Mais la nostalgie des années soixante qui aurait pu me toucher
derrière ces vitres teintées ne m’a même pas effleuré.
Et sur plus de 500 pages le diabète guette après tant de
sucreries : les personnages sans faille sont tellement bienveillants,
gentils. Le docteur est tellement humain. Sa femme tellement compréhensive va
ouvrir un centre du planning familial. La première petite copine du charmant
petit viendra du Viet Nam ; les profs sont merveilleux et le québécois de
service a des racines indiennes et le joint jovial.
Dans ce bain de compassion, de tolérance, le lecteur en
viendrait à s’apitoyer sur le sort du
seul méchant chargé de tous les maux.
Ce que j’ai trouvé de meilleur ce sont les consultations qui
avaient fait le succès du médecin devenu écrivain dans « La maladie de
Sachs », son livre de référence.
« Pour aller consulter,
il fallait une raison sérieuse, quelque chose qui vous rongeait depuis
longtemps, qui vous empêchait de travailler ou vous faisait suffisamment peur
pour vous faire toquer à sa porte. Quelque chose qui justifiait - dans l’esprit
des patients, du moins - de déranger le docteur. »
Et pourquoi Franz né en Algérie, faisant un tour aux USA
puis à Londres à la bonne époque ne va-t-il pas prendre la succession de cet exemplaire père ?
Il préférerait la littérature : décidément ceux qui
l’ont encouragé dans cette voie ne sont pas charitables pour ses lecteurs au vu
d’un journal intime quelque peu bourratif.
« La perspective,
si je n’ai pas la bac, de « repiquer » une terminale dans la foulée me remplit de
terreur, contrarie beaucoup. »
L’écrivain pourrait mieux servir le public en rédigeant par
exemple une notice sur les effets secondaires du politiquement correct, en
veillant à être succinct.