Vaste programme, énoncé dans une manière qui toujours me
séduit. Ces mots qui riment donnent
l’envie d’aller plus loin, même s’ils sont parfois insuffisants par rapport aux
images, ils peuvent nous apprendre à mieux voir. C’est le sens du titre
intrigant venant de chez Aragon qui pose la littérature face aux images.
"De la grotte Chauvet à Beaubourg", ce recueil d’articles
parus dans des catalogues, des revues depuis une vingtaine d’années n’ont pas
pris une ride.
Si parfois un dictionnaire est bien utile : esthésique :
sensibilité ; dilection : amour spirituel ... je me suis comme
d’habitude laissé gagner par la saveur du style qui permet de mieux apprécier
des œuvres connues ou donnant envie de découvrir des artistes moins célèbres
auquel le médiologue est resté fidèle : Matta, Pic, Vlady, Fanti, Faure,
Witkin…
Son hommage aux œuvres intemporelles ne lui fait pas
négliger les modes contemporaines :
« Quant aux
écrans qui s’interposent entre l’homme et sa vie, ce n’est pas une hypothèse ni
un
risque à courir car la
chose est faite depuis longtemps. Depuis Chaplin, Eisenstein et Greta Garbo,
chacun sait qu’on gouverne les hommes, on rêve la nuit, on aime d’amour et on
raconte des histoires par écran de cinéma interposé. Il y a donc écran et
écran. Le grand écran regarde
encore vers le
tableau, la façade ou la scène parce que c’est une surface ; le petit écran est
devenu une interface. Il y a donc eu rupture entre un espace de représentation
et un espace d’intervention. »
Allez, une dernière petite citation parmi 400 pages, pour
revenir sur notre étonnement de voir certains élus parmi tant de refusés.
« La valeur d’une
œuvre d’art, ou sa cote, a toujours été fiduciaire. C’est un acte de foi, un
pari mutuel urbain (un bien n’est désirable que s’il est désiré par d’autres),
où chacun s’accote à l’avis de son voisin pour aller faire la queue deux heures
sur une piazza glaciale. »