mercredi 18 septembre 2024

Vers l’Auvergne.

Lever après une nuit chaude, fenêtre ouverte. Dehors, nos voisins manient le diable et commencent leur déménagement pour la Réunion, remplissent un container avec voiture, scooter, vélos, meubles et plus encore. Il y a
donc du monde  sur le parking, une autre voisine assure café et boissons disposés sur une table pliante. C’est notre premier départ couvert par notre alarme, et ce sera un faux départ : n’aurais-je pas enfermé un chat errant dans la maison ? Notre retour pour vérification permet cependant de dépanner le futur prof des tropiques avec des mèches de perceuses.
Nous démarrons réellement  pour Lyon à 10h avec pour objectif le musée des beaux-Arts. Nous connaissons les collections permanentes aussi nous souhaitons découvrir l’exposition temporaire intitulée « Connecter les mondes ».
Sans monde en cette période estivale et sans sacs laissés à la consigne, nous profitons agréablement de l’exposition, échappant du même coup à la pluie qui a le bon goût de s’arrêter à notre sortie.
Nous ne  nous attardons pas à Lyon, nous partons pour Saint-Bonnet-Près-Riom près de Clermont Ferrand où nous avons retenu un Airb&b. 
Il a pris place dans une ancienne exploitation de vin, dans une grange si vaste qu’elle contient un local pour judokas, un garage, un atelier et en mezzanine, un petit studio composé d’une cuisine/salon en bois, autrefois bar pour les sportifs assoiffés après leurs  cours, et une chambre avec salle de bain protégée derrière une porte. Notre logeur nous installe une clim' pour rafraîchir  la pièce sous les toits. Très accueillant, il a prévu deux bières dans le frigo et des pastilles Vichy pour satisfaire notre gourmandise. Il met à disposition une partie du mobilier extérieur.
Il nous reste du temps pour faire le tour de Saint Bonnet, de son église basse et ouverte, 
de son école moderne excentrée.
Nous remarquons surtout l’habitat particulier en pierre, 
adapté à l’activité viticole du pays Brayaud.
Une association du même nom, les Brayauds a investi un groupement de maisons typiques pour promouvoir et préserver musiques et danses traditionnelles.
Autrement,  un Vival, deux boulangeries, un bar PMU baissant le rideau à 19h, une pizzeria, un traiteur sans doute en vacances, bordent  la rue principale mais malgré tout, des maisons anciennes montrent des signes d’abandon.
Une fois rentrés, nous profitons de  la cuisine d’été de notre logeur, et installés  sur une table  dans un passage aéré, nous terminons une salade de crudités avec une bière, sans nous éterniser pour cause de moustiques. Nous passons une soirée tranquille  dans le salon puis dans la chambre climatisée devant les J.O. à la TV. L’incroyable Léon Marchand se qualifie une fois de plus, moins de réussite ou médailles (breloques dixit les médias ) pour les autres sports pour l’instant.

mardi 17 septembre 2024

Charogne. Borris & Benoit Vidal.

1864, aux contreforts des Pyrénées, pays des ours, quatre hommes portent le cercueil de leur maire respecté jusqu’à l’endroit baptisé «  La pause des morts » depuis qu’à l’époque de l’épidémie de choléra étaient bénis les défunts avant de rejoindre un nouveau cimetière.
Le long parcours périlleux, sous l’orage, alors que les porteurs de familles rivales fatiguent, révèlera bien des  secrets. Le prêtre dont l’église tombe en ruine va à leur rencontre.
Les dessins traduisent bien l’âpreté d’un récit efficace en 150 pages peu bavardes mais parlantes. 
« Mais qu'est-ce qu'elle a à voir avec les curés, la religion ? »

lundi 16 septembre 2024

A son image. Thierry de Pedretti.

