samedi 2 janvier 2021

Romans 2020.

Cinq plaisirs de lecture choisis parmi tant d’autres, avec tout ce temps qui nous a été permis pour des livres récents ou des ouvrages plus anciens :
- Histoires de la nuit : fait peur.
- L’abyssin : fait marcher et galoper.
- Belle du seigneur : fait tutoyer les sommets.
 - Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon : 
fait passer un bon moment. 
- La route de Beit Zera : fait croire  à la littérature. 
Un bon cru cette année avec de surcroit une anthologie de la poésie qui panse les bobos.
Finalement l’an dernier ce n’était pas mal non plus malgré ce que j’en disais sur le coup. 
 

vendredi 1 janvier 2021

Almanach dauphinois 2021.

Tout n’a pas été englouti par une toxique année 20, car il reste dans la livraison du 55° numéro de la publication annuelle une place pour noter quel jour vont fleurir les forsythias, et qu’il convient de « bêcher les terres fortes et les laisser en grosses mottes » dès janvier.
Les dictons : «  ça commence par une rigole et ça finit par une rivière » 
ou « une promesse vaut une dette » gardent leur pertinence, 
avec le lever et le coucher du soleil notés pour chaque jour :
au 1° janvier il sera là de 8h 17 à 17h 04.
Le temps du confinement n’a pas été oublié : 55 jours du 17 mars au 11 mai avec rappel de la grippe espagnole qui fit 50 millions de morts dans le monde en 1918. L’évocation de la première sortie des vaches mises au pré a sans doute été inspirée par le déconfinement : « les premiers jours la sortie dure quelques heures seulement. Ensuite on va allonger progressivement la durée. » 
Et si les mots « Netflix » ou « fake news » apparaissent au fil des 136 pages, dans le rappel des évènements de l’année écoulée  en Isère Hautes Alpes et Drome, les signes du réchauffement planétaire sont mentionnés (20° à Grenoble le 11 mars après un mois de janvier qui n’a jamais été aussi chaud), ainsi la fermeture pour la première fois du glacier des 2 Alpes à 3600 m d’altitude le 7 août. 
Les innovations sont répertoriées, tel ce tétraplégique pilotant son exosquelette par la pensée ou la livraison par drone de colis au Mont Saint Martin.
Les remèdes de mémé Alice n'ont pas d'âge lorsqu'il s'agit de déposer des feuilles de cassis hachées pour cicatriser une coupure. 
Le récit d’une lectrice qui avait été placée par sa famille chez des paysans pendant la guerre de 39-45 est terrible, avec des gouttes de sang qu’elle devait nettoyer après avoir été frappée par un martinet agrémenté de finettes de vitrier. 
Le conte intitulé "l’Oncle d’Amérique" fait s’affronter générosité et étroitesse d’esprit dans une famille de par chez nous.
Mais ici ou là, on ne disait pas « comment tu vas ? » de la même façon du côté de Saint Chef :
« coume té qué va ? » ou à Arvieux-en- Queyras : «  couma vaïlo ? » quand «  K’ét’ô k’te fa » à Saint Vérand signifiait « que fais-tu ? »
 Le reportage annuel conduit cette année à Puy-Saint- Martin à mi chemin entre Crest et Montélimar. Le nom « puy » dérive du latin « podium » signifiant hauteur, sommet. Dans les années 50, des équipes de Bedeaux (Ardéchois) venaient s’embaucher pour les moissons et les fenaisons et à la « foire froide » on y mangeait « la défarde », des abats d’agneaux roulés en paquet. Pas loin du Royans où officiaient des ravioleuses qui jouaient de « la ridelle », des roulettes dentées, pour confectionner les ravioles dont la recette avait été importée par les charbonniers italiens et adaptée avec les fromages locaux.
Quelques personnalités sont remises en lumière :
- Sous le logo représentant une cigogne, Marcel Guiguet avait conçu des motos qui furent produites à Corbelin, dans les années 20.
- Un médecin de Theys, Prosper-Antoine Payerne, avait mis au point un submersible autonome au milieu du XIX° siècle. Il l’avait baptisé « Belledonne ».
Des traditions sont rappelées :
- Une montre était souvent le cadeau de communion, jour ou parfois les garçons portaient pour la première fois un pantalon.
- La fête des bouviers venait à la fin des labours entre janvier et mars, elle  se perpétue à Loriol sous forme de corso.
A chanter sur l’air de la Marseillaise : 
«  Allons bouviers du voisinage
Célébrons la fête au hameau
Quittons tous notre paysage
Ce jour est pour nous le plus beau (bis)
Loin des fatigues des campagnes
Allons respirer un air doux
Le verre en main, m’entendez-vous
Ecoutons l’écho de nos montagnes. »
 Parmi les invariants :
- Les expressions dauphinoises : « faire la vie » (la noce), ou la réponse à prenez soin de vous : « pareillement ».
- Description méticuleuse d’un animal : la tache sous la queue le cerf se nomme le miroir,  
d’une plante : le silène au calice gonflé qu’on faisait éclater sur le dos de la main comme un petit pétard, 
voire la pomme nationale dite aussi «  déesse nationale », 
alors que le portrait du berger des Alpes n’est pas inutile car chez les chiens celui des Pyrénées est bien plus connu.
- Origine des mots: « rocambolesque » doit son existence à un écrivain Haut Alpin, Ponson du Terrail né à Montmaur, père du personnage Rocambole.
- Comme les habitants de Joveysieux sur les bords de l’Herbasse victimes de fièvres avaient invoqué avec succès Donat qui avait combattu un dragon, le village prit le nom de l’ermite de Sisteron Saint Donat.
- L’inévitable Fafois a une descendance :
« - Pourquoi ne te coiffes-tu pas le matin avant de venir en classe ? demande la maîtresse à la fille Fafois 
- Parce que je n’ai pas de brosse, m’dame.
- Et pourquoi ne demandes-tu pas à ta maman de t’en acheter une ?
- Parce qu’alors, il faudrait que je me coiffe. » 
Et les centenaires présentés en ribambelle ont encore toute leur tête.
En 2020  on pouvait réviser 2019 :

mercredi 30 décembre 2020

Voyages 2020.

