L’auteur prolifique, que l’on aime retrouver, parle avec tendresse d’une période rude au début du XX°siècle.
La langue du Québec va bien avec la chaleur humaine et la vérité d’une vie qui s’achève pour la grand-mère. A Saskatchewan, l’enfance finit pour Nana.
Maria, sa mère, vit à Montréal pour assurer un meilleur avenir à ses enfants mais elle se tient loin d’eux.
Chacune, se sont surtout les femmes qui sont mises en valeur, se démène pour mieux respirer dans une société corsetée par la religion où il est bien difficile d’infléchir les destins.
« …les hommes, eux ne détestaient pas promener leurs effluves de travailleurs à la dure et répétaient à qui voulait l’entendre qu’un mâle qui sent la femme n’est pas un vrai mâle, ce à quoi Joséphine leur répondait qu’un mâle qui sent le bouc est juste un animal comme les autres. »
Aucun mélo, même quand Nana, l’ainée, grandie trop vite, doit renoncer à l’école pour s’occuper du plus petit.
Elle trouvera du réconfort dans le cahier de contes laissé par Josaphat- le- violon.
Plaisir partagé par le lecteur dans trois récits insérés dans les 250 pages avec des lutins, les spunkies, et une pie grièche qui vont éclairer le réel.
samedi 28 janvier 2012
vendredi 27 janvier 2012
Quelle place pour la culture dans la vie sociale ?
Un de mes lecteurs, que je connus - lui aussi- plus politique, trouve que mon blog est trop branché culture.
Sous les murs écroulés de la politique, nulle plage. Je vais vers les délices cultureux paresseux qui font rosir nos petits cœurs à coup de pigments, de zooms, de flow, de rimes à l’arôme sucré.
Sur la toile, c’est bien vrai que la consommation de spectacles, expositions, livres… n’échappe pas au copié /collé, mais le débat politique me semble lui aussi bien conformiste.
Je suis frappé que les premières pages qui s’ouvrent dans les moteurs de recherche reprennent bien souvent, d’un site à l’autre, les mêmes textes sans regard critique. De nombreuses personnes prenaient des notes aux journées de la République des idées, mais je n’en ai pas trouvé trace sur le web.
J'ai saisi quelques mots:
La culture doit énoncer le monde, le questionner et nous permettre aussi de nous en échapper.
La culture peut mettre au présent, commenter le social, mais ne peut servir de pompier puisqu’il ne s’agit plus non plus pour l’agit prop de mettre le feu à la plaine.
« Sa promesse excède ce que l‘on peut vivre », elle nous rend meilleur parfois - une heure, rien qu’une heure seulement - elle peut émanciper dans la filiation sépia du conseil de la résistance quand le théâtre était service public, la culture associée au travail.
Pris dans le caléidoscope publicitaire des représentations, la multiplication des spectacles devient une fin en soi devant le spectacle lui-même, des mots peuvent nous apaiser :
« Le cinéma conserve à contretemps, parce que le temps cinématographique n'est pas ce qui coule, mais ce qui dure et coexiste. » Deleuze.
Nasser Djemaï l’auteur de « Invisibles » dans le débat animé par Arnaud Laporte à la MC2 faisait part des difficultés d’avoir un espace critique situé et non plus global, la politique se tenant dans le sujet et non la forme. Me revint alors une réflexion entendue dans un autre débat :
« au moment de la commune, bien des impressionnistes étaient à la campagne ».
....
Dans le Canard de la semaine:
Sous les murs écroulés de la politique, nulle plage. Je vais vers les délices cultureux paresseux qui font rosir nos petits cœurs à coup de pigments, de zooms, de flow, de rimes à l’arôme sucré.
Sur la toile, c’est bien vrai que la consommation de spectacles, expositions, livres… n’échappe pas au copié /collé, mais le débat politique me semble lui aussi bien conformiste.
Je suis frappé que les premières pages qui s’ouvrent dans les moteurs de recherche reprennent bien souvent, d’un site à l’autre, les mêmes textes sans regard critique. De nombreuses personnes prenaient des notes aux journées de la République des idées, mais je n’en ai pas trouvé trace sur le web.
J'ai saisi quelques mots:
La culture doit énoncer le monde, le questionner et nous permettre aussi de nous en échapper.
