Depuis le premier numéro du trimestriel précieux pour la
variété de ses points de vues, un changement s’est opéré en privilégiant un thème parmi les 170 pages.
Et puisqu’il s’agit de se plonger dans les passions
françaises, « l’amour à la
française » tire la couverture à lui dans cette livraison.
L’ouverture par une interview de Charline Bourgeois Taquet
et Valéria Bruni-Tedeschi est assez conventionnelle d’autant plus qu’une
conversation courant sur 15 pages avec Virginie Efira , actrice à la mode, l’avait
précédée.
L’auteur de théâtre Alexis Michalik se voit sollicité.
« Jadis l’homme
avait droit aux prostituées et la femme devait être vierge. »
Un retour historique « de la galanterie à #metoo » s'avère par contre intéressant :
« changer
d’idéal collectif, ce n’est jamais supprimer les problèmes : c’est se
débarrasser des anciens et en acquérir de nouveaux ».
Concernant aujourd’hui des experts évoquent « le
trouple » (couple à trois), et rappellent qu’en 2021, il y a eu plus de 200
000 victimes de violences conjugales et 94 000 viols.
Au pays rose de
Ronsard, pleurent les yeux d’Elsa.
La mémoire de ces réalités ahurissantes va avec la légèreté
de l’évocation des « french lovers » des années 40 en Amérique, ou
les divertissants récits d’expériences avec l’application de rencontres
« Tinder » ou quand persiste le jeu du hasard et que Julie livre les
résultats de sa recherche du polyamour.
Sous le titre : « La confusion des sens »,
les mots sont éclaircis : « embrasser » bien sûr. « Faire l’amour » a signifié un
jour « faire la cour » et amitié et amour se confondaient jadis.
« Les cadenas de l’amour » attachés au Pont des
Arts ou à Montmartre éloigneraient-ils de la légèreté ? Les élans ailés
perdent-ils en s’accrochant ? Faut-il une preuve ?
Bien loin de la tendresse et des émois des amants, l’évocation
de la colère de jeunes Corses après
la mort d’Ivan Colonna remet en lumière un épisode de violence qui avait été
éclipsé par le début de la guerre en Ukraine.
Les souvenirs de la Corrèze
de Franck Bouysse ressemblent aux miens, et je sais les lueurs opalines de la Bretagne, même si ce n’étaient pas des
ballots de cocaïne qui s’échouaient sur les plages.
Vanessa Springora raconte le destin des sangliers de Port Cros venus du continent à la nage
et devenant un problème en se multipliant.
J'ai trouvé la nouvelle de Philippe Claudel, « la bêche » assez plate, mais les planches gourmandes de Guillaume Long toujours aussi
savoureuses : « Les gnocchis d’Océane ».
Les brutaux faits divers choisis par Jaenada ne seraient-ils
pas la face ratée de l’amour ?