Un choix de lieux parcourus cette année: les ailleurs prennent un peu plus de valeur alors que la proximité se redécouvre.
- Nice : Riche.
- Le château de Pupetières : mes terres (froides).
- Un tour en France : annonce de récits à venir.
- Promenades autour de Grenoble : le plus lu sur ce thème. 
- Le cimetière de Milan : impressions fortes. 
 
La photo: Le Néron (Saint Egrève) à moins d'un kilomètre de chez moi 
 

mardi 29 décembre 2020

Bandes dessinées 2020.

En matière culturelle, les univers sont très variés : pas une des BD, que j’ai lue cette année parfois longtemps après leur parution, ne figurait dans la liste récapitulative du journal « Le Monde ». 
Voici mes cinq préférées comme chaque fin décembre :
 - « Printemps à Tchernobyl » : Au cœur de l’incroyable. 
- « Le bruit des mots » : Bande son d’une BD pastel. 
- « Le rapport de Brodeck » : Larcenet au sommet. 
 - « Heimat » : Histoire vivante. 
 - « Un homme est mort » : Classe l’ouvrier ! 

jeudi 24 décembre 2020

Dérogation de Noël.

« Le choix de la dérogation opéré par le gouvernement en faveur de la soirée de Noël au détriment de celle du 31 décembre est gravement discriminatoire »
Françoise Dreyfus professeur émérite Paris I Sorbonne.  
« Gravement » : ma colère ferait trop d’honneur à ces bêtises plutôt accablantes pour ce qu’elles révèlent de l’époque.
J’avais bien eu sur Facebook un aperçu de ces billevesées tellement banales sur le web qu’elles tendraient même à fortifier chez le lecteur blasé une certaine résistance nommée mithridatisation (ingestion d'un produit toxique afin de se préserver des poisons).
Les employés du journal « Le Monde » version numérique, dont les prérogatives consistent à obtenir le maximum de clics n’avaient pas valorisé la plaidoirie pourtant remarquable de Richard Malka concernant la liberté d’expression, bien que la version papier lui ait donné toute son importance, mais ils ont choisi l’originalité avec l’avis de cette politiste. Opinion à la hauteur de milliers de commentaires d’un jour sur les réseaux sociaux mais ayant eu aussi l’honneur  d’une demi page de la version papier du journal de référence ⸮ (point d’ironie). Faurisson donnait aussi dans le genre anticonformiste et me fait gagner d’emblée le « point Godwin ».
Je ne m’enferrerai pas outre mesure dans la tristesse de voir une « émérite » s’exprimer d’une façon qui accréditerait l’idée d’une décadence de l’université. 
« Noël est une fête religieuse chrétienne qui est indifférente notamment aux juifs, aux musulmans… » Et alors ?
Au temps où des élèves m’offraient des gâteaux à la fin du ramadan, je n’étais pas indifférent, me rappelant le moment où j’apportais du boudin à mon maître après que fut tué le cochon à la ferme.
Alors que la politiste insiste pour voir dans cette mesure gouvernementale une « inconnaissance de la société française », j’hésite à développer une banalité en rappelant que Noël est essentiellement la fête des enfants d’aujourd’hui et de ceux que nous fûmes. Mais s’il y a tout lieu de croire que le père Noël n’existe pas, l’extinction de la bêtise n’est pas à l’ordre du jour. Journée pour les cadeaux comme en faisaient (en font ?) aussi des familles de tradition musulmane à cette occasion.
Oui les religions se sont succédé bâtissant leurs chapelles sur des lieux de cultes d’autres dieux, mais la célébration de la venue au monde d’un bébé dans la paille a fait naître de bien belles histoires qui parlent d’espérance, de lumière dans la nuit…  Rendez-vous avec le temps et les symboles qui nous unissent : solstice et grand sapin vert, rouge trogne de Santa Claus.
Je plains ceux qui n’ont pas connu : 
« Ah ! Quel beau matin, que ce matin des étrennes !
Chacun, pendant la nuit, avait rêvé des siennes
Dans quel songe étrange où l’on voyait joujoux,
Bonbons habillés d’or, étincelants bijoux,
Tourbillonner, danser une danse sonore,
Puis fuir sous les rideaux, puis reparaître encore !
On s’éveillait matin, on se levait joyeux,
La lèvre affriandée, en se frottant les yeux … » 
Rimbaud
Ces « bijoux » pouvaient être seulement la fameuse orange qui a force d’avoir servi n’est même plus ressortie à l’heure des monceaux de présents et autres bibelots revendus le lendemain sur le net, mais combien d’attentions délicates, de plaisirs éclatants ce soir là ou au matin ?
Les cadeaux livrés possiblement par Amazon à cette employée de l’éducation nationale qui a profité tout au long de sa carrière des congés de Pâques, Toussaint, Ascension … éviteront peut être le 25 décembre pour attendre le premier janvier. Se dispensera-t-elle de dire : « bonne année 2021 », pour ne pas humilier ceux qui ont d’autres calendriers ? 
A défaut de faire la police parmi les commentaires paraissant sur son site Facebook, alors qu’il ne manque pas de demander aux autres une démarche éthique, « Le Monde », dans sa version  en papier en principe plus scrupuleuse, pourrait éviter la publication de tels laïus  ridicules.