La culture peut mettre au présent, commenter le social, mais ne peut servir de pompier puisqu’il ne s’agit plus non plus pour l’agit prop de mettre le feu à la plaine.
« Sa promesse excède ce que l‘on peut vivre », elle nous rend meilleur parfois - une heure, rien qu’une heure seulement - elle peut émanciper dans la filiation sépia du conseil de la résistance quand le théâtre était service public, la culture associée au travail.
Pris dans le caléidoscope publicitaire des représentations, la multiplication des spectacles devient une fin en soi devant le spectacle lui-même, des mots peuvent nous apaiser :
« Le cinéma conserve à contretemps, parce que le temps cinématographique n'est pas ce qui coule, mais ce qui dure et coexiste. » Deleuze.
Nasser Djemaï l’auteur de « Invisibles » dans le débat animé par Arnaud Laporte à la MC2 faisait part des difficultés d’avoir un espace critique situé et non plus global, la politique se tenant dans le sujet et non la forme. Me revint alors une réflexion entendue dans un autre débat :
« au moment de la commune, bien des impressionnistes étaient à la campagne ».
....
Dans le Canard de la semaine:
jeudi 26 janvier 2012
Les sources de l’art nouveau en Europe : le temps des précurseurs. 1865-1890.
Emile Gallé, après des études littéraires remplace son père, maître de l’émail et des faïences. Au début du XX° siècle, il est encore reconnaissant envers le duc de Lorraine Stanislas sous le règne duquel, en plein XVIII°, le développement économique, fut aussi artistique et urbain. Sur ces terres, les ouvriers qualifiés ne manquaient pas. La défaite de 1870 va amener le Dreyfusard de la première heure à insister sur les racines locales de son art floral influencé par les rocailles, dans un répertoire assez rococo et historiciste.
L’art nouveau est associé aux revendications nationalistes du côté de la Catalogne, de la Finlande ou chez les magyars. Il utilise des matériaux rares et ses 14 meubles pour l’exposition de Paris sont des productions de luxe avec lesquelles il espère édifier les acheteurs. Ce style s’enracine dans l’histoire, et les expositions universelles raccourcissent les espaces : le Japon est à la mode jusqu’au « japonisme » dont on trouve des marques sur des pendules, des chandeliers.
Auguste Majorelle, inspiré par l’Orient, sera avant tout un créateur de meubles et améliorera les performances du Vernis Martin qui remplaçait les laques chinoises. Son fils Louis travailla plutôt la faïence qu’il mêle aux bois. Un piano spectaculaire témoigne d’un travail original. C’est le temps de Loti et des arabesques mauresques qui vont si bien aux arrondis de l’art nouveau.
Les anglais regardent, eux, surtout du côté du moyen âge.
Augustus Pugin réactualise le style néo gothique lors de la reconstruction du parlement de Londres achevé en 1860. Et le critique John Ruskin défend les préraphaélites (re)renaissants et le travail artisanal : la main contre la machine. En architecture il est pour exhiber les structures en fonte ou en fer, ne pas cacher les matériaux.
Eugène Viollet Le Duc qui a réhabilité notre patrimoine médiéval n’était pas une sorte de promoteur d’un Disneyland XIX°, suivant le mot de Gilles Genty aux amis du musée : par ses écrits théoriques, il a inspiré par exemple Hector Guimard. Il est question de libellules, très présentes sur les vases de Gallé, leurs ailes se retrouvent dans le dessin des verrières qui surplombent les volutes en fonte de stations de métro parisiennes. Certains ont trouvé quelque peu « nouille » ce style moderne
L’art nouveau est associé aux revendications nationalistes du côté de la Catalogne, de la Finlande ou chez les magyars. Il utilise des matériaux rares et ses 14 meubles pour l’exposition de Paris sont des productions de luxe avec lesquelles il espère édifier les acheteurs. Ce style s’enracine dans l’histoire, et les expositions universelles raccourcissent les espaces : le Japon est à la mode jusqu’au « japonisme » dont on trouve des marques sur des pendules, des chandeliers.
