Dans le cadre du cycle « Traversées Urbaines » la Cinémathèque de Grenoble présentait un film culte, « hypnotique » m’avait averti un de mes collègues cinéphile qui m’a permis d’étoffer cet article.
Plus que la déambulation dans la ville de Paris débarrassée de tout aspect touristique, c’est toute une époque parfumée à la Gauloise qui resurgit.
1974. Un étudiant vivant sous les toits, se déprend du monde en continuant à le lire
« Le Monde ». Une dépression douce où l’acteur Jacques Spiesser sur un texte lu par Ludmilla Mikaël, se montre indifférent, mesure la vacuité de la vie, en arrive à ne plus penser, sa seule attente est celle de la pluie.
Perec écrivait: « C'était le contraire des Choses..."Un homme qui dort " face à la multiplication des signes, la fascination, dit: « Vous m'emmerdez, ça ne me concerne pas votre petite échelle, vos promotions sociales. Je suis sac de sable sur un lit, je resterai sac de sable sur un lit. »
S’il est des « films miroirs » celui-ci est fendu, et en prolongeant une métaphore sculpturale : cette œuvre est née d’une soustraction de matière. Le cinéma a visé parfois à regrouper tous les arts : ici la musique née d’une goutte vient rejoindre une littérature à la recherche du mystère de l’individu : très occidental, très seventies.
Perec a été inspiré par Bartelby de Melville, décidément tendance ; est ce pour sa résistance, l'anti-transparence, chez un homme qui préfèrerait n'en rien faire : « I would prefer not to » ?
«Tu as tout à apprendre, tout ce qui ne s'apprend pas: la solitude, l'indifférence, la patience, le silence. Tu dois te déshabituer de tout: d'aller à la rencontre de ceux que si longtemps tu as côtoyés, de prendre tes repas, tes cafés à la place que chaque jour d'autres ont retenue pour toi, ont parfois défendue pour toi, de traîner dans la complicité fade des amitiés qui n'en finissent pas de se survivre, dans la rancœur opportuniste et lâche des liaisons qui s'effilochent.»
lundi 27 février 2012
dimanche 26 février 2012
J'y suis, j'y reste. Raymond Vincy et Jean Valmy.
La compagnie de théâtre amateur « La dent du loup » présentait cette pièce des années 50 dans la salle bien garnie du Pont de Vence.
Ce vaudeville tint sa place dans les riches heures du « théâtre ce soir » quand trois coups étaient frappés avant que le rideau s’ouvre.
Prototype du théâtre de boulevard, avec boniche qui a perdu son plumeau, majordome, des personnages sautillants ingénus, sans-gênes, coincées ou roublards.
Mon jugement manquera de distance puisque je connaissais deux des comédiens qui nous ont fait partager leur plaisir de jouer.
Il est question de baronne, de cardinal, d’amoureux qui veulent se marier, dans un autre temps où dans ce milieu se disait « on ne divorce pas chez nous ».
Les convenances ont bien changé, mais c’est toujours jouissif quand elles explosent, en trois actes rythmés.
Un moment agréable.
Ce vaudeville tint sa place dans les riches heures du « théâtre ce soir » quand trois coups étaient frappés avant que le rideau s’ouvre.
Prototype du théâtre de boulevard, avec boniche qui a perdu son plumeau, majordome, des personnages sautillants ingénus, sans-gênes, coincées ou roublards.
Mon jugement manquera de distance puisque je connaissais deux des comédiens qui nous ont fait partager leur plaisir de jouer.
Il est question de baronne, de cardinal, d’amoureux qui veulent se marier, dans un autre temps où dans ce milieu se disait « on ne divorce pas chez nous ».
Les convenances ont bien changé, mais c’est toujours jouissif quand elles explosent, en trois actes rythmés.
Un moment agréable.
samedi 25 février 2012
Le Postillon. Décembre 2011.
Un camarade, veillant à mon salut idéologique, m’a recommandé la lecture du
« Postillon » que je ne m’étais pas privé de critiquer déjà sur ce blog.
