J’ai hésité, en ces jours plombés, à publier mon article tel
que je l’avais préparé avec un ton quelque peu décalé, et puis finalement
Jaurès, même redécouvert à l’occasion de France - Angleterre de rugby, conviendra :
« Il ne faut
avoir aucun regret pour le passé, aucun remord pour le présent, et une
confiance inébranlable pour l’avenir.»
L’idée de progrès n’en finit pas d’être mise en question, Jaurès
a été assassiné à la veille de la première guerre mondiale. Mais il a fallu
encore bien du sang dans le dernier siècle pour que les utopies totalitaires se
calment alors que d’autres s’incrustent et « que nous regardons ailleurs ».
Il était banal de repérer la distance entre les progrès techniques et les
perfectionnements humains mais l’un impacte l’autre, sans aller forcément vers
le mieux. Quelques hallucinés moyenâgeux peuvent avoir le portable « dernier
cri » à l’oreille.
Le poids des traditions s’est allégé et la technique nous a
libérés de bien des taches répétitives. Mais nous voilà sous la coupe d’autres
contraintes qui ont transformé nos rapports au monde et nos personnalités. Nos
grands parents avaient connu l’arrivée de l’électricité et de l’automobile, quant
à ma génération, avons-nous pris la mesure de la révolution de
l’information ?
Et au-delà des machines à café, les bestioles que nous
sommes qui ne manquent pourtant pas de vitres où se mirer, se sentent mal. « La vaporisation de soi dans un monde
sans limite » dans le magazine « Lire » à propos de la crise
de la psychanalyse dit bien l’ivresse contemporaine, notre évanescence et la
difficulté de cerner les problèmes.
Faut-il remiser sur une étagère le kaléidoscope où se
superposent images et mots qui affolent nos raisons ? Et prendre ses
croquenots pour s’en aller sur les pentes ou sur les boulevards?
C’est alors que le mot « En Marche » ressort. La
marque déposée se fait secouer dans l’exercice du pouvoir, mais persiste à
désigner l’énergie, le courage, voire « one step » pour aller
vers le haut. Notre pays est gouverné, par celui qui ne confond pas La France
et un parti politique, prenant en compte la diversité de ses opinions, redonnant
à notre pays un rôle ambitieux dans le concert discordant des nations.
A titiller les métaphores galopantes, reviennent des images
de chevaux ferrés à l’envers pour tromper les poursuivants, valables pour les
« Marcheurs » comme pour leurs opposants, tant les directions semblent
brouillées.
Qui est le plus rétro ? Marcheurs contre Marchais,
tchatcheurs contre Thatcher ?
Je ne suis plus, de ces contemplatifs des grands soirs dès
le matin, ni de ces preneurs de palais d’hiver chaque printemps; j’en fus.
L’inépuisable : «Il
faut que tout change pour que rien ne change
! » du Guépard désigne quels conservateurs? Ce qui donne en version Lacan: « La répétition demande du nouveau .»
Et tant qu’à miser sur les mots, j’aime
revenir sur l’insistant « en même temps », honnête lorsqu’il évite
d’être paralysant. Il porte nos ambivalences, Mr Hyde double face,
gentil/méchant,
« La tendance la
plus profonde de toute activité humaine est la marche vers l'équilibre. »
Piaget.
A jouer sur la focale, passant du local au général, de
l’anecdotique à l’acrobatique, le perroquet en a les plumes ébouriffées.
Dans un monde où les clameurs populistes montent, nous ne
sommes pas si mal chez nous avec nos plaintifs coutumiers, nos batailles aux
décors en carton mais nous savons reprendre une pinte d’estime de nous mêmes à
voir notre pays dans le regard des autres locataires de la planète.
Je me sens moins seul dans mon ignorance crasse en économie,
tant les commentaires sont rares en cette matière, mais il me semble qu’il y a
de la reprise dans l’air, que le chômage cesse d’augmenter et que le déficit
public se réduit : ce n’est pas rien, non ?
……………
En tête un dessin de « Charlie » et ci-dessous Plantu
du « Monde ».