mercredi 19 mars 2025

Fugaces. Aina Alegre.

Le centre chorégraphique de Grenoble et le Studio fictif rendent hommage à une gitane danseuse de flamenco, Carmen Amaya. 
La bande sonore rappelle en introduction les rythmes andalous avant qu’émergent de l’obscurité les fantômes de trois danseurs et quatre danseuses qui s'avèrent affublés de costumes déstructurés. Ils entreprennent des figures dans un silence interrompu parfois par un son de bâton de pluie. Difficile la danse sans musique, et déjà vue. 
Quand arrive enfin un trombone à coulisse joué par une des artistes sur fond de percussions, une transe aux allures africaines s’empare de la troupe qui en monte dans les gradins. 
Après silence et attentes, la libération de tant d’énergie nous convainc de la sincérité de la créatrice et de l’engagement d’un groupe déterminé. 
Les temps forts sont d’autant plus appréciés que les chaussettes noires dans des baskets ne me semblaient pas du meilleur goût même pour déconstruire le patrimoine. 
Comme l’art contemporain s’adosse aux classiques, l’évocation des battements d’un certain Boléro permet-elle d’annoncer avoir puisé dans un « matrimoine »? Une heure fugace.

mardi 18 mars 2025

Moi, Fadi le frère volé. Riad Sattouf.

Moins léger et drôle que les récits de la vie de la jeune parisienne Esther en ses cahiers, 
Riad Sattouf excelle encore une fois dans le recueil de témoignages qui le touchent de près.
Le petit frère Fadi, donne son point de vue depuis ses souvenirs de prime enfance.
Riad, le grand frère qu’il admire, joue un rôle secondaire dans ces 136 pages, pas forcément à son avantage.
Mais la tragédie est ailleurs : le père réapparu en Bretagne, où la mère élève ses trois garçons, va enlever le plus jeune pour l’emmener en Syrie.
« Je vais pas t'acheter un cadeau à chaque fois ! Arrête d'avoir des bonnes notes ! »
Heureusement que des traits d’humour viennent atténuer le côté dramatique de cette histoire d'incompétence et de démagogie paternelle, vue à travers les yeux d’un enfant.
En quatrième de couverture cette seule phrase: 
« Ah, c'est ainsi ? Et bien, je pars vivre en Syrie, avec mon papa.
Car c'est ce que font les fils, ils suivent leur père »
.
Sauf que ces mots n’ont pas été prononcés par l’enfant mais ce sont ceux du père manipulateur qui fait croire que sa mère l’a abandonné. 
«  Regarde ce bel homme fier! C'y le Syrien li plis intelligent di monde ! Hafez Al-Assad ! Li prisident ! Ti crois qu'il pleurniche pour sa maman lui ? C'y un homme il pleure pas ! » 
Passionnant, émouvant, cet auteur léger et profond mérite son succès.

lundi 17 mars 2025

Les Filles du Nil. Nada Riyadh Ayman El Amir.

Dans la campagne égyptienne, une demi-douzaine de jeunes filles coptes montent des séquences théâtrales pour dénoncer l’asservissement des femmes.
Elles affrontent l’indifférence voire l’hostilité de la rue, mais une nouvelle génération prendra la relève des anciennes militantes filmées patiemment pendant quatre ans.
Le documentaire joue avec la réalité au-delà d’un montage cinématographique comportant quelques failles dans le scénario bien vite effacées par une caméra saisissant l’authenticité des personnages.
Certaines insurgées contre les mariages arrangés vont se conformer au silence imposé par de jeunes mâles aux allures pourtant modernes, alors qu’un père plus âgé avait fait connaître ce groupe dynamique à l’une des actrices. 
Cette lutte féministe fraîche et courageuse met les points sur les « i » à un machisme inconcevable par chez nous, bien loin des billevesées inclusives cherchant du poil sur les « e » chez nos cultureux.

samedi 15 mars 2025

L’autre rive de la mer. Antonio Lobo Antunes.