Suite :
Dommage qu’il ne garde pas le format A 4 qu’il présente chez le marchand de journaux : une autre mise en page amènerait peut être plus de nerfs à des articles trop bavards qui ne tiennent pas ce qu’ils promettent dans les titres.
Ainsi « Moody’s sévit aussi à Grenoble » nous accroche mais il ressort essentiellement que « le boss n’a même pas de cravate, mais une simple chemise et un pull très classique ». C’est du journalisme alternatif ?
Par ailleurs concernant le buraliste de la Place des Géants à la lecture de l’article, il s’avère qu’il n’est pas harcelé que par la police.
Le reportage sur les boulistes de Catane est vivant et le rédacteur a l’honnêteté de retranscrire l’avis de Marcel qui juge que « Destot a bien fait son boulot ».
Ce témoignage tranche avec le ton général d’un journal accusateur, hostile, dénigrant, donneur de leçons contre les journalistes du Dauphiné Libéré, Grenew’s, M6, Jérôme Safar, Minatec, le SMTC, les maires de La Tronche, Echirolles, Pont de Claix …
Leur proximité avec les technophobes de « Pièces et main d’œuvre » les amène à traiter des mêmes sujets sur le même mode : Monéo, Clinatec.
Ils dénoncent « la pensée unique » tout en excluant dans chaque article la moindre mention d’une opinion qui n’est pas la leur. Ainsi ils s’opposent à la ligne ferroviaire Lyon-Turin .
Et quand ils évoquent les débats de « La république des idées » à la MC 2, leur mépris me range vigoureusement à l’opposé de ces postures.
Les statues du communisme ne sont plus présentes que dans quelques musées sous forme d’installations ironiques. Mais « le gauchisme, » qui fut disait Lénine en 1920, « la maladie infantile du communisme », même à dose résiduelle,cette grosse gauche godiche me donne toujours autant d’acné.
« Postillon » que je ne m’étais pas privé de critiquer déjà sur ce blog.
Suite :
Dommage qu’il ne garde pas le format A 4 qu’il présente chez le marchand de journaux : une autre mise en page amènerait peut être plus de nerfs à des articles trop bavards qui ne tiennent pas ce qu’ils promettent dans les titres.
Ainsi « Moody’s sévit aussi à Grenoble » nous accroche mais il ressort essentiellement que « le boss n’a même pas de cravate, mais une simple chemise et un pull très classique ». C’est du journalisme alternatif ?
Par ailleurs concernant le buraliste de la Place des Géants à la lecture de l’article, il s’avère qu’il n’est pas harcelé que par la police.
Le reportage sur les boulistes de Catane est vivant et le rédacteur a l’honnêteté de retranscrire l’avis de Marcel qui juge que « Destot a bien fait son boulot ».
Ce témoignage tranche avec le ton général d’un journal accusateur, hostile, dénigrant, donneur de leçons contre les journalistes du Dauphiné Libéré, Grenew’s, M6, Jérôme Safar, Minatec, le SMTC, les maires de La Tronche, Echirolles, Pont de Claix …
Leur proximité avec les technophobes de « Pièces et main d’œuvre » les amène à traiter des mêmes sujets sur le même mode : Monéo, Clinatec.
Ils dénoncent « la pensée unique » tout en excluant dans chaque article la moindre mention d’une opinion qui n’est pas la leur. Ainsi ils s’opposent à la ligne ferroviaire Lyon-Turin .
Et quand ils évoquent les débats de « La république des idées » à la MC 2, leur mépris me range vigoureusement à l’opposé de ces postures.
Les statues du communisme ne sont plus présentes que dans quelques musées sous forme d’installations ironiques. Mais « le gauchisme, » qui fut disait Lénine en 1920, « la maladie infantile du communisme », même à dose résiduelle,cette grosse gauche godiche me donne toujours autant d’acné.
vendredi 24 février 2012
La faim dans le monde, une fatalité ?
« Toutes les cinq secondes un enfant de moins de 10 ans meurt de faim » : tout est dit.