Ce film inspiré du roman de Jérôme Ferrari « Une vie violente » parcourant les 20 dernières années de l’histoire de la Corse ne répond pas aux interrogations que soulèvent les rapports des insulaires au continent, entre volonté d’indépendance et dépendance envers l’état central.
Pendant ces deux heures, seule transparait la lassitude de la compagne d’un énigmatique indépendantiste souvent en prison. 
Malgré les ellipses, l’absurdité des engagements atteint son apogée lorsque les jeunes mâles du FNLC s’entretuent, c’est alors que le point de vue des femmes un peu plus développé aurait pu être intéressant. Difficile cependant de partager les sentiments de la mystérieuse jeune photographe puisqu’une voix off se charge d’expliquer ce qui n’apparaît pas à l’écran. 
Pas une de ses photos ne sera retenue lors de son voyage à Vukovar, où la guerre en 91 n’était pas du cinéma. Mais cette autre bonne idée n’est pas exploitée non plus. 
Le titre souligne l’importance d’un rapport aux images qui s’avère bien peu traité, alors qu’avec son appareil la débutante « mitraille » jusqu’à l’absurde la bande immature de ses amis clandestins.

samedi 14 septembre 2024

Jour de ressac. Maylis de Kerangal.

Comme je me trouvais à Bordeaux, un tour s’imposait à la librairie Mollat où je ne pouvais qu’acquérir le tout récent ouvrage de Maylis de Kerangal.
« Une affaire vous concernant » lui a dit l'officier de police judiciaire au téléphone. » 
Cette affaire finalement ne concernera guère le lecteur cherchant à éviter les polars, mais la précision de l’auteur, dont la patte se reconnaît au bout d’une page à peine parmi les 242 de cette livraison, est toujours là. 
« D'ailleurs, ai-je songé tandis que mes yeux se portaient maintenant sur l'estran lavé, miroitant, peut-être que si l'on analysait des carottes de sable au spectromètre, peut-être que si l'on prélevait des échantillons de sols à marée basse pour les observer au microscope électronique, on y découvrirait des poussières d'obus, des atomes de microbes de fer, ou des fragments de verre apparus quand la chaleur des explosions avait vitrifié la surface de la plage, des microns de matière que ni le temps, ni la corrosion de la mer et du vent, ni la lente décomposition de tout, n'auraient réussi à dissoudre et à faire disparaître. »
 La ville du Havre reconstruite après son anéantissement en 44 tient une place centrale.
Les thèmes des migrants, de l’intelligence artificielle, de l’Ukraine, sont abordés avec acuité. 
« … tu ne connais pas non plus, les cadavres dans les puits, ceux des hommes et ceux des bêtes, tu ne connais pas- tu as éventuellement vu des films de guerre et de mafia, joué en ligne à des jeux violents, mais ça non tu ne connais pas-, les bombardements plusieurs fois par jour, réaliser que ta vie est en danger, tu ne connais pas … » 
Nous savons tout sur l’imprimerie du mari et sur l’escrime que pratique sa fille.
Le retour de la narratrice, doubleuse de voix, vers sa jeunesse, va au-delà de la molle enquête policière, et nos regards s’élargissent lorsqu’il est question de reconnaître un corps:  
«…  je me souvenais avoir lu dans la presse que parmi les proches des victimes du 13 Novembre certains n'avaient pas toujours su reconnaître leur enfant, leur femme, leur ami, leur sœur… »

vendredi 13 septembre 2024

Schnock. N° 49.