La force de ce livre m’a conduit à interrompre ma lecture au bout de 265 pages : 
à chaque fois que je l’ouvrais, je redoutais de retrouver la litanie des solitudes et des douleurs.
Trois personnages différents, mais s’exprimant d’une même façon désespérée, rendent compte de leur pauvre vie dans un Angola en révolte contre le Portugal colonialiste. 
« L’Angola j’en avais plus que ma claque, toute cette confusion, cette misère, tout ce silence qui m’assourdissait parce que même les arbres on les entend pousser, même l’herbe, même les ongles, il n’y a rien qui ne grandisse en nous acculant à la mer de plus en plus distante nous empêchant de fuir, elle le soir
- Tu me fais pitié tu restes là sans solution remuant le sable et dissolvant le passé, le sourire de ma femme pendant un instant
- Au revoir au revoir » 
Les odeurs, les couleurs de là bas arrivent sous nos ampoules hivernales, dans un rythme obsédant scandé par des interruptions qui crient la vérité d’une transcription très «  nouveau roman ».
Les souvenirs cachent des situations d’une violence de dingue là bas et ici :   
« … et puis la neige et puis l’hiver neuf mois par an, et puis les brochettes de veuves rien que nez et mentons et ma grand-mère remontant la rue, dissimulée sous leur châle, dans une tempête de pantoufles jusqu’à la chapelle tout en haut pour rendre visite à un Dieu qui bien que plus petit et plus pauvre que celui de la place se démène comme un possédé pour l’accomplissement des vœux… » 
J’avais été enthousiaste après avoir vu au théâtre « Le cul de judas », voyage au bout de le nuit africaine, mais le temps d’une pause je vais chercher dans ma bibliothèque des volumes plus rose, tout en gardant le souvenir dans mon enfer de ces mots implacables, ces atmosphères lourdes, noires, désespérantes, poétiques. 
« L’Angola est là tout près là sur l’autre rive de la mer car ils appellent mer ce fleuve avec plus d’eau et plus d’écume que les autres, frottant ses rochers dans un sens puis dans l’autre en farfouillant dans les tiroirs, emportant ce qu’elle s’empresse de nous rendre, coquillages, cailloux, bouts de bois venus d’où mon Dieu, avec un moteur énorme, à moitié fichu, chevrotant là-dessous et quand elle se retire voilà les crabes de retour claudiquant vers nous avec cette détermination entêtée des estropiés et au-dessus le vide, des oiseaux, la feuille sans arbre d’une mouette réduite à un bec et des yeux, dans une attente éternelle, moi à Domingas, sans les mots
- Que faisons-nous ici ? Nous attendons qu’on nous ramène en Afrique … »  
Trop chochotte, je regrette de ne pas être à la hauteur pour faire valoir cet auteur, qu’il serait dommage de ne pas connaître.

vendredi 14 mars 2025

Patienter dans les ruines. Michel Onfray.

Si la couverture est lugubre, le titre juste, la quatrième de couverture met en appétit : 
 « … à l’heure où cette civilisation dont je procède s’effondre, doublement menacée par une incroyable négativité qui la détruit et par l’horizon transhumaniste qui s’annonce à l’échelle civilisationnelle… » 
Le philosophe, athée militant, livre en 120 pages ses réflexions après un petit séjour dans une abbaye où il célèbre la lumière, partage les rites de la communauté, dialogue respectueusement avec le père Michel. 
« Quand chaque journée ressemble à chaque journée, que la veille, le jour même et le lendemain seront, à peu de chose près, identiques, que chaque mois ressemble à chaque mois, chaque année à chaque année, chaque vie à chaque vie, que ceux qui sont entrés dans le cimetière ont vécu la même vie que les vivants qui s'en souviennent dans le monastère et ceux qui les remplaceront quand ils seront morts, le temps fond, se dilue, se dissout, se métamorphose comme un métal en fusion et génère dans son athanor quelque chose qui ressemble à l’éternité. » 
La lecture commentée des sermons sur la chute de Rome de saint Augustin est exigeante, comme est nécessaire le retour aux questions éternelles sur le thème du mal, de la liberté, tout en gardant un recul, générateur de sagesse : 
« Le judaïsme a généré une civilisation de l'herméneutique ; le christianisme, une civilisation de l'allégorie ; l'islam, une civilisation de la réitération. Le monastère est le lieu où vit, dure et perdure l'allégorie. Car tout y fait sens, sans cesse, partout, tout le temps, dans le moindre détail. La vie quotidienne y est une voie d'accès au sacré. »