Auguste Majorelle, inspiré par l’Orient, sera avant tout un créateur de meubles et améliorera les performances du Vernis Martin qui remplaçait les laques chinoises. Son fils Louis travailla plutôt la faïence qu’il mêle aux bois. Un piano spectaculaire témoigne d’un travail original. C’est le temps de Loti et des arabesques mauresques qui vont si bien aux arrondis de l’art nouveau.
Les anglais regardent, eux, surtout du côté du moyen âge.
Augustus Pugin réactualise le style néo gothique lors de la reconstruction du parlement de Londres achevé en 1860. Et le critique John Ruskin défend les préraphaélites (re)renaissants et le travail artisanal : la main contre la machine. En architecture il est pour exhiber les structures en fonte ou en fer, ne pas cacher les matériaux.
Eugène Viollet Le Duc qui a réhabilité notre patrimoine médiéval n’était pas une sorte de promoteur d’un Disneyland XIX°, suivant le mot de Gilles Genty aux amis du musée : par ses écrits théoriques, il a inspiré par exemple Hector Guimard. Il est question de libellules, très présentes sur les vases de Gallé, leurs ailes se retrouvent dans le dessin des verrières qui surplombent les volutes en fonte de stations de métro parisiennes. Certains ont trouvé quelque peu « nouille » ce style moderne
mercredi 25 janvier 2012
Hospices de Beaune.
Avant la visite nous patientons dans la cour, le nombre de visiteurs étant important.
Nous prenons le temps de contempler les fameux toits aux tuiles en terre cuite émaillées.
Cette polychromie qui identifie le style bourguignon viendrait d’Europe centrale.
La Grande salle des « Pôvres », au plafond magnifique, mesure 50 m de long.
Les malades couchaient à deux dans les lits disposés de part et d’autre de la partie centrale qui accueillait des tables pour les repas. Le choix de ne percer que de rares fenêtres inaccessibles pour protéger des miasmes extérieurs a joué à l’encontre des intentions hygiéniques.
Dans une salle attenante au cœur de l’Hôtel Dieu, nous pouvons voir la rivière la Bouzaise qui passait sous l’hôpital, elle emportait les déchets.
Au sortir de la guerre de cent ans alors que les « écorcheurs » mercenaires désœuvrés écumaient la région, en 1443, Nicolas Rolin a décidé de construire les hospices: « Je mets de côté toutes sollicitudes humaines et ne pense qu’à mon salut. Désirant par une heureuse transaction échanger contre les biens célestes ceux de la terre qui m’ont été accordés par la bienveillance de Dieu, et de transitoires les rendre éternels, dès maintenant, à perpétuité et irrévocablement je fonde, érige, construis et dote dans la ville de Beaune au diocèse d’Autun un hôpital pour la réception, l’usage et la demeure des pauvres malades » Les locaux garderont cette destination jusqu’en 1971. Sa compagne Guigone de Salins est associée à l’entreprise. Des carreaux portent la trace des liens forts qui les unissaient, le mot « seule » suivi d’une étoile y est inscrit. Ceci peut-il se lire «vous êtes ma seule étoile » ?
Une chapelle, des cuisines, une pharmacie ou plutôt une apothicairerie sont intéressantes : les plantes qui poussaient sur place dans le jardin des « simples » étaient réduites dans les mortiers, distillés dans les alambics. Des pots de verre portent sur leurs étiquettes: « poudre de cloportes, yeux d’écrevisses ». Le jugement dernier de Van der Weyden se déploie sur un polyptyque haut de 2,50 m, long de plus de 5 m dont on peut voir également l’envers. Ces dimensions importantes s’expliquent par la volonté de rappeler aux malades, leur destinée. Les damnés sont toujours les plus expressifs et l’ensemble est impressionnant, un système de loupe permet d’apprécier encore plus finement le travail du maître flamand.
Dans une salle attenante au cœur de l’Hôtel Dieu, nous pouvons voir la rivière la Bouzaise qui passait sous l’hôpital, elle emportait les déchets.
