Le début de quinquennat n’avait pas tenu ses promesses, mais
en cette fin de mandat, les tactiques reprennent le dessus à la vitesse du TGV
et d’anciens artifices sont remis à l’encan sur nos écrans.
Parmi tant d’autres :
- les prisonniers vont avoir des cellules individuelles,
- la scolarité obligatoire va s’étendre jusqu’à 18 ans
… déjà que certains attendaient leurs 16 ans impatiemment
pour ne plus être attachés à leur chaise.
Le collégien est caressé dans le sens du poil (dans la main)
cependant certains bien avant la fin de l’âge obligatoire font
« péter » : "phobie scolaire" sur toutes les chaînes et puis « comme je ne suis plus avec mes
copines, je ne viens plus » : maîtresse ça stresse !
Maintenant que l’école va être encore plus ludique, toute
sélection par le mérite écartée - la sélection sociale, elle, est de plus en plus
déterminante - toutes les promesses s’épanouissent.
Certains ont déjà voulu comprendre que chaque élève a un avenir
de médecin, d’ingénieur, de trader tout tracé ; qui voudra désormais
mettre les doigts dans le cambouis ? En formation pour les métiers de
l’hôtellerie, des apprentis abandonnent pour éviter de travailler le samedi.
Des animateurs de MJC ont demandé à ne pas intervenir ce jour là.
La société devient de plus en plus inégalitaire, c’est bien
pour cela que l’école, la bonne fille, est requise pour mettre l’égalité dans
la vitrine.
Dans l’éducation nationale, les nouvelles réformes venant
après la nouvelle réforme sont à l’œuvre depuis des décennies. Toutes ont
proclamé lutter contre les inégalités et pourtant celles-ci s’aggravent grave.
Alors comme les communistes qui face aux faillites du
communisme prônaient plus de communisme, pour affaiblir l’école et ses codes
ringards, ses usages, sa laïcité d’un autre temps : que les « maîtres »
se taisent ! J’emploie volontairement ce mot démodé qui n’a pas toujours
eu cette connotation arriérée mais marquait un respect, pas forcément un
asservissement. « Maîtresse » a gardé plus de fraîcheur et puis de
toutes façons, le masculin est devenu tellement anecdotique en ces lieux.
L’obéissance …des profs sera récompensée.
La situation de recul de l’école et de ses valeurs est
entérinée. Les murs où s’accrochait la devise républicaine se lézardent ;
la voilà enterrée, la gueuse. Les lois du marché et ses thuriféraires
sont plus forts que tous les rabâchages d’une situation tellement décrite sur
ce blog que j’en suis à m’auto citer :
«Rythmes scolaires :
l’école est devenue une activité entre deux week-end ».
C’est bien parce qu’on cause tellement d’égalité qu’il y a
du mouron à se faire sur sa réalité.
Les publicitaires affichent : produits du terroir,
citoyenneté, transparence… les communicants rabâchent : « parité ».
Ces Rolex boys sont des amplificateurs de nos mœurs :
ils savent bien que les prescripteurs sont depuis longtemps les enfants. Désormais,
à longueur de pub, ils font la leçon à leur parents, il est vrai bien
infantiles.
Si ce ne sont plus les enseignants qui enseignent, la
science infuse des petits vient de quelle tisane ?
Pour avoir été un militant de l’entrée des parents à l’école,
je suis d’autant plus navré par les aplatissements depuis la ministre jusqu’à
la concierge, devant des consommateurs mal élevés, pardon des électeurs.
Mon maître en pédagogie aimait rappeler cette phrase d’Elisée
Reclus :
« L'anarchie est la plus haute expression de l'ordre ».
Ses plans de travail, son organisation au cordeau permettaient
la libre expression des élèves, des démarches constructives. Ces approches
exigeantes et fécondes forgées dans le débat entre pairs et non pondues par
quelque arriviste depuis ses bureaux, étaient un moyen et non une fin. Ce sont ces
conseilleurs qui font la leçon aux profs pour qu’ils cessent de bâtir des
leçons.
Les lois de la classe coopérativement discutées
constituaient un cadre intelligible et solide auquel appuyer les créativités et
acquérir des connaissances. Les enfants s’abreuvaient
et produisaient pour les BT « Bibliothèque du Travail ». Il n’y avait
pas confusion des pouvoirs. Mais je risque d’abuser du droit à la répétition,
alors que le droit à l’erreur aurait pu être reconnu à ceux qui ont fait de la
méthode globale le sentier lumineux de l’apprentissage de la lecture. Encore
aurait-il fallu le dire. Combien d’expérimentations ont été mises en place et à
l’heure où l’évaluation est la mère de toutes les batailles qui a reconnu que
certaines méthodes ne faisaient pas l’affaire ?
Les cycles en primaire n’ont existé qu’en de rares endroits,
qui s’est interrogé pourquoi ?
Il va de soi qu’il s’agissait de l’indécrottable conservatisme
des méprisables enseignants…donc ce dispositif est instauré entre CM2 et
6° !
……………
* « Puis
l'adorée, un soir, a daigné vous écrire !
Ce soir-là, vous rentrez aux cafés
éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade...
On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade. » Rimbaud Arthur.
………………
Le dessin du Canard de cette semaine