jeudi 13 mars 2025

Le Havre # 2

Nous partons tout frais dispos pour le centre-ville dès 9h,
laissons la voiture au parking de l’hôtel de ville, et disposant d’une avance confortable pour notre rendez-vous, nous commandons un café en terrasse au soleil à côté de la maison du patrimoine.
A proximité, l’espace Niemeyer de style moderne, 
contraste avec l’architecture austère et uniforme de Perret. 
Ses deux « Volcans » de couleur blanche, dédiés à la culture, abritent une bibliothèque et une Scène Nationale,  les Havrais les appellent aussi "les pots de yaourt"…
Ils reposent sur une esplanade semi enterrée peu végétalisée, comme concentrés dans une enceinte. Nous rejoignons le lieu de rencontre pour la visite commentée de la ville.
Toujours à l’avance, nous patientons seuls dans une petite pièce devant des films d’époque, l’un sur les bombardements des Britanniques (qui n’ont pas fait de quartier ) l’autre sur la vie  dans des logements de fortune, « en  carton », « où s’entasse la population dans la convivialité du monde des femmes et des enfants et la déchéance des hommes dans l’alcoolisme ». Nous ne visionnerons pas les autres vidéos sans doute tout aussi  instructives et bien faites car notre jeune guide Lukas sonne le rassemblement des candidats à la visite. D’entrée, il nous séduit par sa maitrise de la langue française, précise et fluide, et son élocution claire tant au niveau du volume vocal que du débit : c’est un plaisir
- Il nous présente tout d’abord la situation historique de la ville durant la seconde guerre mondiale : cinq mille morts au sein de la population, une ville rasée qu’il faut reconstruire rapidement.
Les autorités font appel à Auguste Perret alors âgé de 70 ans. Mais avant de construire, il faut  déblayer et la tâche s’avère difficile à cause de l’importance des gravats à déplacer et à disperser. Alors les responsables décident de concasser les pierres des ruines et de les répartir sur le sol ainsi élevé de 80 cm par rapport à l’ancienne ville. En souvenir, et comme point de comparaison, la place de l’hôtel de ville a conservé la hauteur d’origine.
Puisqu’il ne reste rien ou presque après les bombardements, l’urbanisme de la ville part sur de nouvelles bases  en favorisant de larges avenues, une circulation plus fluide en résulte, et rares sont les embouteillages encore aujourd’hui.
- Notre guide nous signale la rue de Paris, petite sœur de la rue de Rivoli dont elle copie les arcades sous lesquelles s’abritent des commerces.
Puis il nous conduit devant la mairie : elle se compose d’un corps de bâtiment constitué de salles d’apparat et de salons d’honneur percés de hautes fenêtres, et d’une  tour carrée élevée sur la gauche qu’Auguste Perret ne verra pas achevée.
- L’architecture généralisée et uniforme de Perret valut au Havre 
le surnom de "Stalingrad de la mer".
Toutes les façades conçues selon le même modèle n’affichent aucune fioriture, aucun décor.
Symétriques et régulières elles s’inspireraient de l’antiquité et du XVIII° siècle, mais avec du béton armé à la place de la pierre et malgré quelques petites variations de couleur, le gris l’emporte largement, peu compensé par de la végétation.
- Grâce au guide, nous accédons à un appartement témoin des années 1950. Sauvegardé au milieu des  logements actuels, il témoigne du confort et de la présence du progrès à la portée de tous dans les années après- guerre. 
Pour la conception des immeubles, tout repose sur le chiffre 6,24 m qui sert de base à n’importe quelle mesure : il a pour avantage de se diviser par 2,3,4,…12….
Leur principe de construction sert toujours  pour bâtir des garages en étages : des poteaux poutres assurent la structure, des plaques de béton comblent les espaces et les portes et fenêtres sont préfabriquées. Ce procédé plus rapide et moins onéreux  répond à la nécessité d’offrir  au plus vite aux Havrais des habitations décentes après des abris provisoires et insalubres. 
A l’intérieur, tout concourt à l’amélioration des conditions de vie, Perret veut  intégrer  la modernité, en proposant des aménagements pratiques et des installations nouvelles concernant l’hygiène.
Grace à l’absence de mur porteur, chaque appartement reste modulable.
Cependant, l’orientation Nord-Sud traversant et les portes coulissantes optimisent l’entrée de la lumière, élément important pour l’architecte.