Et pourtant le sujet n’est plus très à la mode bien que dans les révolutions arabes la flambée des prix des céréales ait été la base des mouvements dont facebook n’a été que l’amplificateur.
Au forum de Libé à Lyon deux pointures pour aller chercher les causes du mal : Jean Ziegler et Jean Christophe Ruffin.
Le sociologue suisse remue la fourchette dans la plaie : « La production agricole actuelle peut alimenter 12 milliards d’humains » mais la spéculation sur les produits agricoles venant après la crise financière empêche les pays de constituer des réserves. Le riz a augmenté de 115% dans les 18 derniers mois :
« les spéculateurs sont coupables de crimes contre l’humanité ».
A cela s’ajoute le dumping qui rend, sur les marchés de Dakar, les fruits et légumes d’Europe deux fois moins chers que les produits africains équivalents. Et ces tonnes de blé et de maïs destinés aux agrocarburants qui partent en fumée au détriment de l’alimentation.
L’écrivain ex-ambassadeur précise que les famines ne sont pas que des phénomènes climatiques mais aussi humains avec des politiques agricoles inadaptées. Il ne désigne pas l’occident et ses institutions internationales comme uniques coupables mais pointe la responsabilité des gouvernements locaux concernant aussi les phénomènes de sous alimentation chronique.
Des marques de l’héritage colonial perdurent : le riz brisé tellement prisé au Sénégal est une survivance des premiers envois vers l’Afrique des débris des productions du Tonkin.
Les campagnes sont négligées, l’Afrique a perdu de ses ressources agricoles en devenant à moitié urbaine et la vente des terres arables à la Chine menace les populations locales.
Le bon sens qu’on prêtait aux paysans a bien disparu puis qu’il est utile de repréciser qu’il conviendrait de
« donner la priorité à l’alimentation dans l’agriculture »
....
Un dessin du Canard de cette semaine:
Et pourtant le sujet n’est plus très à la mode bien que dans les révolutions arabes la flambée des prix des céréales ait été la base des mouvements dont facebook n’a été que l’amplificateur.
Au forum de Libé à Lyon deux pointures pour aller chercher les causes du mal : Jean Ziegler et Jean Christophe Ruffin.
Le sociologue suisse remue la fourchette dans la plaie : « La production agricole actuelle peut alimenter 12 milliards d’humains » mais la spéculation sur les produits agricoles venant après la crise financière empêche les pays de constituer des réserves. Le riz a augmenté de 115% dans les 18 derniers mois :
« les spéculateurs sont coupables de crimes contre l’humanité ».
A cela s’ajoute le dumping qui rend, sur les marchés de Dakar, les fruits et légumes d’Europe deux fois moins chers que les produits africains équivalents. Et ces tonnes de blé et de maïs destinés aux agrocarburants qui partent en fumée au détriment de l’alimentation.
L’écrivain ex-ambassadeur précise que les famines ne sont pas que des phénomènes climatiques mais aussi humains avec des politiques agricoles inadaptées. Il ne désigne pas l’occident et ses institutions internationales comme uniques coupables mais pointe la responsabilité des gouvernements locaux concernant aussi les phénomènes de sous alimentation chronique.
Des marques de l’héritage colonial perdurent : le riz brisé tellement prisé au Sénégal est une survivance des premiers envois vers l’Afrique des débris des productions du Tonkin.
Les campagnes sont négligées, l’Afrique a perdu de ses ressources agricoles en devenant à moitié urbaine et la vente des terres arables à la Chine menace les populations locales.
Le bon sens qu’on prêtait aux paysans a bien disparu puis qu’il est utile de repréciser qu’il conviendrait de
« donner la priorité à l’alimentation dans l’agriculture »
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Un dessin du Canard de cette semaine:
jeudi 23 février 2012
La nature morte de l’antiquité à nos jours. #1 Entre réalité et symbolique
Serge Legat commençait un cycle de conférences aux amis du musée.