Au sortir de la guerre de cent ans alors que les « écorcheurs » mercenaires désœuvrés écumaient la région, en 1443, Nicolas Rolin a décidé de construire les hospices: « Je mets de côté toutes sollicitudes humaines et ne pense qu’à mon salut. Désirant par une heureuse transaction échanger contre les biens célestes ceux de la terre qui m’ont été accordés par la bienveillance de Dieu, et de transitoires les rendre éternels, dès maintenant, à perpétuité et irrévocablement je fonde, érige, construis et dote dans la ville de Beaune au diocèse d’Autun un hôpital pour la réception, l’usage et la demeure des pauvres malades » Les locaux garderont cette destination jusqu’en 1971. Sa compagne Guigone de Salins est associée à l’entreprise. Des carreaux portent la trace des liens forts qui les unissaient, le mot « seule » suivi d’une étoile y est inscrit. Ceci peut-il se lire «vous êtes ma seule étoile » ?
Une chapelle, des cuisines, une pharmacie ou plutôt une apothicairerie sont intéressantes : les plantes qui poussaient sur place dans le jardin des « simples » étaient réduites dans les mortiers, distillés dans les alambics. Des pots de verre portent sur leurs étiquettes: « poudre de cloportes, yeux d’écrevisses ». Le jugement dernier de Van der Weyden se déploie sur un polyptyque haut de 2,50 m, long de plus de 5 m dont on peut voir également l’envers. Ces dimensions importantes s’expliquent par la volonté de rappeler aux malades, leur destinée. Les damnés sont toujours les plus expressifs et l’ensemble est impressionnant, un système de loupe permet d’apprécier encore plus finement le travail du maître flamand.
mardi 24 janvier 2012
Le Petit Prince. Joann Sfar, Saint-Exupéry.
Le monument de notre littérature (134 millions d’exemplaires dans le monde) qui relie les générations plus sûrement que Les Misérables de Josée Dayan d’après V. H., french book des républiques antérieures, a été mis en bande dessinée.
J’ai eu le privilège de faire découvrir le petit bonhomme qui jamais ne renonce à une question, une bonne trentaine de fois à mes élèves. Il fournissait un prétexte formidable à leurs inventions en matière de dialogue à ambition – philosophique - comme on ne disait pas. Je demandais après le récit des voyages dans un univers peuplé de personnages féconds :« Invente la planète suivante ».
Sfar, touche à tout de la BD est totalement fidèle à l’esprit, à la poésie, à la tendresse, à la sagesse de l’original. Il apporte sa touche avec subtilité : sa rose avec ses rondeurs féminines met au jour ce qui n’était divulgué que récemment des amours de Saint Ex, tout en restant respectueux de l’auteur. L’aviateur apparaît au cours des dialogues avec un Petit Prince aux grands yeux qui s’embuent souvent comme les nôtres en relisant la fin d’une histoire mélancolique où l’idée de la mort comme dans tant de contes pour enfants est très présente.
Le Prince n’a pas été épargné par la marchandisation, ce travail de Sfar n’entre pas du tout dans la sarabande des trousses, drap et autres produits dérivés, il est comme le Forestier interprétant Brassens, fidèle tout en restant lui-même : un enfant qui s’étonne.
J’ai eu le privilège de faire découvrir le petit bonhomme qui jamais ne renonce à une question, une bonne trentaine de fois à mes élèves. Il fournissait un prétexte formidable à leurs inventions en matière de dialogue à ambition – philosophique - comme on ne disait pas. Je demandais après le récit des voyages dans un univers peuplé de personnages féconds :« Invente la planète suivante ».
Sfar, touche à tout de la BD est totalement fidèle à l’esprit, à la poésie, à la tendresse, à la sagesse de l’original. Il apporte sa touche avec subtilité : sa rose avec ses rondeurs féminines met au jour ce qui n’était divulgué que récemment des amours de Saint Ex, tout en restant respectueux de l’auteur. L’aviateur apparaît au cours des dialogues avec un Petit Prince aux grands yeux qui s’embuent souvent comme les nôtres en relisant la fin d’une histoire mélancolique où l’idée de la mort comme dans tant de contes pour enfants est très présente.
Le Prince n’a pas été épargné par la marchandisation, ce travail de Sfar n’entre pas du tout dans la sarabande des trousses, drap et autres produits dérivés, il est comme le Forestier interprétant Brassens, fidèle tout en restant lui-même : un enfant qui s’étonne.
lundi 23 janvier 2012
Les nouveaux chiens de garde. Gilles Balbastre Yannick Kergoat.
