L’artiste allemand vivant en France présenté par le
conférencier devant les amis du musée de Grenoble, met plomb, pierre, paille et
peinture en jeu pour traiter de l’Apocalypse (la révélation).
Trois de ses oeuvres viennent d’être achetées par Le Louvre.
Il fallait bien le Grand Palais en 2007 pour accueillir ses constructions
gigantesques et Beaubourg pour l’honorer en 2015.
Il est né sous les bombardements de 1945 entre le lac de Constance et la forêt noire.
Beuys sera son professeur à Düsseldorf, les
happenings tournaient alors à la provocation.
En se photographiant faisant le salut nazi, « Occupation »
dans un cadrage évoquant Friedrich, il a l’intention d’assumer la
tragique histoire germanique avec « emphase et gravité ».
Dans un « Paysage d’hiver » la
civilisation saigne.
Le serpent survit dans un paysage calciné, l’artiste brûle
le territoire pour le reconstruire :
« Resurrexit »
« Vol de Hanneton » illustre la berceuse :
«Le hanneton vole,
Papa est à la guerre,
Maman en Poméranie,
La Poméranie est
brûlée. »
La baignoire de sa grand-mère est dérisoire pour rappeler l’« Opération
lion de mer », nom de code désignant le projet d’invasion de
l’Angleterre par les nazis.
Il évoque les figures mythiques : « Brunehilde endormie »
(Catherine Deneuve) oubliée par Siegfried, les évènements fondateurs,
Hermann le Vercingétorix Teuton, les grands auteurs : Goethe, Nietzsche et
compagnie…
Puis entre Icare et l’alchimie, il va citer souvent Paul
Celan, poète rescapé des camps, pour exprimer sa « fascination
horrifiée » pour la shoah. « Ligne de chemin de fer ».
« L’Athanor », le four alchimique de l’oeuvre au
noir, de la recherche de la pierre philosophale, de la régénération, et de
l’étincelle de vie, a atteint des records à la vente à New York.
Fasciné par la Kabbale de Louria où Dieu a créé le monde par
son retrait, il produira de nombreuses toiles jusqu’à « Alkahest »,
le dissolvant auquel aucun métal ne résiste y compris l’or.
Installé un moment à Barjac sur 35 ha, il accumule des
matériaux dans « Les maisons » de la Ribaute.
Il synthétise ses visions d’autres cosmogonies où l’homme
est pris entre microcosme et macrocosme. Dans « Le camp des
étoiles » chaque élément céleste est numéroté ainsi que le furent
les déportés.
Si le renouveau peut être issu du chaos,
« La
tombe dans les airs » de notre culture prométhéenne est bien
bancale.
« Danaé »: depuis des livres calcinés fleurit un
tournesol. Le retour du chaos et de la renaissance est cyclique.
Et avec «Le dormeur du val » rimbaldien
les fleurs poussent sur une terre fécondée.
« Je suis dans
la matière, dans la couleur, dans le sable, dans l’argile, dans l’aveuglement
de l’instant »
Me reviennent à la
fin de l’exposé dont je n’ai retenu que quelques images d’une production très
abondante, ces vers d’Eluard, quand tant de matériaux divers furent rassemblés
pour accomplir un travail de mémoire endeuillée et s’élargir à une quête
spirituelle embrassant mystique et occultisme : plomb, ongles, paille,
photos, suie, sable, salive, tessons de verre et de porcelaine, laque,résines…
« Sur toutes les
pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom
Liberté. »