Ce théâtre m’a procuré les mêmes sentiments contradictoires
que certaines productions d’art contemporain: des fulgurances poétiques, de
l’énergie, de l’inventivité, mais quel fatras !
A l’entracte du spectacle de trois heures, un quart des
spectateurs ne sont pas revenus, pourtant les acteurs sont investis, voire
excellents, quand par exemple une conférencière vampirise son collaborateur.
Mais pourquoi s’adosser à Faust, à « Angelus novus », un tableau de
Paul Klee qui représentait pour le philosophe Walter Benjamin « l’Ange de
l’histoire » ?
De la même façon qu’un brouillard artificiel est envoyé sur
les gradins, nous sommes enfumés par tant de références qui font regretter aux
mauvais élèves de ne pas être restés devant un quart de finale de la coupe de
la ligue.
D’autre part, les allusions trop précises au contexte
politique actuel avec « démocratie participative » et name dropping
renvoie à des images de Guignols de l’Info, plutôt qu’à une réflexion sur les
dérives ou les enjeux de la présidentielle.
Alors resteront certains beaux tableaux,
mais les destins d’un docteur en biologie et son double,
de Marguerite Martin prix Nobel et son double
et d’un chef d’orchestre devenu chef d’état nous importent peu,
pas plus que nous n’ayons pu identifier quelque démon.
De belles voix curieuses engoncées sous de raides postures
participent à un intermède, lâchant
quelques mots grossiers sur fond de musique atonale, tout en se défaisant de
leurs masques. Le thème est récurrent dans la pièce déstructurée où des effets de panneaux mobiles sont
intéressants, comme sont inquiétants des regards aux lentilles hallucinées.
L’effet de curiosité qui m’avait fait revenir après une
première expérience risque d’être épuisé:
......................
Je reprends la publication d'articles lundi 4 septembre.
Bel été à mes lectrices et lecteurs.
Bel été à mes lectrices et lecteurs.
Bof, ce que tu racontes me fait penser à l'époque où j'avais écrit un courrier outragé à Kookaï pour protester contre leur manière d'adosser leur publicité pour leurs fringues à un travesti de la Piéta de Michelange, avec Marie en kookaïette, bien entendu, et Jésus drapé sur ses genoux avec des fringues sales jonchées par terre, et des boites de pizza vides.
RépondreSupprimerCela m'avait ulcéré de voir cet... irrespect, si tu veux.
Et les gourous de la publicité m'ont répondu (bien sûr, ils répondent, les publicitaires, parce que dans une société (marchande..) capitaliste en phase terminale, les marchands (quand ce n'est pas toi et moi en marchands...) ne veulent surtout offenser PERSONNE, car ça ne fait pas tourner les affaires.)
Ils avaient fait une topo très détaillée pour justifier cette image dégueulasse, une topo intellectuelle et tirée par les cheveux, idéologique à souhait. Et j'avais répondu à l'époque qu'ils avaient de sérieuses questions à se poser, parce que en dépit de leur désir bon enfant et sincère de transmettre ce... message sur la kookaïette moderne, le message lui-même était abscons, et illisible.
Le spectacle que tu décris a l'air d'être dans le même genre...
Les références sont mal digérées, et surtout une forme de m'as-tu vu pour faire semblant d'être ? intellectuel ? intelligent ? profond ? moderne ? novateur ? Tout ça à la fois ?
Au choix.
A Avignon, nous avons pris l'habitude de fuir les spectacles qui sont annoncés avec ces mots, plus les mots "décalé", ou "déjanté". Un autre... mauvais signe, si tu veux.
L'art de louvoyer, et trier dans le fatras, n'est-ce pas ?
Bonnes vacances.