Le RN gagne du terrain. Quand le
fond boueux est remué, des réalités peuvent apparaître à la surface. Les fariboles
ci-dessous visent à distraire du stress démocratique dans lequel nous sommes
plongés, tout en revenant sur des aspects en apparence hors sujet, avec la
prétention de ne pas reproduire tant d’avis qui se ressemblent.
Jadis, le baromètre s’en remettait à l’expertise de
l’ancêtre de la maison qui après en avoir tapoté la vitre délivrait ses
prévisions météorologiques.
Désormais le thermomètre est devenu l’instrument de nos
angoisses planétaires quand
« Non seulement
nous sommes en danger, mais nous sommes le danger ».
António Guterres secrétaire général de l’ONU.
L’été hésite, la désinvolture apparaît hors saison, les robes
légères seraient-elles devenues désuètes ?
Sans insister sur des photographies des années 1960
d’Afghanes ou d’Iraniennes « délurées », que de voiles noirs hissés ici et là en 2024 !
Même s'il s'agissait d’une anodine mode vestimentaire
destinée à se faire remarquer pour sa discrétion, les tenues les plus
couvrantes et les moins chatoyantes ont donné le ton.
Le plaisir de plaire s’est-il perdu ?
Le noir est chic certes, encore faudrait-il que le moindre
regard ne conduise à se retrouver face à un juge en toge sombre.
Depuis qu’ « enfoiré » est devenu un marqueur
amical et que perdure le « grunge », « se faire une
beauté » est devenu suranné.
Pourtant montrer son meilleur aspect
n’est pas que narcissique et l’on peut choisir la discrétion. Pourquoi le choix
de la sophistication serait réservé aux drag-queens ou aux tribus exotiques (les
Wodaabe en illustration de l’article) ?
Les hommes - pas tellement les femmes - se « foutent sur
la gueule » depuis l’aube des temps jusqu’au crépuscule présent des
civilités, alors que c’est par l’agréable
commerce avec ses semblables que le chétif et frustre préhistorique a survécu, allant jusqu’à se sentir pousser des ailes par amour
de son prochain ou de sa proche.
Lors du festival de Cannes, un dress code strict en vigueur
au palais participe au côté exceptionnel des premières cinématographiques. Mais
il y a belle lurette qu’on ne s’habille plus pour aller au spectacle et que la
beauté a disparu des programmes. De la soupe éclabousse des tableaux. Les casqués en sandales - chaussettes sortis
du garage à vélos au pied d’une scène couverte de pétales de fleurs de Pina
Bausch détonnent-ils encore ?
Voilà les habits du
dimanche relégués dans les armoires de mémé avec la blouse et les costars qui
distinguaient les politiques quand ils pensaient honorer ainsi leurs électeurs.
C’est d’ailleurs un des rares arguments de Bardella, mis en valeur par de
conformistes Insoumis pensant afficher leur « rebellitude » en
évitant la cravate.
Respect et distance sont dépassés, le tutoiement est de mise.
Le journal « Le Monde » qui avait jadis de la tenue, tape volontiers sur le ventre du Président de la République et par contre donne du « Monsieur » à Yahya Sinouar, le chef du
Hamas. Combien de médias manquent de déférence envers les élus, tout en
regrettant que ceux-ci soient attaqués violemment par de mauvais citoyens.
La
politesse ne remet pas en cause l’égalité républicaine, elle aurait permis peut
être de faire des économies de garde du corps.
« La politesse
est plus généreuse que la franchise,
car elle signifie
qu’on croit à l’intelligence de l’autre. »
Roland Barthes
Ces soupirs rétrogrades passeront pour moins pathétiques s’il ne fallait pas rappeler que la contradiction est indispensable à la
conversation.
Des pressions
fortes font taire les opinions contraires aux dogmes communautaires et poussent au conformisme, bien que paradoxalement l’uniforme à
l’école puisse marquer la dignité, la singularité de l’institution
républicaine, son prestige.
Faut-il inscrire certains lieux d’éducation parmi les « territoires perdus de la république » quand des portes
se ferment au nez d’une juive et que se fragilise le lieu commun où il était permis de
rencontrer d’autres milieux, d’autres individus, pour sortir de soi, de l’entre-soi,
pour devenir soi?