A la fin des années
70, Carter, le président des Etats Unis- « The
times they are a changing »- déclare dans le discours dit du « malaise » :
« Je souhaite maintenant vous parler d'une menace fondamentale qui
pèse sur la démocratie de notre pays… Cette menace est à peine perceptible par
des moyens ordinaires. Il s'agit d'une crise de confiance. Il s'agit d'une
crise qui frappe la volonté de notre nation en son sein même, en son âme et en
son esprit. Nous percevons cette crise à cause du doute croissant que l'on
porte sur la signification de nos propres vies et de la perte d'un objectif
unique pour notre nation…. Nous nous
rendons compte que la propriété et la consommation ne satisfont pas notre quête
de sens. »
Ces paroles que tous les protagonistes écoutent à l’issue des
deux heures de film donnent tout son sens au titre ambitieux.
Une mère implique deux autres femmes dans l’éducation de son
fils adolescent ; il s’avère que ce jeune est moins déboussolé que l’ingénue
ingénieure, en voie de perdre elle aussi son innocence. Les acteurs sont
excellents et le traitement des difficultés de l’éducation par trois
générations de femmes féministes est original, drôle sans caricature, tendre,
indulgent.
La forme de cohabitation dans laquelle vivent les
protagonistes dont on remarque aujourd’hui la clope constamment collée au bec, peut
évoquer un autre film récent : « La communauté ».
Mais dans la chronique américaine, les personnages ont bien
plus de profondeur et de mystère que ceux décrits par l’auteur de Festen
Les dialogues sont riches et sans lourdeur. Musique et danse
loin d’être décoratives, tiennent une place centrale dans la narration.
Comme l’écrit Jean Serroy dans le Dauphiné Libéré :
« Tout cela donne
une comédie douce- amère, où passent la solitude, les peurs, les traumatismes,
la douleur et la joie de vivre, et où s’écrit, de façon très américaine, la vie
d’une femme – superbe Annette Bening – se frayant sa voie de femme libre. » Essayant de se frayer.