement aux interprétations freudiennes sont les plus emblématiques de son œuvre, qui mérite d’être connue pourtant pour sa variété.
Dans le désert du Nouveau Mexique, elle rompt avec la ville verticale, pour les horizons infinis où le ciel prend toute la place. Son contact avec les populations premières s’accorde avec ses fréquentations intellectuelles.
« The Lawrence Tree » est réalisé pour l’auteur de « L’amant de Lady Chaterley » et révèle une appréhension panthéiste de la nature.
Sa puissante « Croix noire »  vient parmi des paysages aux plans télescopés, aux falaises voluptueuses rouges, dans des visions frontales.
Elle transforme des ossements en œuvres d’art et enserre le ciel dans leurs architectures. Elle enfante des formes nouvelles, elle qui n’a pas eu d’enfants. Elle collectionne aussi les pierres, mais retrouve ses nuages depuis les avions qu’elle emprunte et nous redonne des vues d’en haut d’une rivière qui serpente dans le désert : «  C’était jaune et rose ».
Ce « ciel au dessus des nuages » peut faire penser à Rothko en plus vaporeux, et en annonce les champs colorés.
Un autre « ciel au-dessus des nuages »  très couru, de 7 mètres de long se trouve à The Art Institute of Chicago.
Dans le catalogue de l’expo du musée, Julia Kristeva écrit :
« Femme, amante, modèle, artiste – Georgia O’Keeffe condense tous les rôles que les femmes ont tenus dans l’histoire de l’art et dans l’art moderne, et qui les ont souvent rejetées dans des marginalités douloureuses. »