La nature morte c'est la peinture d'objets. L'expression, assez péjorative, apparaît en France au 18ème, alors que, depuis le 16ème les Provinces Unies parlent de « Modèle Immobile » et que les Anglais utilisent le plus poétique « Still Live » (vie tranquille). Assez lié au monde du théâtre (trompe l'œil, décors), le genre est considéré comme mineur en France jusqu'au 18°, il figure au cinquième rang, le dernier du classement académique.
Peu de traces de cette catégorie de représentations subsistent aujourd'hui, venues du monde grec et hellénistique.
Par contre d’Herculanum et Pompéi du 1er au 4ème siècle à Rome, abondent les décors de scène, imitations d'objets, trompe l'œil, sur les mosaïques et les fresques.
L'effondrement du monde romain entraîne la décadence de la nature morte qui devient uniquement « symbolique » du christianisme : l'objet n'a pas de raison d'être par lui-même, il est complément et se doit d'être beau car associé au message mystique comme dans la Cène. Avec l'Art Occidental, c'est le retour à l'observation et au naturalisme.
La pensée d'Aristote le rationaliste, soucieux des choses matérielles, des inventaires méthodiques et de la systématisation. est redécouverte. L'influence de St François d'Assise, de St Thomas d'Aquin qui écrivent sur l'importance de la nature, font, à la fin du Moyen Age, que l'objet devient digne de l'amour du chrétien. A Padoue, à Sienne, à Florence les artistes comme Giotto s'y intéressent. L’Italie cherche la perfection et en Flandre les peintres amènent de l'homme à Dieu. Dans le monde nordique, on représente de plus en plus d'objets du monde religieux ou profane. La Vierge par exemple est peinte dans le cadre de la vie quotidienne, souvent dans des intérieurs flamands bourgeois chez Van Eyck ou Campin. La représentation de l'objet prend de plus en plus d'importance dans le tableau, chargée de symboles : Le lys est l’immaculée conception, la pureté, la rose c’est Marie et la bougie éclairée la lumière de Dieu qui éclaire l'humanité
Au 17eme au revers de triptyques ou diptyques apparaissent « les vanités ».
Merci à Dany qui a pris ces notes.
La nature morte c'est la peinture d'objets. L'expression, assez péjorative, apparaît en France au 18ème, alors que, depuis le 16ème les Provinces Unies parlent de « Modèle Immobile » et que les Anglais utilisent le plus poétique « Still Live » (vie tranquille). Assez lié au monde du théâtre (trompe l'œil, décors), le genre est considéré comme mineur en France jusqu'au 18°, il figure au cinquième rang, le dernier du classement académique.
Peu de traces de cette catégorie de représentations subsistent aujourd'hui, venues du monde grec et hellénistique.
Par contre d’Herculanum et Pompéi du 1er au 4ème siècle à Rome, abondent les décors de scène, imitations d'objets, trompe l'œil, sur les mosaïques et les fresques.
L'effondrement du monde romain entraîne la décadence de la nature morte qui devient uniquement « symbolique » du christianisme : l'objet n'a pas de raison d'être par lui-même, il est complément et se doit d'être beau car associé au message mystique comme dans la Cène. Avec l'Art Occidental, c'est le retour à l'observation et au naturalisme.
La pensée d'Aristote le rationaliste, soucieux des choses matérielles, des inventaires méthodiques et de la systématisation. est redécouverte. L'influence de St François d'Assise, de St Thomas d'Aquin qui écrivent sur l'importance de la nature, font, à la fin du Moyen Age, que l'objet devient digne de l'amour du chrétien. A Padoue, à Sienne, à Florence les artistes comme Giotto s'y intéressent. L’Italie cherche la perfection et en Flandre les peintres amènent de l'homme à Dieu. Dans le monde nordique, on représente de plus en plus d'objets du monde religieux ou profane. La Vierge par exemple est peinte dans le cadre de la vie quotidienne, souvent dans des intérieurs flamands bourgeois chez Van Eyck ou Campin. La représentation de l'objet prend de plus en plus d'importance dans le tableau, chargée de symboles : Le lys est l’immaculée conception, la pureté, la rose c’est Marie et la bougie éclairée la lumière de Dieu qui éclaire l'humanité
Au 17eme au revers de triptyques ou diptyques apparaissent « les vanités ».
