Entre marchands de canons, de béton et celui des Rafales, je croyais tout savoir sur la faible indépendance des médias ; hé bien, l’effet d’accumulation concernant les connivences, l’omniprésence des mêmes « experts » éditorialistes, donne le vertige.
Les responsables de journaux dans les tournantes de la « chefferie » sont ridicules.
Il y a de quoi rire, mais aussi d’être accablé quand Julliard dont j’apprécie pourtant les éditoriaux se montre tellement d’accord avec Ferry (Luc).
Joffrin fait peine dans une question tellement déférente à Chirac, et comme pour Duhamel, cible très prévisible, ses cumuls nuisent à la profondeur de ses analyses.
Pujadas demandant aux Conti de ne pas embêter les patrons, se faisant envoyer sur les roses, c’est vraiment plaisant.
Giordano et ses « ménages » parmi tant d’autres : Sinclair, Ockrent, belles illustrations du mélange des genres, qui se réjouissent de la fin de l’époque Peyrefitte lorsque le ministre de l’information venait expliquer à Zitrone les nouvelles formes de l’information : au moins il y avait moins d’hypocrisies et Val chantait : « rien n’est plus beau que l’autogestion ».
Dans un secteur en crise grave avec des journaux « aux jarrets coupés », des évolutions ont eu lieu, depuis le livre d’Halimi , « les chiens de garde », illustré dans ce montage plaisant.
Plenel par exemple ne tient plus tribune commune avec Minc et Colombani. Avec Médiapart, il a ouvert un espace alternatif sur le web, lieu essentiel d’infos, dont il n’est aucunement question dans le film.
Tout bouge rapidement, les têtes de marionnettes devraient se renouveler, pourtant la longévité est la caractéristique dans ces cercles là : Elkabbach et Drucker prêchent la mobilité et Attali les vertus du nomadisme : ils n’ont guère bougé des studios où ils campent.
Le titre est inspiré du livre de Paul Nizan « Les chiens de garde »:
« Que font les penseurs de métier au milieu de ces ébranlements ? Ils gardent encore leur silence. Ils n'avertissent pas. Ils ne dénoncent pas. Ils ne sont pas transformés. Ils ne sont pas retournés. L'écart entre leur pensée et l'univers en proie aux catastrophes grandit chaque semaine, chaque jour, et ils ne sont pas alertés. Et ils n'alertent pas. L'écart entre leurs promesses et la situation des hommes est plus scandaleux qu'il ne fut jamais. Et ils ne bougent point. Ils restent du même côté de la barricade. Ils tiennent les mêmes assemblées, publient les mêmes livres. Tous ceux qui avaient la simplicité d'attendre leurs paroles commencent à se révolter, ou à rire. »
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