Les chambres donnent côté cour pour plus de tranquillité et le salon s’oriente côté rue.
Aucun couloir ne chemine entre les pièces, évitant de l’espace perdu.
Par contre, beaucoup de placards bien agencés remplacent d’encombrantes armoires,
il existe même des dressings.
Chaque appartement bénéficie, luxe à cette époque,
de sa propre salle de bain et de ses WC. 
Enfin la cuisine possède un vide-ordures, un évier en inox et un étendage suspendu.
Le confort passe aussi par le chauffage collectif à air pulsé et des colonnes d’aération.
Auguste Perret ne livre pas ses appartements garnis mais il conseille et invite les futurs occupants à se fournir dans une entreprise particulière afin de s’équiper  de meubles de qualité (bois de chêne) à prix abordables car fabriqués à la chaîne : lits gigogne, fauteuils…
C’est le mobilier exposé ici, enrichi d’objets iconiques : audio, tourne disque, un vrai frigidaire d’origine US, et toutes sortes d’ustensiles découverts avec l’apparition des arts ménagers.
La qualité, il la recherche dans les matériaux et utilise un bon béton, mais il est aussi attentif à leur pose ; par exemple, il prévoit des
plinthes arrondies côté sol pour mieux passer la serpillère, comme on le pratique dans les hôpitaux.
Même dans le hall d’entrée de l’immeuble, il ne lésine pas sur la marchandise et les petits détails, il opte pour des revêtements en chêne sur les portes, une sorte de travertin moins cher tapisse le sol mais faisant bien son effet et des rampes en fer forgé aux soudures invisibles alternent barreaux ronds, barreaux hexagonaux.
- A cet ensemble architectural en béton, 
s’intègre parfaitement l’église Saint Joseph conçue elle aussi par A.Perret.
Il l’a érigée  à partir du niveau du sol existant avant les  bombardements du Havre, en hommage aux victimes et la ville du passé. Elle sortit de terre en un temps record de 6 ans.
Notre guide nous conduit à l’intérieur. 
Bien que nous l’ayons visité hier, il nous informe utilement, 
nous convie à mieux regarder et interpréter les choix de l’architecte.
Tout d’abord, Perret ne respecte pas un plan en croix latine et lui préfère la croix grecque en étoile; il place l’autel en son centre. Sur cette croix reposent un carré, puis une demi-pyramide, et une tour lanterne octogonale de 107m portée par 4 piliers,  souvent  comparée à un cierge ou à un phare. 
L’importance des figures géométriques s’inscrit fortement dans l’édifice.
Soucieux de la  qualité des matériaux, il fait appel au maitre verrier Marguerite Huré pour imaginer les 12768 vitraux colorés dont l’épaisseur s’amincit et les couleurs s’éclaircissent au fur et à mesure que l’édifice  s’élève. La créatrice opte pour des verres soufflés à la bouche, et sélectionne des dominantes de couleurs différentes pour chacun des points cardinaux en leur attribuant une signification liée à la religion.
Et en fonction de l’heure de la journée, de la saison, de la lumière due au temps ensoleillé  ou au temps pluvieux, les teintes vibrent et chantent, se modifient en permanence. Curieusement, ce chatoiement n’apparait pas à l’extérieur, où une  sorte de doublage en verre blanc s’accorde au gris du béton dans une bi tonalité douce. Il faut passer le seuil pour être baignés dans la lumière divine.
Pour l’anecdote, Perret aurait dit à  l’Abbé Marcel Marie :  
"Vous voulez que votre église soit belle, vous voulez aussi qu’elle soit aimable. 
Alors il faut confier les vitraux à une femme".
Comme mobilier, plutôt inhabituel, des fauteuils de spectacles soi-disant plus confortables que des bancs  entourent l’autel,  disposés en légère pente pour  une meilleure vision. Quant au baptistère, dans l’ombre, il est minimaliste : trois marches symbolisant la trinité  encerclent  une base  carrée au centre de laquelle apparait un petit bassin rond et bas.
Le style de Perret  se retrouve jusque dans son aversion pour  la décoration, le superflu : 
pas de place pour des tableaux, des statues, des chemins de croix.
Outre le crucifix planté devant l’autel, il concède juste la présence d’un claustra sur la galerie de l’orgue, sorte d’évocation du moucharabieh utilisé au Maghreb qu’il affectionnait particulièrement. 
Notre visite avec Lukas prend fin, le groupe s’éparpille.