Merci à Dany qui a pris ces notes.
jeudi 16 février 2012
La rigoureuse géométrie de Mondrian.
Pieter Cornelis Mondriaan, le peintre complexe, va aussi simplifier son nom en Piet Mondrian.
Né en 1872 en Hollande dans une famille calviniste, il est inquiet du passage vers l’an 1900.
Ses paysages influencés par Van Gogh traitent des données permanentes des Pays Bas : l’eau, le ciel, la terre, puis il abandonne le vert pour le rouge, le bleu, le jaune : les primaires.
Ses références remontent à l’âge d’or de son plat pays, au XVII° siècle: quand il sera reconnu comme « le Rembrandt de la modernité », quelle lumineuse consécration !
Catherine De Buzon conférencière a apporté ses éclairages aux amis du musée de Grenoble:
« comment ce jeune homme fragile, pauvre, peu instruit va-t-il, au fil d’une traversée de l’image, conduire la peinture sur les terres conceptuelles de l’abstraction ? Des années de recherches formelles pour travailler ensuite durant vingt ans sur l’exclusive (ou à peu près) d’une surface peinte avec verticales et horizontales, le noir et le blanc et les trois couleurs primaires.
Sept signes, comme sept notes et toute la musique du monde ! »
La peinture est « una cosa mentale » depuis Léonard de Vinci, autrement dit, avec Klimt, une affaire intellectuelle : la peinture se fait dans l’atelier, les sous bois forment des rythmes une fois que les images de la promenade se sont sédimentées.
S’il peint des fleurs pour répondre au goût du public, il poursuit ses recherches apportant dans une grande rapidité d’exécution, des couleurs tonitruantes.
Il revendique l’artificialité de la peinture, la perspective disparaît, mais pas sa ferveur quand les branches sont comme des arches de cathédrale.
En 1909, année heureuse, il se fiance et révèle au public un rouge moulin archétypal incandescent, audacieux, extravagant. Ses dunes sensuelles, ses accords chromatiques évoluent vers plus de froideur mais lorsqu’il dérive vers les théosophes, le public ne le suit plus. Kröller-Müller va l’aider financièrement, un moment.
Avec les cubistes Picasso, Braque, à Paris, ses formes se décomposent, se recomposent. A partir de la représentation d’un immeuble en démolition, il fortifie sa géométrie peuplée de signes plus et de minus (moins) qui apparaissent dans des ovales, des carrés reposant sur un angle.
Un critique d’art Theo van Doesburg lui propose un vitrail à partir d’une de ses propositions ; désormais les couleurs primaires enchâssées dans des lignes noires vont constituer son champ de recherche de pureté, son chant d’amour divin. Il ne veut pas de cadre à ses tableaux, pour que la lumière respire.
Une bombe dans son jardin de Londres lui fait surmonter ses réticences à partir pour New York.
Lui qui influencera l’architecture était fait pour rencontrer cette ville.
Il recommandera Pollock à Peggy Guggenheim et saura exprimer les rythmes le jazz rigoureusement, harmonieusement.
....
Je reprends la publication des articles sur ce blog dans une semaine.
Né en 1872 en Hollande dans une famille calviniste, il est inquiet du passage vers l’an 1900.
Ses paysages influencés par Van Gogh traitent des données permanentes des Pays Bas : l’eau, le ciel, la terre, puis il abandonne le vert pour le rouge, le bleu, le jaune : les primaires.
Ses références remontent à l’âge d’or de son plat pays, au XVII° siècle: quand il sera reconnu comme « le Rembrandt de la modernité », quelle lumineuse consécration !
