mercredi 24 septembre 2008

Le pluralisme est-il une force ?

Au forum de « Libération », Hollande, malgré son talent, représente le passé avec Bertinotti qui lui appartient à une gauche italienne encore plus mal en point ; ils apportent des constats lucides mais avec peu de prises pour l’avenir, tant à gauche l’unité étouffe et le pluralisme divise. La droite réorganisée, elle, n’a pas ces soucis, elle profite du mercantilisme triomphant et de l’individualisme. Les représentants habituels d’une classe ouvrière précarisée sont déracinés, et leurs paroles pas plus en phase avec la société que l’idée d’Europe. La gauche a disparu en Pologne, elle est patraque partout en Europe, sans modèle. Les victoires locales ne changent rien à la crise au niveau national. Le clivage apparaît plus entre le haut et le bas qu’entre la droite et la gauche. Comme lors d’autres débats, une des réponses réside pour moi dans une régénération de la vie démocratique à l’intérieur des partis remis à l’ordre du jour par les débats participatifs de Ségolène mais qu’elle n’a pu faire durer, cramée par les médias et leur voracité au jour le jour. Nous avons les partis que nous méritons et si ceux qui cumulent les mandats se tiennent au chaud c’est que le manque de courage, de persévérance de leurs mandants était complice. Le vieux monde a du mal a disparaître et « le nouveau monde » ( thème du forum) a bien du mal à naître, si ce monde là doit être au service de tous les hommes.

mardi 23 septembre 2008

Le transport individuel est-il l’ennemi du transport collectif ?

Pour le débat de "Libé" à la MC2, le maire de Lyon est arrivé en retard pour cause de bouchons sur l’autoroute et son interlocuteur le président de l'équipementier Bosch France n’a pu s’attarder : il avait un train à prendre. Tout le monde a souri. Plutôt qu’un affrontement stérile entre un perroquet de la catégorie « la rocade ! la rrocade ! » et une autruche, Gérard Collomb et Guy Maugis ont présenté des solutions innovantes. De nombreux brevets sont déposés pour aller vers des véhicules individuels plus légers, plus économes, plus propres. Les défis sont devant nous, même si la consommation des voitures a été diminuée de moitié, comme a été divisé par deux le nombre de tués sur la route ; le bus Wolkswagen de nos années flowers était plus polluant que les 4X4 actuels. Les progrès ne sont pas inéluctables, et si la conscience des urgences écologiques est mieux partagée, restent des choix à assumer. Gégé n’est pas le piètre orateur que je craignais, mais un pragmatique qui a déjà engagé une baisse de la fréquentation automobile dans sa métropole multipolaire; désormais en vélo’v, on gagne du temps et les moyens de déplacements sont complémentaires. Il a repris et amplifié l’idée mise en oeuvre d'abord par une association pour proposer un libre service de voitures dans les parkings de la ville, comme il l’a initié pour les vélos. Il n’est pas favorable au péage urbain qui serait inégalitaire et il a souligné l’escroquerie du Grenelle de l’environnement quand l’état réduit à néant son aide pour les transports en commun. Des remarques venues du public pousseraient à modifier la taille des bus en fonction des horaires.

lundi 22 septembre 2008

Démocratie sociale ou démocratie politique ?

Au forum de Libé, Chérèque et Accoyer étaient les intervenants adéquats pour traiter le sujet. Le secrétaire général de la C.F.D.T. est plus direct, plus pragmatique que le président de l’assemblée nationale peu avare en bonnes paroles mais ne convaincant pas la salle, par exemple dans sa défense du cumul des mandats. Le syndicaliste a beau jeu de mettre en face les intentions et les actes des politiques avec le passage en force du gouvernement sur les 35 heures. Des cadres institutionnels élargissant la place de la négociation peuvent bien être annoncés, la pratique hystérique de l’omni président met tout en l’air. Certes 8% des travailleurs sont syndiqués, mais 2% des électeurs appartiennent à un parti politique. L’aveugle et le paralytique ne vont pas se requinquer à l’heure ou l’individualisme est exacerbé, les rythmes endiablés et bien des réalités virtuelles ... sauf l’exploitation !

dimanche 21 septembre 2008

« Wladislaw Polski world tour » Chraz

Pour célébrer, avec une semaine de retard, la fête du monde rural en scène à Beaucroissant, me revient le souvenir d’un one man show qui arrive à nous faire sourire sur la fin du monde paysan. Chraz, l’ancien de « rien à cirer » l’émission de Ruquier sur France Inter, dans la peau d’un auvergnat, nous dit bien des choses. Le pire était à craindre quand il parle de la Josiane, sa femme tyrannique bien sûr, mais ça passe, tant le temps paraît court . Il est le plouc qui a gardé « les deux pieds dans la bouse et la tête dans les étoiles » Et pourtant nous sommes en 2018, alors que les autres sont « les deux pieds dans le gaz oil et la tête dans l’écran d’ordinateur ». Sa gouaille amicale et franchement anti sarkoziste est réjouissante.

vendredi 19 septembre 2008

La fin de la social-démocratie ?