C’était au moment où 2023 se finissait et la revue trimestrielle qui aime bien les listes avait retenu parmi les mots à la mode : « iconique », « immersif », « pas de souci », facilement repérables alors que j’étais passé sans l’entendre près de « GOAT » (Greatest All The Time).
Dans ce numéro, nous pouvons tout apprendre de la carrière de Bernie Bonvoisin, chanteur du groupe Trust, 
et de celle du dessinateur Jean Claude Poirier, créateur de Supermatou dans Pif Gadget, héros de la ville de Raminagroville.
Après le rappel des publicités d’Isabelle Aubret pour Sol Amor, Sylvie Vartan avec Kelton, et Dalida vantant Saint Raphaël, près de 100 pages sont consacrées à Bourvil.
Sa filmographie fait l’impasse sur les insurpassables « Corniaud » et « Grande vadrouille » pour rappeler, « Les grandes Gueules » de Robert Enrico, « Un drôle de paroissien » avec Mocky ou « Le rosier de Madame Husson » pour sa période champêtre.
Concernant « La traversée de Paris » d’après une nouvelle de Marcel Aymé, nous avons droit à un instructif making-of avec des extraits de dialogue d’Aurenche et Bost : 
 « Non mais regarde-moi le mignon, là, avec sa face d'alcoolique et sa viande grise avec du mou partout, du mou, du mou, rien qu'du mou ! Mais tu vas pas changer d'gueule un jour, toi, non ?! Et l'autre, là, la rombière, la gueule en gélatine et saindoux. Trois mentons, les nichons qui déballent sur la brioche. 50 ans chacun, 100 ans pour le lot, 100 ans de conneries ! » 
Gabin, Grangil, "montait dans les tours", Bourvil interprétant Martin était plus sobre : 
« Y a pas d’âge pour être chômeur ».
 Dans d’autres films la rigolade va bien avec des vérités : 
« J’ai vendu mon fusil pour acheter des cartouches »
« En matière de justice, l’erreur est inhumaine »
« Quand on n’a rien, ça se voit de loin. » 
André Raimbourg, son vrai nom, évoqué par son fils, fut l’homme d’une seule femme. 
L’article évoquant ses partenaires Michèle Morgan, Anna Magnani, Danielle Darrieux met en valeur la douceur de l’anti-macho, du bon gars, du gentleman, qu’il soit « mâle dégrossi », voire mari indigne.
Pour ses « petites chansons » le rédacteur ne s’attarde pas sur « La tactique du gendarme » ni sur « Les crayons », il y en a tant d’autres : 
« La balade irlandaise »( un oranger)» ,« C’était bien (le petit bal perdu) »…
Enrico Macias (Gaston Grenassia) revient sur sa carrière qui l’a mené de Bab el Oued au Carnegie Hall et devant 20 000 personnes au pied des pyramides à l’invitation du président égyptien Sadate.
L’évocation du film de Laurent Heynemann « Les mois d’avril sont meurtriers » me rappelle moins Jean Pierre Marielle que Jean Pierre Bisson qui m’avait offert une de mes émotions théâtrales des plus mémorables : « Sarcelles sur mer ». 
L’artichaut serait-il si rétro qu’il a droit à son hommage ?  
« Artichaut must go on »

jeudi 12 septembre 2024

Connecter les mondes. Musée des beaux arts de Lyon.

Joli programme pour l’exposition temporaire de cet été 24 divisée en quatre sections offrant une grande diversité d’œuvres,
aux textures chamarrées, aux structures originales, aux histoires touchantes.
« Réseau d’objets » évoque l’ouverture au monde pour des périodes remontant de l’antiquité à nos jours. 
 Sous le titre « L’expansion portugaise en Asie » est mis en évidence le métissage de l’art religieux catholique et des savoir-faire asiatiques. Trois grandes broderies à propos de la guerre de Troie associent fils métalliques, de coton, de satin, de soie d’après des gravures commandées par un dignitaire portugais à Macao. 
« Face à face »
 : le regard colonialiste a réduit souvent l’autre à l’état d’objet, avec les peintres orientalistes qui ne manquent pourtant pas de charme.
L’individualité est rendue à "l’autre" en le nommant dans des portraits de Maoris tatoués.
« Dialogues globalisés »
concerne des artistes d’aujourd’hui ouverts à d’autres cultures par des bricolages pluriels influencés par le faire d’ailleurs.
Les dialogues, les échanges, l’ouverture au monde datent de périodes très anciennes. 
«  Il est donc nécessaire de sortir d’une pensée insulaire, et de considérer des archipels connectés plutôt que des îles artistiques  coupées les unes des autres. » Arjun Appadurai
La force et la beauté de la plupart des peintures, photographies ou sculptures d’époques différentes, écartent tout discours victimaire convenu, tout en rappelant les contextes historiques.

mercredi 11 septembre 2024

La France en diagonale.