Catherine De Buzon conférencière a apporté ses éclairages aux amis du musée de Grenoble:
« comment ce jeune homme fragile, pauvre, peu instruit va-t-il, au fil d’une traversée de l’image, conduire la peinture sur les terres conceptuelles de l’abstraction ? Des années de recherches formelles pour travailler ensuite durant vingt ans sur l’exclusive (ou à peu près) d’une surface peinte avec verticales et horizontales, le noir et le blanc et les trois couleurs primaires.
Sept signes, comme sept notes et toute la musique du monde ! »
La peinture est « una cosa mentale » depuis Léonard de Vinci, autrement dit, avec Klimt, une affaire intellectuelle : la peinture se fait dans l’atelier, les sous bois forment des rythmes une fois que les images de la promenade se sont sédimentées.
S’il peint des fleurs pour répondre au goût du public, il poursuit ses recherches apportant dans une grande rapidité d’exécution, des couleurs tonitruantes.
Il revendique l’artificialité de la peinture, la perspective disparaît, mais pas sa ferveur quand les branches sont comme des arches de cathédrale.
En 1909, année heureuse, il se fiance et révèle au public un rouge moulin archétypal incandescent, audacieux, extravagant. Ses dunes sensuelles, ses accords chromatiques évoluent vers plus de froideur mais lorsqu’il dérive vers les théosophes, le public ne le suit plus. Kröller-Müller va l’aider financièrement, un moment.
Avec les cubistes Picasso, Braque, à Paris, ses formes se décomposent, se recomposent. A partir de la représentation d’un immeuble en démolition, il fortifie sa géométrie peuplée de signes plus et de minus (moins) qui apparaissent dans des ovales, des carrés reposant sur un angle.
Un critique d’art Theo van Doesburg lui propose un vitrail à partir d’une de ses propositions ; désormais les couleurs primaires enchâssées dans des lignes noires vont constituer son champ de recherche de pureté, son chant d’amour divin. Il ne veut pas de cadre à ses tableaux, pour que la lumière respire.
Une bombe dans son jardin de Londres lui fait surmonter ses réticences à partir pour New York.
Lui qui influencera l’architecture était fait pour rencontrer cette ville.
Il recommandera Pollock à Peggy Guggenheim et saura exprimer les rythmes le jazz rigoureusement, harmonieusement.
....
Je reprends la publication des articles sur ce blog dans une semaine.
mercredi 15 février 2012
Toulouse.
Quelle ville en dehors de Paname a pu se voir dédier une chanson comme Nougaro le fit si bien ?
C’est que la ville rose ne manque ni de caractère ni de couleurs :
quelques traits verts (46 jardins) et trois canaux,
du violet des violettes rapportées de Parme par un soldat de Napoléon qui ont bien poussé quand les maraichers avaient un répit,
avec le bleu du pastel qui fit la fortune éphémère de la ville occitane,
le rouge et noir des capitouls est depuis 1907 celui du stade toulousain.
Capitale de la région la plus vaste Midi Pyrénées, 3° ville universitaire, avec 15 000 habitants nouveaux dans l’agglomération par an.
Au Nord : le bourg autour de la basilique Saint Sernin occupe un des lobes d’une ville en forme de cœur alors que la cité autour du Capitole en dessine l’autre moitié sur la rive droite où la Garonne change de cap. Après les romains au premier siècle et les Volques Tectosages, tribu gauloise, les Wisigoths se sont arrêtés là entre océan et Méditerranée.
J’ai appris à cette conférence de Myriam Pastor, aux amis du musée de Grenoble, qu’un plat emblématique français, le cassoulet, était à l’origine un ragout de mouton bien sarrasin.
La ville est prospère au temps des comtes de Toulouse et des capitouls ; les Raimond se succèdent. La religion cathare a séduit 2000 personnes dans la ville qui comptait déjà 40 000 habitants. La croisade contre ces albigeois menée par Simon de Montfort qui fut tué lors du siège de Toulouse, laissa des traces durables. Des épidémies ravagèrent la population et un incendie gigantesque détruisit 7000 maisons, mais si l’indigo des colonies supplanta le pastels, des fortunes eurent le temps de s’édifier pendant l’âge d’or où les coques , boulettes qui rassemblaient ces herbes précieuses, valurent le terme de « pays de cocagne » à la région.