Au forum de Libé, à la MC2, Pierre Ronsanvallon ne met pas de point d’interrogation pour parier sur le sort d’un idéal qui a du se défendre d’être « le marxisme moins 20% ». Par contre, la grande salle de l’auditorium, bien remplie, a perçu tous les points d’exclamation qui invitent à sortir de la nostalgie. Le professeur au collège de France nous secoue vivement, brillamment, et nous exhorte à moins de compassion et plus de socialisme. Le réformisme n’est plus un identifiant et si la propriété des moyens de production n’est pas plus à l’ordre du jour, les réponses sont du côté « d une réinvention des institutions de la citoyenneté, de la solidarité et de la régulation économique ». La société est éclatée en micro démocraties de co-propriétaires, le salariat est précaire, les moules protecteurs forgés par la social démocratie au sein des économies de marché doivent devenir des instruments adaptateurs nécessaires créateurs de lien social. Le secrétaire général des démocrates de gauche en Italie, Piero Fassino, retient de Marx que le mouvement est le moteur de l’histoire et révise quelques fondamentaux : nous ne pouvons entrer dans des logiques de peur qui sont l’apanage de la droite, et nous devons faire valoir le rôle de l’impôt qui scelle le contrat social.

À la belle étoile!

Petite histoire qui court sur le net. Avec l’accent québécois, elle prend une connotation moqueuse à l’égard de l’intellectualisme français. En ces temps de préparation du congrès socialiste, j’y lis nos facilités à analyser une situation, mais où l’on oublie l’essentiel. Toute situation d’incommunicabilité peut faire l’affaire !

" Un Français et un Québécois vont en camping.
Ils installent leur tente dans une clairière et se couchent pour dormir. Quelques heures plus tard, le Québécois réveille le français et lui dit:
- Regarde dans le ciel et dis-moi ce que tu vois.

- Des millions d'étoiles !
- Et qu'est-ce que ça veut dire, selon toi ?
Le Français interprète la question un instant et dit :

-1. Bien, astronomiquement parlant, cela veut dire qu'il y a des millions de galaxies et des milliards de planètes dans le vaste espace.
2. Astrologiquement, cela me dit que Saturne est en Verseau. Pour l'heure, je dirais qu'il est quatre heures du matin.

3. Théologiquement parlant, il est évident que Dieu est tout puissant que nous sommes petits et faibles. Météorologiquement, il semblerait qu'il fera très beau demain.
Après s'être fait dévisager par le Québécois pendant quelques minutes, il reprend:

- Quoi!!! Qu'est-ce que j'ai dit de mal ?
- Crisse d'innocent! Ça veut dire qu'on s'est fait voler notre tente!

mercredi 17 septembre 2008

Epiques équipes (Faire classe 2)