mercredi 12 mars 2025

Neandertal. David Geselson.

Après des salles qui l’an dernier tardaient à s’éteindre au début d’une pièce de théâtre, l’absence de lumière jusque sur le plateau devient tendance.
Ainsi nous ne voyons rien de la première scène où deux scientifiques sont réfugiés dans les sous sols de l’université qui les accueille lors d’un colloque.
Nous sommes intrigués, et les surprises ne manqueront pas tout au long de ces 2h 20 d’interrogations souriantes.
Même si on ne comprend pas tout de la conférence gesticulée qui suit pour nous expliquer ce qu’est l’ADN, nous pouvons saisir les enjeux du travail d’une équipe de paléogénéticiens chargés de trouver « du vivant dans des trucs morts ». Toutes les compositions amoureuses sont possibles dans ce groupe burlesque, pathétique, émouvant, qui croise thèmes de recherche et  vie privée de tranquillité quand il est question de filiation, de mémoire. Les acteurs sont excellents, la mise en scène au poil.
L’homo sapiens a-t-il rencontré le néandertalien ? Y a-t-il urgence à se procurer des os de 30 000 ans d’âge alors que des cadavres sont à reconstituer du côté de Srebrenica ? Y a-t-il un gène juif ? Qui était le premier occupant de Jérusalem ? Quand ai-vu pour la dernière fois une étoile filante ? 
Ces interrogations ouvrant vers l’infini du temps et de l’espace se traitent poétiquement à coup de balais essayant de débarrasser la terre du plateau, car tant de malheur sont arrivés depuis que « Dieu a été planté dans la terre ».
L’assassinat du premier ministre Yitzhak Rabin rappelé encore ce soir parait une fois de plus comme un évènement déterminant empêchant une quelconque résolution de la question éternelle des frontières au pays du Livre.
Pleinement dans l’actualité, sans prêchi-prêcha, nous sommes contents d’avoir résisté au découragement qui peut nous guetter après d’autres spectacles ignorant ou méprisant le spectateur. Le théâtre peut faire acte de bienfaisance.