Entre marchands de canons, de béton et celui des Rafales, je croyais tout savoir sur la faible indépendance des médias ; hé bien, l’effet d’accumulation concernant les connivences, l’omniprésence des mêmes « experts » éditorialistes, donne le vertige.
Les responsables de journaux dans les tournantes de la « chefferie » sont ridicules.
Il y a de quoi rire, mais aussi d’être accablé quand Julliard dont j’apprécie pourtant les éditoriaux se montre tellement d’accord avec Ferry (Luc).
Joffrin fait peine dans une question tellement déférente à Chirac, et comme pour Duhamel, cible très prévisible, ses cumuls nuisent à la profondeur de ses analyses.
Pujadas demandant aux Conti de ne pas embêter les patrons, se faisant envoyer sur les roses, c’est vraiment plaisant.
Giordano et ses « ménages » parmi tant d’autres : Sinclair, Ockrent, belles illustrations du mélange des genres, qui se réjouissent de la fin de l’époque Peyrefitte lorsque le ministre de l’information venait expliquer à Zitrone les nouvelles formes de l’information : au moins il y avait moins d’hypocrisies et Val chantait : « rien n’est plus beau que l’autogestion ».
Dans un secteur en crise grave avec des journaux « aux jarrets coupés », des évolutions ont eu lieu, depuis le livre d’Halimi , « les chiens de garde », illustré dans ce montage plaisant. Plenel par exemple ne tient plus tribune commune avec Minc et Colombani. Avec Médiapart, il a ouvert un espace alternatif sur le web, lieu essentiel d’infos, dont il n’est aucunement question dans le film.
Tout bouge rapidement, les têtes de marionnettes devraient se renouveler, pourtant la longévité est la caractéristique dans ces cercles là : Elkabbach et Drucker prêchent la mobilité et Attali les vertus du nomadisme : ils n’ont guère bougé des studios où ils campent.
Le titre est inspiré du livre de Paul Nizan « Les chiens de garde »:
« Que font les penseurs de métier au milieu de ces ébranlements ? Ils gardent encore leur silence. Ils n'avertissent pas. Ils ne dénoncent pas. Ils ne sont pas transformés. Ils ne sont pas retournés. L'écart entre leur pensée et l'univers en proie aux catastrophes grandit chaque semaine, chaque jour, et ils ne sont pas alertés. Et ils n'alertent pas. L'écart entre leurs promesses et la situation des hommes est plus scandaleux qu'il ne fut jamais. Et ils ne bougent point. Ils restent du même côté de la barricade. Ils tiennent les mêmes assemblées, publient les mêmes livres. Tous ceux qui avaient la simplicité d'attendre leurs paroles commencent à se révolter, ou à rire. »
Il y a de quoi rire, mais aussi d’être accablé quand Julliard dont j’apprécie pourtant les éditoriaux se montre tellement d’accord avec Ferry (Luc).
Joffrin fait peine dans une question tellement déférente à Chirac, et comme pour Duhamel, cible très prévisible, ses cumuls nuisent à la profondeur de ses analyses.
Pujadas demandant aux Conti de ne pas embêter les patrons, se faisant envoyer sur les roses, c’est vraiment plaisant.
Giordano et ses « ménages » parmi tant d’autres : Sinclair, Ockrent, belles illustrations du mélange des genres, qui se réjouissent de la fin de l’époque Peyrefitte lorsque le ministre de l’information venait expliquer à Zitrone les nouvelles formes de l’information : au moins il y avait moins d’hypocrisies et Val chantait : « rien n’est plus beau que l’autogestion ».
Dans un secteur en crise grave avec des journaux « aux jarrets coupés », des évolutions ont eu lieu, depuis le livre d’Halimi , « les chiens de garde », illustré dans ce montage plaisant. Plenel par exemple ne tient plus tribune commune avec Minc et Colombani. Avec Médiapart, il a ouvert un espace alternatif sur le web, lieu essentiel d’infos, dont il n’est aucunement question dans le film.
Tout bouge rapidement, les têtes de marionnettes devraient se renouveler, pourtant la longévité est la caractéristique dans ces cercles là : Elkabbach et Drucker prêchent la mobilité et Attali les vertus du nomadisme : ils n’ont guère bougé des studios où ils campent.