Il y eut des temps simples où celui qui partait à la retraite laissait place à un jeune. Aujourd’hui la division est un principe de gouvernement : la corporation est éclatée, ceux qui sont dans la place sont flattés. Un prof, ai-je lu, a demandé 13 heures supplémentaires ! Qui se soucie qu’il n’aura pas le temps de préparer sa classe, et surtout il aura bien peu de loisir pour protester contre les fermetures de postes ? Le volontarisme du président est loué plus que de raison, pourtant il ne fait que flatter l’individualisme le plus primitif.
Alors après l’affirmation de la personnalité( « faire classe1 ») pour assurer de bonnes heures devant les élèves, revenons sur le collectif , les liens, les équipes.
Nous ne sommes pas condamnés à la solitude. La complexité du travail oblige à la coopération. Et il est bon d’être « tous ensemble -tous ensemble », pour résister parfois aux collectivités locales et autres profs manqués déguisés en parents d’élèves qui auraient tendance à se mêler des choix pédagogiques des enseignants, voire à leur dicter la loi. Les complaisances ne manquent pas dans la place. Les difficultés des politiques de peser sur le réel les amènent eux et leurs communicants à l’école et son public captif pour lutter contre le tabac et l’obésité, prévenir l’usager de la route et des transports en commun, pour promouvoir le développement durable ; tout cela joue au détriment d’une éducation qui durerait. Chaque jour s’annonce la semaine du handicap, du goût, de la femme, de l’Internet, de la presse, de l’Europe, de la bicyclette, du loup et de la buse, de l’emploi, de la fraich’attitude, du livre, du timbre pour les vacances, de la poésie : tout ce qui nous manque. Difficile de rester maître chez soi. Les appels médiatiques incessants en direction de l’école trahissent une paresse, une fausse reconnaissance qui accélère l’amoindrissement des ambitions originelles : lire, écrire, compter. Comment donner confiance aux élèves si l’adulte devant les enfants n’est pas sûr de son coup ? Mes intuitions allumèrent parfois chez les enfants les curiosités, les rires, mais aussi soulevèrent des incompréhensions. Les coups de gueule, les moments inspirés perdent de leur vérité, refroidissent quand ils sont mis en lignes. Pour la jouer tangible, restent les objets, des mécaniques pour vide-greniers.
Des recettes pratiques concernant le bon usage du papier calque ou du bristol ne répondront évidemment pas aux enjeux de l’école, mais se nourrir de spéculations générales contraires à la nécessité de la transmission éloigne d’un engagement intime.
« Prof un jour, prof toujours ».
« Donneur de leçons soixante-huitard, continue même tard. »
L’enfant n’est pas jeté au monde fini, terminé, où serait notre rôle d’éducateur, d’éleveur ? L’adulte se construit, se fait, fait, est refait parfois, s’exerce à la liberté. Nous sommes tous édifiés, à travers le regard des autres, à travers les mots des autres.
Une pédagogie personnalisée qui cultive ses singularités ne contredit pas la cohérence nécessaire à l’intérieur d’une école. Nous pouvons éviter collectivement par exemple les redites thématiques, mais le chemin est long pour acquérir une sincérité qui sait avouer ses faiblesses. La santé psychique qui se joue chaque matin au petit théâtre pédagogique ne peut s’endurcir qu’avec des hommes et des femmes authentiques. La responsabilité personnelle de l’enseignant peut être mise en péril quand le recours au collectif devient incantatoire.
Le travail en équipe pédagogique s’accomplira comme une noble entreprise si elle résulte d’engagements volontaires ; l’approbation par le silence ouvre les portes aux tyrannies à la petite semaine.
La concertation est indispensable afin de trouver des solutions pour les enfants en difficulté au plus tôt sans que la masse horaire des réunions ne vienne amputer du temps de préparation de la classe. Que de temps perdu, parfois, parce qu’une aide souhaitable n’avait pas été proposée à temps ! Qu’il n’y ait pas de silence au sujet des enfants en difficulté ! Alors la mauvaise foi de parents qui affirment : « c’est la première fois que l’on me dit que mon fils a des problèmes » pourra être démasquée.
Dans l’acte pédagogique reste la vérité du pédagogue, ce qu’il est, ce qu’il aime, ce à quoi il croit. Cela n’interdit pas les évolutions, les adaptations.
Mais les mesures autoritaires génèrent les freins les plus sournois, les plus efficaces. Rester sincère, être fort pour préserver la capacité à entraîner un groupe d’élèves, à recevoir ses attentes, continuer à faire vivre une idée de l’école de la république pour que sa devise ne devienne ni un jingle publicitaire ni une épitaphe.
A trop avoir crié « Ubu » n’a-t-on pas vu qu’il était à la barre dans ce qui devrait demeurer- sans hésiter sur l’image - « le temple des savoirs » ?
A mes débuts je me suis empressé de mépriser la première recommandation d’un collègue concernant les assurances, les accidents. Dans ces années l’insouciance s’adossait à d’autres certitudes en béton. Début de ce siècle, fin de ma carrière, les angoisses obscures pensent s’exorciser par les paperasses. «L’assurance » si mal nommée puisqu’ en compagnie, elle, affole les compteurs, et met à mal un minimum de liberté, d’audace de celui qui est en tête du rang. Beaucoup de centres aérés, de classe de mer ont fermé leurs portes faute de candidats qui ne pouvaient plus s’épuiser à affronter le judiciarisme vétilleux envahissant une société où l’insécurité se la joue.
L’imparfait conviendra pour ces billets où des préfabriqués ont pu s’inventer des ferveurs de chapelle où les tombes ne font pas silence quand il convient d’envisager l’avenir. Allons enfants !
« …nous n’habitons plus l’histoire de la même façon : la nouveauté fait preuve, la tradition est à charge. La jeunesse n’est plus un âge, c’est une valeur en soi… » R. Debray