lundi 14 juin 2010

Carnets de voyage

Le film du brésilien Walter Selles (Central do Brasil) qui retrace le long voyage d’Ernesto Guevara et son ami Alberto Granado à travers l’Amérique latine, avait une bonne critique dans le Figaro en 2004 : « un film humaniste, simple et généreux ». Ils n’ont plus peur. Je craignais quant à moi de mesurer cruellement le temps entre mon maquillage barbudos qui m’a tenu des années jusqu’à mon clavier trop tempéré, je viens juste de l’apprécier en DVD. Une belle promenade en motocyclette, avec des dialogues couillus ; le récit d’une prise de conscience. Qui ne serait pas resté auprès de la belle promise en son vert cottage au lieu d’aller toucher la main des lépreux andins ? Le rugbyman asthmatique, le futur médecin, piètre danseur forge sa volonté qui l’amènera à croire aux armes pour venir à bout de situations intolérables. Les peuples d’Amérique latine ont vaincu les dictatures; il n’y a pas que des désillusions dans ce siècle.

dimanche 13 juin 2010

Saucisse de Morteau - gingembre

Tous les jeudis je me régale dans Libé des articles de Jacky Durand, dans la rubrique intitulée les « Foodingues » avec des recettes enrobées dans un style appétissant. Il revigore les plats du terroir sans manières. J’ai essayé cette rencontre du Haut Doubs avec l’Asie.
Sortir la cocote pour mijotages et faire revenir dans l’huile d’olive du gingembre, de l’ail, une saucisse de Morteau déjà cuite coupée en tranches, puis après « avoir humé le parfum capiteux plus sournois qu’un tapage nocturne pour sortir les braves gens de leur lit », ajouter une boîte de pulpe de tomates, un bouquet garni, sel, poivre, piment. Laisser mijoter avant d’ajouter une boîte de haricots rouges, et laisser cuire encore cinq minutes. A servir avec du riz.
C’est une version du rougail saucisse réunionnais, simple et parfumé.
............................... Domenech.........................
Vous vous êtes là. La chanson du dimanche

samedi 12 juin 2010

Dense, dense.

- Le train, c’est bien, mais pas de ligne près de mon village.
- Ces déchets font tache dans le paysage mais pas de déchèterie par ici.
- Il faut limiter les déplacements, mais pas de logements près de mon chez moi.

Je m’étais habitué à Timide qui n’osait pas trop prononcer le mot « logement social » qui a pourtant racine commune avec socialiste.
Voilà que les Verts de chez nous empruntent les mêmes voies hypocrites en rappelant d’un côté les grands principes : « il faut augmenter la densité de l’habitat » le long de la voie du tram et « limiter l’étalement urbain », mais ils montent dans la remorque de ceux qui veulent que rien ne change.
Ainsi pour la défense des parcs et jardins, Atchoum et Dormeur s’acoquinent à Joyeux, d’une majorité qui soutient les évolutions nécessaires comme la corde, le pendu : quand ceux ci parlent d’identité, les seules constructions qui s’élèvent sont des murettes.
Les prospectives sont laissées à Prof et ses chères études de cabinets d’urbanisme ; c’est qu’il y a de l’électeur Simplet à flatter.
Quant à Grincheux qui apprécierait un peu de courage et de cohérence, il verrait bien deux belles tours d’habitation, DD(développement durable), autosuffisantes énergétiquement, à l’architecture audacieuse, pour accueillir ceux qui arrivent par l’entrée Nord de l’agglomération, ça aurait de la gueule, non ?
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Petite blague :
« Un bon macho voit passer une superbe nana.
- Je me la ferais bien !
- Non, mon chéri, dis plutôt que tu te la ferais volontiers, rectifie sa femme. »