Soumis comme tant d'autres aux rythmes scolaires, nous avons décidé de prendre le mois d’août pour quitter notre pied de Chartreuse et aller vers la baie de Somme.
L’air du temps a soufflé dans nos voiles, accoquiné à des raisons personnelles.
En ne réservant nos billets d’avion que pour des circonstances exceptionnelles, nous n’aggravons pas notre empreinte carbone. Mais pourrait-on parler de circuit court avec tout de même quelques milliers de kilomètres au compteur cette année
encore ?
Nous avions apprécié par le passé surprises et reprises dans nos périples français post-COVID vers l’Ouest, le Nord et l’Est. Nous avons pris cette année la direction Nord-Ouest, croisant ceux qui allaient en rangs serrés vers le Sud.
En route vers les monts d’Auvergne, les « Alpes » mancelles, les bords de Loire, les villes fréquentées par Jeanne d’Arc, Friville Escarbutin, Ivry … !
Nous avons traversé les plaines à blé de l’indépendance alimentaire, les forêts de nos poumons, et même lorsque nous n’avions pas d’intention précise nous avons été récompensés de notre confiance envers les richesses de notre pays.
Faudrait-il se défendre de notre goût des expositions ?
Nous avons été séduits à tous coups par de nouvelles muséographies aussi bien à la cité de la francophonie de Villers-Cotterêts que pour les impressionnistes du MUMA André Malraux. Nous avons marché dans le Marquenterre, instruits par de jeunes médiateurs présents dans chaque site d’observation d’oiseaux, nous avons suivi des guides nous intéressant au béton havrais ou à l’un des plus vieux édifices religieux de France portant une des premières expressions en langue vulgaire : « il cria meurci et turna » ( « il cria grâce et s’enfuit »).
Nous avons aimé le son et lumières magnifiant la romane Notre Dame la Grande à Poitiers et les lumières des maîtres hollandais dans la base sous-marine de Bordeaux.
Nous avons aperçu derrière notre pare-brise des bribes de réalité décrites par d’autres. https://blog-de-guy.blogspot.com/2024/04/la-france-sous-nos-yeux-jerome-fourquet.html
Cette fois nous n’avons pas vu tellement d’inscriptions revendicatives et ne subsistaient guère d’affiches politiques.
Consommateurs de culture nous avons croisé la statue de Flaubert et aperçu le château de Maupassant.
Dans les restaurants le hamburger nous a semblé moins hégémonique, sans toutefois accréditer l’idée de « M » le supplément du « Monde » qu’il n’y a plus que des propositions végétariennes.
Nous avons trouvé le personnel aimable, et pour dormir, si nous nous sommes retrouvés le plus souvent face à des boîtes à clefs, nos hôtes, par téléphone interposé, se sont montrés prévenants.
Pour éviter de camper dans le registre enchanté, nous avons constaté que dans certaines villes même dites écolos de nombreux sacs plastique s’accumulent à l’air libre et à Poitiers l’état des toilettes publiques du marché est vraiment indigne.
Notre soulagement de voir des rues indemnes de griffures de grafs a participé à notre plaisir du dépaysement, alors que notre expérience de différents Airbnb nous a révélé la diversité des approches en matière de tri des déchets où même le verre n'est pas toujours mis de côté dans des logements souvent astucieusement aménagés.
Nous détaillerons chaque semaine cette promenade suivant une autre diagonale que celle dite du vide allant de la Meuse aux Landes que nous avons cependant croisée du côté de Mont de Marsan avec une recette basque à partager : l’axoa.