Cent clochers dominent les toits de tuile et 49 tours capitulaires dépassent des bâtiments assez peu élevés en raison de la nature alluviale des sols.
De nombreuses confréries ont laissé des cloitres agréables, des chapelles remarquables.
Les anciens abattoirs reçoivent des œuvres contemporaines depuis un rideau de scène gigantesque de Picasso, et la fondation Bamberg accueille dans un hôtel particulier renaissance 35 tableaux de Bonnard. Le métro, dans chacune de ses 38 stations, présente une œuvre contemporaine.
L’aéronautique emploie 30 000 salariés mais la ville ne veut pas s’enfermer dans une monoculture industrielle qui fait sa renommée.
La description d’une telle ville convenait tout à fait bien à une évocation artistique, historique.
Pourtant s’il a été fait mention de l’accueil des républicains espagnols, quelques mots concernant par exemple le quartier du Mirail auraient pu étonner les amateurs de cartes postales mais m’auraient personnellement contenté, car il me semble qu’on y travaille à la police de proximité, malgré l’autre.
C’est que la ville rose ne manque ni de caractère ni de couleurs :
quelques traits verts (46 jardins) et trois canaux,
du violet des violettes rapportées de Parme par un soldat de Napoléon qui ont bien poussé quand les maraichers avaient un répit,
avec le bleu du pastel qui fit la fortune éphémère de la ville occitane,
le rouge et noir des capitouls est depuis 1907 celui du stade toulousain.
Capitale de la région la plus vaste Midi Pyrénées, 3° ville universitaire, avec 15 000 habitants nouveaux dans l’agglomération par an.
Au Nord : le bourg autour de la basilique Saint Sernin occupe un des lobes d’une ville en forme de cœur alors que la cité autour du Capitole en dessine l’autre moitié sur la rive droite où la Garonne change de cap. Après les romains au premier siècle et les Volques Tectosages, tribu gauloise, les Wisigoths se sont arrêtés là entre océan et Méditerranée.
J’ai appris à cette conférence de Myriam Pastor, aux amis du musée de Grenoble, qu’un plat emblématique français, le cassoulet, était à l’origine un ragout de mouton bien sarrasin.
La ville est prospère au temps des comtes de Toulouse et des capitouls ; les Raimond se succèdent. La religion cathare a séduit 2000 personnes dans la ville qui comptait déjà 40 000 habitants. La croisade contre ces albigeois menée par Simon de Montfort qui fut tué lors du siège de Toulouse, laissa des traces durables. Des épidémies ravagèrent la population et un incendie gigantesque détruisit 7000 maisons, mais si l’indigo des colonies supplanta le pastels, des fortunes eurent le temps de s’édifier pendant l’âge d’or où les coques , boulettes qui rassemblaient ces herbes précieuses, valurent le terme de « pays de cocagne » à la région.
Cent clochers dominent les toits de tuile et 49 tours capitulaires dépassent des bâtiments assez peu élevés en raison de la nature alluviale des sols.
De nombreuses confréries ont laissé des cloitres agréables, des chapelles remarquables.
Les anciens abattoirs reçoivent des œuvres contemporaines depuis un rideau de scène gigantesque de Picasso, et la fondation Bamberg accueille dans un hôtel particulier renaissance 35 tableaux de Bonnard. Le métro, dans chacune de ses 38 stations, présente une œuvre contemporaine.
L’aéronautique emploie 30 000 salariés mais la ville ne veut pas s’enfermer dans une monoculture industrielle qui fait sa renommée.
La description d’une telle ville convenait tout à fait bien à une évocation artistique, historique.
Pourtant s’il a été fait mention de l’accueil des républicains espagnols, quelques mots concernant par exemple le quartier du Mirail auraient pu étonner les amateurs de cartes postales mais m’auraient personnellement contenté, car il me semble qu’on y travaille à la police de proximité, malgré l’autre.
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