mercredi 25 janvier 2012

Hospices de Beaune.

Avant la visite nous patientons dans la cour, le nombre de visiteurs étant important. Nous prenons le temps de contempler les fameux toits aux tuiles en terre cuite émaillées. Cette polychromie qui identifie le style bourguignon viendrait d’Europe centrale. La Grande salle des « Pôvres », au plafond magnifique, mesure 50 m de long. Les malades couchaient à deux dans les lits disposés de part et d’autre de la partie centrale qui accueillait des tables pour les repas. Le choix de ne percer que de rares fenêtres inaccessibles pour protéger des miasmes extérieurs a joué à l’encontre des intentions hygiéniques.
Dans une salle attenante au cœur de l’Hôtel Dieu, nous pouvons voir la rivière la Bouzaise qui passait sous l’hôpital, elle emportait les déchets.
Au sortir de la guerre de cent ans alors que les « écorcheurs » mercenaires désœuvrés écumaient la région, en 1443, Nicolas Rolin a décidé de construire les hospices: « Je mets de côté toutes sollicitudes humaines et ne pense qu’à mon salut. Désirant par une heureuse transaction échanger contre les biens célestes ceux de la terre qui m’ont été accordés par la bienveillance de Dieu, et de transitoires les rendre éternels, dès maintenant, à perpétuité et irrévocablement je fonde, érige, construis et dote dans la ville de Beaune au diocèse d’Autun un hôpital pour la réception, l’usage et la demeure des pauvres malades » Les locaux garderont cette destination jusqu’en 1971. Sa compagne Guigone de Salins est associée à l’entreprise. Des carreaux portent la trace des liens forts qui les unissaient, le mot « seule » suivi d’une étoile y est inscrit. Ceci peut-il se lire «vous êtes ma seule étoile » ?
Une chapelle, des cuisines, une pharmacie ou plutôt une apothicairerie sont intéressantes : les plantes qui poussaient sur place dans le jardin des « simples » étaient réduites dans les mortiers, distillés dans les alambics. Des pots de verre portent sur leurs étiquettes: « poudre de cloportes, yeux d’écrevisses ». Le jugement dernier de Van der Weyden se déploie sur un polyptyque haut de 2,50 m, long de plus de 5 m dont on peut voir également l’envers. Ces dimensions importantes s’expliquent par la volonté de rappeler aux malades, leur destinée. Les damnés sont toujours les plus expressifs et l’ensemble est impressionnant, un système de loupe permet d’apprécier encore plus finement le travail du maître flamand.

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