Le tourniquet des paradoxes offre toujours de savoureuses
rencontres, depuis celle un peu datée exprimée par les Gilets Jaunes voulant à
la fois : « moins d’impôts et plus de services publics » relayée
par des populistes à la remorque.
Cette offense à la logique se retrouve quand
est reproché à l’état son omniprésence et son absence, le chef étant trop
distant ou trop familier. Il en est de même de notre vie jalouse de sa
souveraineté acquiesçant volontiers aux restrictions de liberté pour nos
semblables.
Le mot « autonome » a été remplacé dans le champ
politique par « zadiste » et autre « black bloc ». Ailleurs, les degrés de dépendance se mesurent surtout vers la fin de
l’existence, mais la faculté d’agir librement est à l’épreuve tout au long de
notre histoire.
Ainsi l’autonomie est recherchée dès la maternelle alors
qu’elle se cherche plus tard quand les mamans veulent accompagner leurs enfants
dans les classes au collège. Cette ambition précoce est un leurre à l’heure où
les personnalités se construisent. Tant d'adultes bien mûrs copient /collent
des pensées venues des autres, comment un bambin ne dirait pas ce que maman
veut qu’il dise ?
Ça y est, je m’échauffe une fois de plus à propos de la
manipulation dont sont victimes les gosses à qui on met un micro sous le nez
pour exprimer les revendications des adultes ou le message des journalistes.
Quant aux aspirants à des études longues pour lesquels il faut des stages de motivation,
les qualités pour accéder à l’autogestion s’éloignent. De même, les conditions de
l’émancipation sont compromises lorsqu’au concours du Capes en 2015 : « un tiers environ des candidats semble
méconnaître les principes fondamentaux pour s'exprimer dans une langue claire
et correcte. » Et ça ne s’est pas amélioré depuis avec la
crise des… ah ah… vocations
Combien de porteurs de sacs cubiques alimentent des
affranchis qui ont renoncé à cuisiner. Nounous pour les gones, auxiliaires de
vie pour mémé et coachs en tous genres pour les conseillers tous azimuts; les
zélateurs de l’égalitarisme ont aussi leurs serviteurs. Et les petits pendant ce temps n’auraient pas besoin d’être
guidés, soutenus ? Les parents surprotecteurs et ceux qui ne veulent pas
savoir ce que l’enfance a d’exigeant, attendent leur progéniture au seuil des
écoles en vigilance orange face aux intrusions possibles, à côté des mamans
débordées. Les petits pépères-rois, pour lesquels les milléniums
disent trembler pour leur avenir, auront appris à se tenir au dessus des
contingences. Seront-ils armés lorsque viendront les contrariétés?
« Penser de façon autonome, cela signifie réfléchir sa croyance et son incroyance, sa confiance et sa méfiance.» Edgard Morin
Je viens de lire sur l’étiquette d’une bouteille :
le mot « respect » en ce qui concerne le raisin. Après avoir épuisé nos capacité de considération envers toutes les espèces en voie de disparition, le seul à être oublié s'appelle «notre prochain».Saoulé de recommandations, pourtant sommés d'être clean, nous avons du mal à nettoyer nos bouses. Oh le vilain qui ne serait pas solidaire, pourtant les prescripteurs eux-mêmes ne veulent pas de maison à
côté de la leur et nos déchets finissent hors de notre vue. On inspire et on expire, CO2 suit O2, toute existence s’accompagne de la mort, bébé vient après que pépé fut
passé. Dans nos vies allégées des corvées, a surgi l’idée des « Bullshit
jobs », voisine des « burn out »; les pancartes «on recrute» fleurissent.
Dans le carrousel des idées toutes faites, je retourne la
carte : « tout a un prix » avec l’image sépia de la
réduction du temps de travail qui a accompagné l’effondrement de la valeur
travail, comme le revenu universel trône au sommet de la montagne d’argent
magique d'un monde chimérique.
Par ce texte envoyé sur la toile, je participe à un trafic
qui génère plus de CO2 que le trafic aérien. La voiture
électrique est bien belle, mais il faut alors assumer déchets nucléaires et
éoliennes.