« Le choix de la
dérogation opéré par le gouvernement en faveur de la soirée de Noël au
détriment de celle du 31 décembre est gravement
discriminatoire »Françoise Dreyfus professeur émérite Paris I Sorbonne.
« Gravement » : ma colère ferait
trop d’honneur à ces bêtises plutôt accablantes pour ce qu’elles révèlent de
l’époque.
J’avais bien eu sur Facebook un aperçu de ces billevesées
tellement banales sur le web qu’elles tendraient même à fortifier chez le
lecteur blasé une certaine résistance nommée mithridatisation (ingestion d'un produit toxique afin de se préserver des
poisons).
Les employés du journal « Le
Monde » version numérique, dont les prérogatives consistent à obtenir
le maximum de clics n’avaient pas valorisé la plaidoirie pourtant remarquable
de Richard Malka concernant la liberté d’expression, bien que la version papier
lui ait donné toute son importance, mais ils ont choisi l’originalité avec
l’avis de cette politiste. Opinion à la hauteur de milliers de commentaires
d’un jour sur les réseaux sociaux mais ayant eu aussi l’honneur d’une demi page de la version papier du
journal de référence ⸮ (point d’ironie).
Faurisson donnait aussi dans le genre anticonformiste et me fait gagner
d’emblée le « point Godwin ».
Je ne m’enferrerai pas outre mesure dans la tristesse de
voir une « émérite » s’exprimer d’une façon qui accréditerait l’idée
d’une décadence de l’université.
« Noël est une
fête religieuse chrétienne qui est indifférente notamment aux juifs, aux
musulmans… » Et alors ?
Au temps où des élèves m’offraient des gâteaux à la fin du
ramadan, je n’étais pas indifférent, me rappelant le moment où j’apportais du
boudin à mon maître après que fut tué le cochon à la ferme.
Alors que la politiste insiste pour voir dans cette mesure
gouvernementale une « inconnaissance de la société française »,
j’hésite à développer une banalité en rappelant que Noël est essentiellement la
fête des enfants d’aujourd’hui et de ceux que nous fûmes. Mais s’il y a tout
lieu de croire que le père Noël n’existe pas, l’extinction de la bêtise n’est
pas à l’ordre du jour. Journée pour les cadeaux
comme en faisaient (en font ?) aussi des familles de tradition musulmane à
cette occasion.
Oui les religions se sont succédé bâtissant leurs chapelles
sur des lieux de cultes d’autres dieux, mais la célébration de la venue au
monde d’un bébé dans la paille a fait naître de bien belles histoires qui
parlent d’espérance, de lumière dans la nuit… Rendez-vous avec le temps et les symboles qui nous unissent :
solstice et grand sapin vert, rouge trogne de Santa Claus.
Je plains ceux qui n’ont pas connu :
« Ah ! Quel beau
matin, que ce matin des étrennes !
Chacun, pendant la nuit, avait rêvé des siennes
Dans quel songe étrange où l’on voyait joujoux,
Bonbons habillés d’or, étincelants bijoux,
Tourbillonner, danser une danse sonore,
Puis fuir sous les rideaux, puis reparaître encore !
On s’éveillait matin, on se levait joyeux,
La lèvre affriandée, en se frottant les yeux … » Rimbaud
Chacun, pendant la nuit, avait rêvé des siennes
Dans quel songe étrange où l’on voyait joujoux,
Bonbons habillés d’or, étincelants bijoux,
Tourbillonner, danser une danse sonore,
Puis fuir sous les rideaux, puis reparaître encore !
On s’éveillait matin, on se levait joyeux,
La lèvre affriandée, en se frottant les yeux … » Rimbaud
Ces « bijoux » pouvaient être seulement la fameuse
orange qui a force d’avoir servi n’est même plus ressortie à l’heure des
monceaux de présents et autres bibelots revendus le lendemain sur le net, mais
combien d’attentions délicates, de plaisirs éclatants ce soir là ou au matin ?
Les cadeaux livrés possiblement par Amazon à cette employée de
l’éducation nationale qui a profité tout au long de sa carrière des congés de
Pâques, Toussaint, Ascension … éviteront peut être le 25 décembre pour attendre
le premier janvier. Se dispensera-t-elle de dire : « bonne année 2021 »,
pour ne pas humilier ceux qui ont d’autres calendriers ?
A défaut
de faire la police parmi les commentaires paraissant sur son site Facebook,
alors qu’il ne manque pas de demander aux autres une démarche éthique,
« Le Monde », dans sa version
en papier en principe plus scrupuleuse, pourrait éviter la publication
de tels laïus ridicules.
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