Le titre est inspiré du livre de Paul Nizan « Les chiens de garde »:
« Que font les penseurs de métier au milieu de ces ébranlements ? Ils gardent encore leur silence. Ils n'avertissent pas. Ils ne dénoncent pas. Ils ne sont pas transformés. Ils ne sont pas retournés. L'écart entre leur pensée et l'univers en proie aux catastrophes grandit chaque semaine, chaque jour, et ils ne sont pas alertés. Et ils n'alertent pas. L'écart entre leurs promesses et la situation des hommes est plus scandaleux qu'il ne fut jamais. Et ils ne bougent point. Ils restent du même côté de la barricade. Ils tiennent les mêmes assemblées, publient les mêmes livres. Tous ceux qui avaient la simplicité d'attendre leurs paroles commencent à se révolter, ou à rire. »
dimanche 22 janvier 2012
L’histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge.
Je savais que Mnouchkine avait monté la pièce d’Hélène Cixous il y a bien des années déjà (26 ans), alors j’avais pris des billets à la MC2, les yeux fermés.
Mais il s’agit d’une nouvelle version en Khmer surtitrée de trois heures vingt. Après l’entracte, je ne suis pas revenu. J’avais cependant rencontré une autre admiratrice du Théâtre du Soleil qui avait été enthousiasmée par la création de deux fois quatre heures, elle reconnaissait que cette interprétation était un peu raide et didactique. Quant aux anciens élèves que ma femme connaissait qui n’avaient pas d’éléments historiques à leur disposition ils étaient face à une énigme, tant les détours de l’histoire là bas sont compliqués.
La vraie vie du Roi « père du Cambodge » et par ailleurs correspondant du Canard Enchaîné était faite pour être portée au théâtre même avant d’être mise en lumière par des acteurs pour beaucoup orphelins depuis les années rouges. C’est une jeune fille qui interprétait en hurlant le rôle de Norodom.
La démarche de faire jouer cette pièce par les Cambodgiens eux-mêmes est bien sûr sympathique, mais leur jeu m’a paru appuyé, frontal, peu approprié pour évoquer les ambigüités, les finesses du personnage principal surnommé « l’insubmersible ». Celui-ci considérait que la monogamie était monotone, il avait eu sept épouses et quatorze enfants dont cinq ont péri sous le régime khmer rouge.
Ces 25 acteurs et 5 musiciens sur leurs tréteaux ont présenté un travail indispensable pour leur pays dont les habitants à la mémoire ravagée m’avaient semblé si fragiles. Mais pour moi, spectateurs de la MC 2, la barrière de la langue, la complexité des sujets abordés, la longueur de la représentation ont dominé ma bonne volonté.
Mais il s’agit d’une nouvelle version en Khmer surtitrée de trois heures vingt. Après l’entracte, je ne suis pas revenu. J’avais cependant rencontré une autre admiratrice du Théâtre du Soleil qui avait été enthousiasmée par la création de deux fois quatre heures, elle reconnaissait que cette interprétation était un peu raide et didactique. Quant aux anciens élèves que ma femme connaissait qui n’avaient pas d’éléments historiques à leur disposition ils étaient face à une énigme, tant les détours de l’histoire là bas sont compliqués.
La vraie vie du Roi « père du Cambodge » et par ailleurs correspondant du Canard Enchaîné était faite pour être portée au théâtre même avant d’être mise en lumière par des acteurs pour beaucoup orphelins depuis les années rouges. C’est une jeune fille qui interprétait en hurlant le rôle de Norodom.
La démarche de faire jouer cette pièce par les Cambodgiens eux-mêmes est bien sûr sympathique, mais leur jeu m’a paru appuyé, frontal, peu approprié pour évoquer les ambigüités, les finesses du personnage principal surnommé « l’insubmersible ». Celui-ci considérait que la monogamie était monotone, il avait eu sept épouses et quatorze enfants dont cinq ont péri sous le régime khmer rouge.
Ces 25 acteurs et 5 musiciens sur leurs tréteaux ont présenté un travail indispensable pour leur pays dont les habitants à la mémoire ravagée m’avaient semblé si fragiles. Mais pour moi, spectateurs de la MC 2, la barrière de la langue, la complexité des sujets abordés, la longueur de la représentation ont dominé ma bonne volonté.
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