vendredi 11 juin 2010

Seul le silence. RJ Ellory

Saisissant l’opportunité d’une déclaration admirative dans les travées de la librairie du Square, je m’emparais de ce livre pour le lire dans l’avion qui nous a emmenés à New York. Je n’avais pas remarqué la mention thriller sur la couverture et je me laissais séduire par le style : « C’était logique que les oreillers soient remplis de plumes d’anges. C’était de là que venaient les rêves. » La description de la vie d’un enfant en Géorgie dans l’Amérique des marais, me plaisait ; et puis je me suis lassé, peut être à partir du moment où Brooklyn figure dans le décor et j’ai fini plus tard les 600 pages par devoir. Les cadavres démembrés de 32 fillettes commençaient à peser et la culpabilité du narrateur écrivant des romans dans le roman devenait lourde. J’avais failli aimer un polar, et même si l’écriture est séduisante, je préfère que pour l’intensité les romans ne comportent pas forcément autant de fillettes découpées. Le lecteur érudit qui alimente le site « Autre monde » à portée de clic sur la droite de ce blog m’avait peut être influencé dans ce désenchantement, mais cela m’avait amusé que l’on tombe sur le même livre en même temps, et j’avais remarqué aussi après coup que ce que je prenais pour de l’efficacité des auteurs américains venait d’un anglais. Mais c’est bien bon d’être leurré parfois. « Lorsqu’il parlait, il s’exprimait sur un ton bourru ; il avait un penchant pour les mots à coucher dehors : inclination, intrinsèque, astreignant. Chaque phrase était mûrement réfléchie, soupesée et évaluée, comme s’il jouait au poker avec une mise à mille dollars »

jeudi 10 juin 2010

L’arte povera.

Une tribu plutôt qu’un mouvement, née dans les années 60: des plasticiens italiens utilisent des matériaux tels que toile de jute, terre, chiffons, des éléments naturels pour contester la société de consommation. Cependant l’usage de tubes de néon déroge à ce qui pouvait apparaître comme une caractérisation. Des citations de l’art classique ajoutent à la poésie exigeante de ces œuvres où les exégètes révèlent des références à la pensée franciscaine. De vrais chevaux dans une galerie amenés par Kounellis, les tas de vêtements avec statue de Vénus de Pistolletto, les spirales, les huttes de Merz sont caractéristiques de cette attitude dans l’art contemporain où Penone avec une éponge posée sur un rail confronte la nature à la culture et amène dans d’autres installations le temps comme élément de réflexion.

mercredi 9 juin 2010

Bi, dang so. (Sois fort). Phon Dang Di

Un spectateur de ce deuxième film Vietnamien présent à Cannes après « L’odeur de la papaye verte » parlait à la fois de la pudeur et de l’impudeur de cette production qui va fouiller sous les lits, avec des protagonistes qui s’enferment dans leurs secrets, leurs solitudes. Pourquoi le fils refuse de voir son père revenu vivre ses derniers jours dans la maison de la belle fille qui va se consacrer à lui ? La tante échappe au célibat mais les perspectives de vie heureuse ne sont pas évidentes. L’enfant, pourrait apporter un peu de fantaisie dans cet univers moite, mais le jeu du jeune acteur, un peu cabotin,amoindrit ce regard. Le sexe est triste ou violent, et le thème de la glace constitue un « truc » narratif qui appelle forcément la boutade : le spectateur reste de glace, même quand il est fait un usage inédit d’un glaçon. On ne s’ennuie pas mais aucune trace sympathique ne subsiste malgré la beauté des femmes; je m’en veux de ne pas sortir du préjugé de l’impassibilité des hommes de là bas.

mardi 8 juin 2010

Lovecraft

Cet écrivain américain est une référence pour les amateurs de littérature fantastique où l’horreur fait partie des sensations recherchées. Mon humour est vraiment limité sur ce terrain, puisque les effrois du réel me suffisent, je m’obstine à rester à l’écart des mystères des ténèbres. Et le politiquement correct, qui est trop souvent vu comme péjoratif alors qu’il est une barrière humaniste, me conduit ici à ne pas aller plus en avant avec quelqu’un qui fut un raciste halluciné.
« Les ongles fétides du cadavre lacérèrent les chairs jusqu’à ce que la douleur horrible de quelque blessure lui brûlait les mollets »( j’aurais plus volontiers écrit « lui brûle », en gothique).
Ils se sont mis à trois : Rodiounoff, Giffen et Breccia pour rendre compte de la vie de souffrances d’un Lovecraft dévoré par son œuvre qui ne connaît pas de répits, ne serait ce que l’espace d’une planche de bande dessinée.
Malgré mes réticences, j’ai trouvé le récit habile, le traitement des fantasmes intéressant, de même que l’ambigüité entre le réel et les visions effrayantes. Même si les chats maigres aux yeux exorbités, et les chèvres noires aux entrailles tentaculaires me séduisent bien peu, ces artistes nous laissent quelques cicatrices.